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« Après la Toussaint, encore une rentrée sous les gaz à l’école Michel Servet. Et toujours pas de solution ! »

Rue89Lyon publie, sous forme de tribune, une lettre ouverte adressée au vice-président délégué à l’environnement de la Métropole de Lyon, Thierry Philip.

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L'école Michel Servet est située dans le 1er arrondissement à Lyon. © Amélie James

Cette lettre est rédigée par le collectif des parents de l’école Michel Servet, dans le 1er arrondissement, mobilisés contre la pollution automobile que subissent les enfants et le personnel.

N’ayant pas réussi à décrocher un rendez-vous avec Thierry Philip, alors que celui-ci a plusieurs fois évoqué la question par médias interposés, nous, parents de l’école Michel Servet surexposée à la pollution atmosphérique et notamment au dioxyde d’azote, lui adressons une lettre ouverte.

Nous sommes des parents de l’école Michel Servet, dans le premier arrondissement de Lyon. Vous savez, cette école située à la sortie du tunnel où les taux de dioxyde d’azote sont deux fois plus importants que les seuils maximaux recommandés par l’Union Européenne.

Oui, vous le savez sans doute car, dans un contexte où les études établissent de plus en plus clairement la dangerosité de la pollution atmosphérique, le « cas d’école » de Michel Servet a été médiatisé y compris au niveau national.
Vous le savez, enfin, car à défaut d’avoir répondu à nos courriers et demandes de rendez-vous, vous êtes intervenu sur le sujet au cours d’un conseil municipal le 26 septembre dernier ainsi que lors d’un reportage consacré à la question.

Alors, puisqu’apparemment ce problème ne vous semble pas assez important pour que vous accédiez à notre demande de rendez-vous et que vos interventions publiques sur le sujet laissent percevoir un certain mépris à l’égard de notre mobilisation, nous souhaitons faire quelques précisions et rectifier certaines inexactitudes.


« Une étude épidémiologique sérieuse serait nécessaire »

Du point de vue du risque sanitaire, vous dites à qui veut l’entendre que les cas d’asthme sur l’école Michel Servet ne sont pas plus importants qu’ailleurs. Mais ce n’est pas de répéter comme un mantra cette affirmation qui lui donnera la valeur d’une étude épidémiologique sérieuse. Sur quoi vous basez vous ? Sans doute sur les signalements à la médecine scolaire où ne sont recensés qu’une faible partie des cas d’asthmes, bronchites chroniques et allergies, dont les symptômes ont tendance à se développer dans la durée.

Vous devez savoir également ce qu’établissent de nombreuses études récentes concernant la pollution atmosphérique, à savoir que ces effets ne se limitent pas aux problèmes respiratoires, et qu’au fur et à mesure des recherches, on découvre qu’elle a de très nombreuses autres incidences, et notamment sur le cerveau, les cancers, troubles hormonaux et de la fertilité… Nous tenons à votre disposition, si vous le souhaitez, une revue de presse avec de nombreux articles portant sur cette question, comme cet article de Mediapart.


« Une école vraiment normale ? »

La situation de l’école Michel Servet serait donc, selon vous, quasiment normale et l’inquiétude des parents déplacée. Vraiment normale une école qui est privée de sa cour de récréation, de plusieurs salles de classe et de son gymnase depuis la publication de l’étude d’Air Rhône-Alpes ?

Etude Air Rhône-Alpes sur l’école Michel Servet

La cartographie de l’étude Air Rhône-Alpes de mars 2016 montre clairement une zone de dépassement constant des maximales autorisées en termes de dioxyde d’azote (NO2), non seulement sur l’école mais aussi sur le quartier alentour où se trouvent plusieurs accueils de petite enfance. D’ailleurs, lors des pics de pollution, la Ville de Lyon, à défaut de restreindre la circulation automobile, demande aux établissements en question de tenir les enfants confinés.

Vous répétez également au mépris de l’étude menée par Air Rhône Alpes que dans l’école, la pollution due au tunnel de la Croix Rousse est marginale par rapport au reste de la pollution automobile. Manière de dire, peut être, qu’il ne sert à rien d’agir sur la circulation. Pourtant, les conclusions de l’études sont très claires : 40% du dioxyde d’azote sur l’école et le quartier proche est due au tunnel routier, ajout énorme à un fond de l’air déjà très pollué.


« Pourquoi évoquez-vous le tabac à chacune de vos prises de paroles ? »

Bien sûr, notre mobilisation s’inscrit dans une vision plus globale d’une ville moins polluée, mais agir sur des axes forts a des retentissements importants sur le reste de la circulation urbaine. Vous avez d’ailleurs vous même noté que la circulation sous le tunnel a sensiblement baissé ces dernières années suite à la fermeture pour travaux et à l’effet bien connu « d’évaporation » (report sur les transports en commun notamment).

Et puis, est-ce la déformation professionnelle, mais, confronté à cette question de la pollution, pourquoi évoquez-vous le tabac à chacune de vos prises de paroles même lorsque cela n’a rien à voir avec le sujet ? Cette tentative de relativiser la nocivité de la pollution atmosphérique en évoquant les maladies dues à la cigarette nous paraît particulièrement déplacée.

Est-il besoin de préciser que contrairement au fait de respirer, fumer est un choix (que, somme toute, font peu d’enfants scolarisés à l’école maternelle et primaire…) ? Nous vous rappelons aussi que, d’après les dernières études, la pollution de l’air en France s’est hissée au troisième rang des causes de mortalité après le tabac, et quasiment au niveau de l’alcool.


« On va dans le bon sens, mais c’est lent, très lent »

Parce qu’un auto-satisfecit ne fait jamais de mal, vous évoquez la situation exemplaire de la Ville de Lyon, qui sous les mandats de Gérard Collomb aurait, selon votre intervention au conseil municipal du 26 septembre, fait quasiment disparaître le problème de la pollution atmosphérique dans l’agglomération.
Il nous revient donc, au risque de vous décevoir, de vous communiquer les dernières conclusions de l’Institut de Veille Sanitaire classant Lyon dans le peloton de tête des villes les plus polluées de France, dépassant même la Capitale dans ce triste palmarès. Mais, alors que Paris, à l’instar de nombreuses villes européennes se lance dans une politique ambitieuse en terme de réduction de la voiture en ville, Lyon reste très timorée sur la question, rechignant, y compris lors de longues périodes de dépassement des limites préconisées, à en limiter l’usage et à établir la gratuité des transports en commun sur un réseau qui est le plus cher de France.

Il ne s’agit pas pour nous de dire que la Ville de Lyon et la Métropole, ne font absolument rien pour une mobilité plus douce : les Berges du Rhône il y a quelques années, le développement de pistes cyclables ainsi que le prochain déclassement de l’A6/A7 semblent aller dans le bon sens. Mais c’est lent, très lent, et il semble qu’on veuille continuer à ménager la chèvre et le chou : une circulation automobile sans contrainte et des modes doux.
Le Bureau Européen de l’Environnement, lui même, estime qu’il n’y a à Lyon « pas de signe qui montre que les autorités locales ont pris de nouvelles dispositions contraignantes pour réduire le niveau de pollution ».

Effectivement, les scénarii envisagés par la Métropole pour résoudre à la source le problème de la pollution sur l’école Servet à l’échelle d’une quinzaine d’années laissent songeurs. On table uniquement sur des moteurs appelés à devenir « plus propres » d’ici là. Aucune remise en cause d’un nœud routier situé en plein centre ville dans un des zones les plus densément peuplées de l’agglomération, et dont la conception : tunnel, deux fois trois voies, trémies… renvoie aux meilleures heures du tout automobile du siècle dernier.

L’école Michel Servet est située dans le 1er arrondissement de Lyon. © Amélie James


« Aucune action spécifique de la Ville ou de la Métropole pour l’école Michel Servet »

Pourtant, nous, parents d’élèves mais aussi de futurs citoyens de cette ville, à l’instar des questions climatiques dont les leviers d’action sont sensiblement les mêmes, ne nous résignons pas à ce qu’une génération sacrifie la suivante.

Alors que de nombreuses voix au niveau médical évoquent d’ores et déjà un nouveau scandale de type amiante concernant la pollution de l’air, il est difficile d’accepter qu’aucune mesure significative n’ait été prise sur l’agglomération. Et, dans le cas de la surexposition aiguë et quotidienne de notre école Michel Servet, que, malgré de nombreuses promesses, il n’y ait eu, jusqu’à présent, aucune action spécifique de la Ville ou de la Métropole de Lyon, si ce n’est la condamnation de lieux de vie (la cour situé au nord) et de classes de l’école. Même les protocoles d’aération et de balayages humides que vous évoquez n’ont jamais été effectués.

Est-il réellement impossible d’envisager que face à l’apparent droit tout puissant de l’automobile puisse se dessiner un droit des populations les plus sensibles à respirer ? Irréaliste d’aller vers un droit opposable de l’élève à étudier dans un environnement relativement sain ? Et de manière plus générale est-il trop ambitieux pour la Métropole d’aller de manière déterminée vers une réduction drastique de la place de la voiture en ville et un accès facilité aux autres formes de mobilité ?

Tout cela pour vous signifier, Monsieur Philip, ainsi qu’à l’ensemble des élus de la Ville et de la Métropole de Lyon, notre détermination à ce que vous vous saisissiez de la question qui, clairement, demande plus de sérieux que de dérision. Nous sommes absolument disposés à en discuter avec vous, ainsi que des solutions qui peuvent se dessiner. Nous restons persuadés que la santé de vos concitoyens, et a fortiori les plus fragiles, vous préoccupe, reste à prendre réellement la mesure du problème et à se fixer des objectifs ambitieux. Courage, il y a urgence !

> Mise à jour lundi 14 novembre à 10h30 :

Thierry Philip rappelle que, depuis 2014, il a eu quatre réunions avec les parents d’élèves :

« Ils peuvent me joindre soit en Mairie du 3e, soit à la Métropole. (…) Je n’ai rien à ajouter par rapport à mon intervention au Conseil Municipal. Je suis tout à fait disposé à expliquer cela aux parents ».


#Pollution

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