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Rue89Lyon a cinq ans, ou le média local sous l’ère Trump

Alors que ce 9 novembre 2016, nous célébrons les cinq ans d’existence de Rue89Lyon, nous nous posons spécialement la question de notre rôle à jouer dans le jeu démocratique local. C’est le moment pour causer avec vous de notre ligne éditoriale, d’envies et d’obligations que nous devons sans cesse réajuster à l’aune de l’actualité et de notre réalité économique.

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Rue89Lyon a cinq ans, ou le média local sous l’ère Trump

Ce 9 novembre 2016 est une date particulière pour notre média et, dans d’autres proportions, pour le monde dans lequel il évolue. L’ère politique Trump a démarré bien avant l’élection de ce jour et bien avant l’ascension du Républicain à la tête des États-Unis. Elle ne repose pas sur la seule personne de « Donald » pas plus qu’elle ne se limite aux frontières de son pays.

En tant que média local et au sein du territoire que nous couvrons, nous la reniflons et tentons de l’analyser souvent.

Ces dernières semaines, ceux des médias américains inscrits dans une très ancienne et solide tradition journalistique de « neutralité » ont décidé de la rompre, à l’occasion de la campagne électorale américaine. Et ils se sont engagés pour… Hilary Clinton, donnée gagnante par eux tous et qui, comme on le sait désormais, a finalement perdu.

Désormais, les mots ne sont pas assez forts pour décrire cette victoire comme celle du « populisme », de « la bêtise », de la simplification de la réalité, du racisme, de la misogynie etc. etc. -et le clavier qui ne fonctionne plus, forcé de frapper tous ces gros mots.

En tant qu’observateurs de la vie politique locale non exempte de certaines de ces tares (à plus ou moins grosse dose), on se demande jusqu’à quel point la victoire de Donald Trump va renforcer les pulsions centrifuges chez les élus et aspirants. Car elle ne manquera pas de le faire.

Où l’on reparle de Laurent Wauquiez (quoi, encore ?)

Prenons l’exemple le plus observé sur le territoire depuis bientôt un an et rappelons que Laurent Wauquiez, numéro 1 du parti français Les Républicains et président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, avait consenti à Donald Trump de vraies qualités politiques, inspirantes pour lui, sans en faire toutefois « un modèle ».

Dans un communiqué publié ce matin, le président de région a sobrement pris acte de la victoire de Donald Trump, l’envisageant comme un prochain interlocuteur en cas de victoire du candidat de la droite en 2017, à la présidence de la République.

La trumpisation du propos politique ou, en tout cas, sa radicalisation, est un phénomène que l’on relève chez un petit paquet d’élus ou de figures locales qui la choisissent de façon cynique et/ou pragmatique, comme axe de com’ et de marketing politique très fructueux.

Donald Trump leur donne raison et nous oblige à nous positionner. Quelle attitude adopter ? Celle du combat ? De l’analyse distanciée qui continue à laisser ouvertes toutes les portes ?

« Bien-pensants » et autres postures

Le journal Le Monde, comparable à certains de ces gros médias américains prônant la neutralité, a récemment annoncé qu’il ne publierait aucune tribune de Marine Le Pen, présidente du Front national, dans le cadre de la campagne électorale qui démarrera bientôt en France.

Objectif : la « prendre au mot » pour enrayer sa stratégie de banalisation.

Est-ce le bon choix ? La candidate du parti d’extrême droite déjà largement annoncée au second tour des élections présidentielles pourra dénoncer l’exclusion dont elle est victime, tout comme Donald Trump a dénoncé les partis pris de la presse américaine, accusée de malhonnêteté.

On parie que Marine Le Pen conservera sa posture dans tous les cas, avec ou sans la possibilité de s’exprimer dans Le Monde et les autres médias « bien-pensants ». Ceux que ces candidats (et l’un d’eux a transformé l’essai ce jour) associent à l’establishment, contre lequel les électeurs ont sans doute voté aussi.

Rue89Lyon a toujours montré sa volonté non pas de neutralité mais d’intransigeance. L’enjeu de l’indépendance est fort pour la presse locale, proche dans son quotidien des acteurs politiques et économiques du territoire.

Putain, cinq ans

Ce 9 novembre 2016, nous réaffirmons notre volonté de tenir un propos progressiste (si l’on doit y aller toujours fort sur les gros mots), non partisan, qui s’appuie sur l’analyse, le témoignage, sur un ton que l’on s’autorise décalé, ouvert aux apports non journalistiques émanant des nombreuses sources aujourd’hui disponibles.

Rue89Lyon a donc cinq ans aujourd’hui. Nous poursuivrons notre travail éditorial qui étend nos allées et venues à travers Lyon et son agglo, mais nous balade aussi de Genève où l’on a rencontré les partis populistes les plus inquiétants, à l’Auvergne avec les nouveaux contours de la région, en passant par Grenoble et sa vie politique mouvementée.

Nous ouvrirons bientôt un blog avec les étudiants en journalisme de Sciences-Po Lyon, dans lequel nous reprendrons le principe des portraits d’électeurs, afin d’aller à votre rencontre et de vous demander comment et pourquoi vous votez -ou ne votez pas.

Rue89Lyon a réussi à atteindre l’équilibre économique en 2015 et en 2016 ; il s’agit pour autant toujours d’une micro rédaction locale en constante tension entre ses moyens et sa forte ambition. Le site d’info porte la marque nationale Rue89 mais appartient à une SARL lyonnaise, détenue en majorité par deux journalistes co-fondateurs.

Nous comptons donc mener notre travail en l’interrogeant davantage. Nous espérons ne pas naviguer dans un entre-soi, en ouvrant le meilleur espace de débat de la ville et de la région, par le biais de ce site ou encore des réseaux sociaux, où l’on se croise souvent. À tout à l’heure donc !

 


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