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Trente ans après Tchernobyl, des champignons radioactifs en Rhône-Alpes : finie, la cueillette ?

Alors ça aussi, on nous l’enlève ? La balade en forêt pour trouver ce qui servira à faire l’omelette du siècle. Avoir le sentiment d’être le seul à connaître le bon plan, le coin à champignons, avant le passage chez le pharmacien pour savoir si celui avec le chapeau rouge se mange. C’est fini ?

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Trente ans après Tchernobyl, des champignons radioactifs en Rhône-Alpes : finie, la cueillette ?

Des chercheurs de la Criirad (Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité) qui se trouve basée à Valence dans la Drôme, viennent de publier une étude assez flippante.

Trente ans après la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, ils nous annoncent que les champignons de la zone régionale Rhône-Alpes sont porteurs d’une dose notable de radioactivité : le césium 137 est présent dans 95% des échantillons cueillis. Les scientifiques ont ramassé à l’automne 2015 des champignons dans les différents départements. Julien Syren, ingénieur en charge de l’étude, détaille :

« Sur 38 échantillons prélevés, 36 se sont révélés être porteurs de césium 137. La concentration de césium 137 est certes moins importante qu’il y a trente ans, mais quand même supérieure aux normes d’importation des produits en provenance du Japon ».

Accrochez-vous : pour trois d’entre eux, c’est à dire un bolet bai récolté dans le parc naturel du Pilat, mais aussi une chanterelle à tube ramassée dans l’ouest de la Loire et, écoutez-ça, un petit gris du Vercors dans la Drôme, la concentration radioactive est telle qu’elle ne permettrait pas leur importation. Elle est en effet supérieure aux normes fixées par l’Europe, depuis la catastrophe de Fukushima.

Mangez-moi mangez-moi mangez-moi… Ou pas ?

Puis-je encore te manger ?

Comme, on le sait, le nuage nucléaire russe ne s’est certainement pas arrêté à une frontière nette, et les observations réalisées en Rhône-Alpes pourraient se révéler valables pour tout l’est de la France, voire sur l’ensemble du pays.

Julien Syren tente de rassurer :

« S’il s’agit d’une consommation occasionnelle, il n’y a pas de danger, mais une consommation de plusieurs centaines de grammes par an de ces champignons secs peut comporter un risque non négligeable. Surtout si elle est accompagnée de consommation de gibier, comme le sanglier, qui se nourrit aussi de ces champignons ».

Une omelette par an, pas de quoi se réjouir.

Lepoint.fr rapporte l’inquiétude de la Criirad, qui relève un grave manque d’homogénéité des normes en matière de radioactivité. L’Europe avait fixé un taux normé de 600 becquerels par kilo frais après Tchernobyl. Après Fukushima, les Japonais se sont montrés plus sévères et avaient abaissé la norme à 100 becquerels par kilo frais ; l’Europe s’était alors alignée.

« Pour des raisons économiques, l’Europe se prépare pourtant à rehausser ces normes à 1 250 becquerels par kilos frais, dénonce Julien Syren. Elle anticipe un nouvel accident nucléaire et prépare des normes moins drastiques qui permettraient la consommation d’aliments contaminés jusqu’à 1 250 becquerels. »

Bon appétit, bien sûr.


#Environnement

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