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A Lyon, des SDF dorment toujours dans la rue par grand froid

[Fact-checking] Vendredi, la préfecture du Rhône a décidé de ne pas ouvrir un deuxième gymnase à Lyon alors que les températures ont flirté avec les -10 degrés. Le président de l’association de la Fédération nationale des Samu sociaux a décidé de sortir de sa réserve pour dénoncer les imbroglios politiques qui laissent des gens dehors.

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Le gymnase Chanfray héberge des SDF depuis le 3 janvier. Il affiche complet avec 130 personnes accueillies. ©LB/Rue89Lyon

« Toutes les personnes dont nous avons connaissance par le 115, les associations et les maraudes ont une solution de mise à l’abri pour ce week-end », expliquait Xavier Inglebert, préfet délégué à l’Egalité des chances, au Progrès dans son édition du 7 janvier .

Le gymnase Clémenceau (Lyon 7ème) devait ouvrir, en plus du gymnase Chanfray (Lyon 2ème). Toutes les équipes du 115 et du Samu social avaient été prévenues. Elles n’attendaient que l’ouverture officielle vendredi en début d’après-midi pour commencer à orienter les SDF vers ce nouveau lieu.

Et finalement, contre-ordre : la préfecture, en accord avec la Ville de Lyon, a estimé que les « 40 places » libérées ce jour-là suffiraient à accueillir les sans-abri qui faisaient une demande d’hébergement.

Les travailleurs sociaux de l’urgence sociale ont accusé, dans un communiqué, le maire de Lyon, Gérard Collomb, d’avoir bloqué cette ouverture. Mais cette décision a bien été assumée par la préfecture du Rhône, compétente en matière d’hébergement d’urgence.

Tout le week-end, les proches du maire sont montés au créneau (via les réseaux sociaux notamment). À commencer par l’adjointe aux affaires sociales, Zora Aït-Maten, en accord avec l’analyse du préfet à l’égalité des chances, dans un post Facebook :

« Il est apparu que, au fil de la journée [de vendredi], que j’ai suivie de très près en tant qu’adjointe aux Affaires sociales de la Ville de Lyon, les dispositions de mise à l’abri étaient remplies et ne nécessitaient pas une 2ème ouverture. Toutes les personnes désireuses, et c’est la dessus, qu’il nous faut aussi insister, d’être hébergées, le seront sans aucun problème ! »

L’élu socialiste et blogueur Romain Blanchier y est allé également de son post de défense du maire de Lyon.


59 personnes sans-abri repérées par les équipes du Samu social

Mais comme on pouvait s’y attendre, au vu du nombre de personnes sans solution, de nombreuses personnes ont dormi à la rue ce week-end. Et les solutions ne sont pas pour demain.

Deux chiffres sont à retenir :

  • Au cours des trois nuits du week-end passé (vendredi, samedi, dimanche), les équipes du Samu social parties en maraude ont vu 59 personnes différentes dans la rue, à Lyon et Villeurbanne. Autant de SDF qui voulaient se mettre à l’abri mais à qui le Samu social n’a pas pu proposer de places.
  • 1504 personnes ont appelé  le 115 ces quinze dernier jours et n’ont pas pu avoir une place d’hébergement d’urgence (chiffre arrêté au vendredi 6 janvier). Et chaque jour de ce week-end, c’est au moins 260 personnes qui ont accédé au 115 sans avoir de solution.

Ces personnes rencontrées par le Samu social sont sur un bout de trottoir ou au parc Jugan, derrière la gare Part-Dieu, où il y a de nouveau sept tentes plantées. Ce sont les plus visibles, celles que deux équipes de deux personnes peuvent voir entre 19h et 1h du matin, le temps d’une maraude.


Des places d’hébergement ouvertes, en nombre insuffisant

Ces chiffres sont transmis par Jérôme Colrat, Directeur de l’association Alynea, qui gère le Samu social de Lyon. Également président de l’association de la Fédération Nationale des Samu sociaux, il sort de sa réserve habituelle pour sonner l’alarme :

« On est dans une situation désespérée. C’est dur pour les équipes et surtout dur pour ceux qui vivent à la rue ».

Comme bon nombre de responsables associatifs, il salue l’ouverture d’un grand nombre de places sur le territoire. Pour autant, les 100 places de la résidence le Rosa à Givors sont annoncées comme ouverte mais ne sont pas effectives. Le dispositif global d’hébergement d’urgence (places pérennes, plan froid et gymnase) représentent 4902 personnes mises à l’abri, selon les chiffres de ce lundi.

« Oui, l’État a augmenté de façon significative les places d’hébergement mais cela reste malheureusement trop insuffisant. En 2017, nous faut-il encore attendre le drame de morts dans la rue pour réagir et nous mobiliser ?

Le problème est complexe. Oui, c’est à l’État de faire. Mais il ne faut pas crier haro sur l’État. Il ne peut pas faire seul, sans les collectivités et la mobilisation des propriétaires de logements vacants ».

Jérôme Colrat appelle à l’accélération de l’ouverture des structures prévues dans le cadre du plan froid et, à défaut, la mise en service d’un deuxième gymnase. Une pétition dans ce sens a également été envoyée par la Coordination urgence migrants à Gérard Collomb.

Le gymnase Chanfray héberge des SDF depuis le 3 janvier. Il affiche complet avec 130 personnes accueillies. ©LB/Rue89Lyon

#Gérard Collomb

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