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TCL : cinq choses à savoir sur la grève des régulateurs

Depuis lundi 28 novembre, le trafic TCL est perturbé par une grève, le matin et/ou le soir.

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Un métro à la station Hôtel de ville Louis Pradel @ Florian Fèvre

D’un côté, la CGT affirme que la direction remet en cause la sécurité des usagers et détériore les conditions de travail de ses employés. De l’autre, la direction assure faire de la sécurité sa priorité et évoque des revendications incompréhensibles.

Pendant que les deux camps se renvoient la balle, les usagers voient les stations de métros ouvrir plus tard et fermer plus tôt.

1. Qui est à l’origine de ce mouvement ?

La grève est principalement l’œuvre des régulateurs du métro, qui remettent en cause le Règlement de sécurité d’exploitation (RSE) des lignes de métro.

Les agents de lignes et les conducteurs participent également au mouvement mais les principales revendications portent sur la fonction de régulateur.

« Les régulateurs, ce sont les vigies du métro, les donneurs d’ordre. Ils doivent cadencer le réseau et intervenir en cas d’incident » explique Philippe Demaie, le secrétaire général du syndicat UGICT-CGT des TCL.

Ce syndicat, l’UGICT-CGT, est le seul à appeler à la grève. Les trois autres principales organisations, FO, la CFDT et l’Unsa, n’ont pas suivi l’appel.

D’après Keolis Lyon, la société qui gère TCL, seule « une centaine de salariés » sont en grève sur les 4 500 du groupe. La CGT évoque, elle, plus de 200 salariés. Un chiffre qui engloberait la totalité des 41 régulateurs, plus de 90 conducteurs sur les 120 de métros et environ 80 agents de ligne (sur 120 du réseau).

Les « couloirs rapides » du métro lyonnais © Mélany Marfella

2. Quelles sont les raisons de la grève ?

L’UGICT CGT remet donc en cause l’actuel RSE (mis en oeuvre en juin dernier), le règlement de sécurité d’exploitation des lignes de métro. Selon eux, les formations pour devenir régulateur seraient de moins en moins exigeantes. Christian Schwetzoff, secrétaire adjoint du syndicat et régulateur depuis plus de 20 ans, explique :

« C’est un poste très important où on n’a pas le droit à l’erreur. Et la formation dégringole. Au tout début, elle durait six mois. En 2005, on est passé à quatorze semaines. Et au printemps 2016, elle ne s’étalait plus que sur cinq semaines. »

En plus du problème de formation, la CGT reproche à Keolis de vouloir remplacer l’un des régulateurs en cabine (au nombre de trois ou de quatre par cabine) par un autre employé, moins qualifié que les régulateurs.

Pour Philippe Demaie, de la CGT, « c’est comme si, dans un avion, on mettait un stewart à la place du copilote ». Selon la CGT, il est impensable de baisser les normes de sécurité dans le contexte actuel.

Ce conflit entre la CGT et Keolis remonte en fait au printemps 2016. Pour éviter que le syndicat ne perturbe les transports pendant l’Euro, un accord avait alors été signé entre l’organisation et la direction. Cet accord stipulait que, jusqu’au 31 décembre 2016, il n’y aurait que des régulateurs dans les cabines – et que donc aucune personne moins qualifiée ne remplacerait l’un d’eux.

Mais la CGT craint désormais que, dès le 1er janvier 2017, Keolis mette son plan à exécution. C’est pourquoi le syndicat réclame « une habilitation unique », pour faire en sorte seuls les régulateur puissent être aux commandes dans la cabine.

De son côté, Keolis Lyon souhaite respecter le RSE actuel, dans lequel figure cet accord, comme le rappelle son directeur général Pascal Jacquesson :

« Le RSE a été validé par la préfecture. Nous avons respecté l’accord signé au printemps. Depuis juin, il n’y a eu que des régulateurs dans les cabines. Et ils sont quand même en grève ! Ce n’est pas acceptable que ce syndicat remette en cause la sécurité du métro car la sécurité est notre priorité. »

Au delà de la question du RSE et des régulateurs, la CGT reproche à Keolis de détériorer les conditions de travail de ses salariés, notamment des agents de lignes et des conducteurs.

La société n’accorderait pas de pause de 20 minutes tous les 6 heures, déplacerait les jours de repos et changeraient les services des employés tout en les prévenant au dernier moment.

De fausses accusation selon Keolis qui affirme que « ce n’est pas du tout le cas. Nous respectons les règles pour les pauses, les changements de service et les remplacements.  ».

3. Pourquoi n’y a-t-il pas de négociations ?

Le mouvement risque de durer. La CGT déclare vouloir faire « une grève illimitée tant qu’il n’y aura pas eu de retrait du RSE actuel et d’ouvertures de négociations sur les conditions de travail. »

Pour le lundi 5 décembre, une semaine après le début du conflit, la grève prend même de l’ampleur puisque les bus rejoignent le mouvement, pour protester notamment contre « la détérioration des conditions de travail ».

La CGT souhaiterait rencontrer la direction pour renégocier la situation des régulateurs, des agents de lignes et des conducteurs. Mais le directeur général de Keolis souhaite lui respecter les termes de l’accord déjà signé :

« Il y a déjà 50 heures de négociations et 15 réunions à ce propos. Ils font quand même grève. Qu’est-ce que vous voulez que je dise ? »

Un métro à la station Hôtel de ville Louis Pradel @ Florian Fèvre

 

4. La Fête des Lumière sera-t-elle impactée ?

Au syndicat, on assure que la Fête des Lumière n’est « pas une cible ».

Pourtant, si le mouvement continue – et c’est le cas pour le moment – il se pourrait que celle-ci soit perturbée, comme ça a déjà été le cas dans un passé proche.

Keolis trouve « choquant » qu’une organisation syndicale puisse perturber le bon déroulement d’un événement comme celui ci, « alors qu’il a été annulé l’année dernière pour les raisons que l’on connaît ».

> Mise à jour le 11 décembre : Avec un mouvement de grève essentiellement le matin, la CGT des TCL a peu perturbé les festivités. Le syndicat a d’ailleurs symboliquement « suspendu le mouvement » le soir du 8 décembre pour cause de « gratuité ».

Un métro TCL © Mélany Marfella

5. Comment la direction des TCL essaye de limiter l’impact de la grève ?

La CGT affirme que si elle mène ce mouvement, c’est « pour la sécurité de tout le monde » et qu’elle n’attend qu’une chose : « sortir du conflit ». De son côté, Keolis déclare « comprendre le ras-le-bol des usagers ». Bref, chacun est dans son rôle.

La direction des TCL affirme « faire au mieux pour que l’impact du mouvement soit le moins perturbant possible » :

« On a mis en place des navettes de manière à ce que les gens puissent rejoindre le centre ville. On renforce également la présence d’agents sur le terrain et de personnes pour répondre sur la plateforme AlloTCL, afin de mieux guider les usagers. »

Depuis le début du mouvement, les métros A, B et C, D et le funiculaire sont touchés.

Jeudi 1er décembre, par exemple, la ligne D et le funiculaire n’ouvraient qu’à partir de 7h. Les métros A, B et C n’étaient eux accessibles qu’à partir de 8h. Entre 19 et 20h, la ligne C était à l’arrêt et définitivement stoppée à 22h30. Les métros A et B ont fermé leurs portes à partir de 23h.

Lundi 5 décembre, on prend les mêmes absences de service du matin et du soir pour le métro en ajoutant des perturbations pour la ligne C3 lignes C9, C10, C11, 7, 17, 67, 68 sont perturbées de 7h à 8h30. Les infos (peu précises) sont à retrouver sur le site des TCL.

A partir du 14 décembre, changement de stratégie de la CGT : tout circule normalement le matin mais les lignes A, B, C du métro ferment à partir de 23 heures.

En attendant, certains usagers préfèrent en rire.


> Articles mis à jour le 4 décembre à 21h avec les précisions sur le mouvement de grève chez les conducteurs de bus.

> Mise à jour le lundi 19 décembre à 12h, au début de la 4ème semaine de grève.


#CGT

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