Pour son numéro d’automne et sur son site, le magazine « Village » sort un dossier sur « les vignerons naturels ».
Une manière de partir à la rencontre de quelques représentants du millier de vignerons qui produisent, en France, du vin naturel « sans intrant, de la culture de la vigne jusqu’à la vinification ».
Le journaliste Stéphane Perraud a fait un petit tour de France.
Il a rencontré Benoît Courault en Anjou qui laboure ses vignes avec deux chevaux. Sommelier avant de basculer dans la vigne, celui-il a les bons mots pour convertir les amateurs de vin au nature :
« Il faut réapprendre à boire, oublier les habitudes gustatives imposées par la chimie et revenir aux fonda- mentaux. Le vin, c’est du jus de raisin fermenté. On doit retrouver le goût du fruit. Et celui du terroir, car chaque parcelle possède un sol différent. Accepter aussi que les cuvées changent d’une année sur l’autre en fonction de la météo. Le vin est un produit vivant. Pourquoi chercher à le corriger, l’aseptiser, l’uniformiser ? »
Dans le Jura et dans le Beaujolais, « Village » fait témoigner des vignerons qui ont repris des vignes en conventionnel. Ils expliquent les techniques pour retrouver un sol vivant.
Comme Céline Gormally, installée depuis 2008 dans le Jura :
« Ma première vigne avait subi beaucoup de traitements et le sol se cassait la figure », se souvient-elle. Pour lui redonner richesse et vitalité, elle opte pour la technique de la bouse de corne. Elle garnit des cornes de vache avec de la bouse et les enterre à l’automne pour qu’elles fermentent tout l’hiver. Au printemps, elle récupère une préparation brune qu’elle épand, diluée, dans ses vignes. « Cela favorise l’activité microbienne et la formation d’humus. Le sol redevient souple », explique-t-elle.
« Village » donne également la parole à Antonin Iommi-Amunategui, coproducteur du salon Rue89Lyon des vins naturels. Il explique le « succès » de cette manière de produire du vin « plus bio que bio » :
« Si l’on n’hérite pas d’un domaine familial, il est impossible de se lancer en viticulture. Le foncier est introuvable ou inabordable. Sauf en vin naturel où l’on peut travailler avec quelques hectares seulement. Les producteurs s’entraident. Ils s’échangent ou se prêtent des parcelles… On ne retrouve pas ça en viticulture conventionnelle. Un vigneron naturel qui travaille bien se fera vite connaître par le bouche-à-oreille et pourra vendre toute sa production, sans être obligé de brader son vin dans les supermarchés ».
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