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Un collège construit rapido dans Lyon 8è : « Plus besoin d’architectes ? »

L’expression d’une indignation a gonflé sur les réseaux sociaux et les explications de l’autorité publique ont été données par la même voie.

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Maquette du futur collège qui verra le jour dans Lyon 8è. DR

L’objet de la discorde ? Un collège, tout nouvel établissement qui doit voir le jour sur un terrain situé en face du 19 rue Cazeneuve, à Lyon, dans le 8è arrondissement.

Maquette du futur collège qui verra le jour dans Lyon 8è. DR

En récupérant la compétence des collèges au 1er janvier 2015, la Métropole de Lyon s’est penchée sur la question du manque de ce type d’établissements scolaires sur son territoire, aussi sec. Une bonne chose. Et le 8è arrondissement, sous pression démographique, a donc bénéficié du diagnostic. Très vite a été annoncé le projet d’un nouveau collège, pour 500 élèves.

Le permis de construire doit être déposé dans le courant de ce mois d’octobre, le chantier démarrant assez vite dans la foulée, pour une ouverture promise pour la rentrée de septembre 2017. Difficile de faire plus express.

La Métropole se vante de la performance. Lors d’une réunion publique organisée avec les habitants du 8è, Eric Desbos, conseiller délégué à la Métropole en charge des collèges, s’est félicité :

« Le Grand Lyon s’engage sur un projet rapide, de qualité, à la hauteur limitée, dans un secteur bien desservi par le tramway. Un procédé classique, c’est six ans au lieu d’un, et 18 millions d’euros au lieu de 9 millions d’euros. Il n’y aura pas de fondation, donc peu de poussière et de béton. Les éléments arriveront sur de gros poids lourds et nécessiteront des travaux de grutage et d’assemblage. »

La méthode écarte tout appel d’offre et implique un travail « en interne », au sein des services de la Métropole. De quoi faire tousser, chez les architectes.

« Un planning à faire pâlir n’importe quel maître d’oeuvre »

Marine Simoes, justement diplômée en architecture et médiatrice culture au sein de « Chic, de l’Archi » (collectif itinérant d’architectes et d’enseignants lyonnais) multiplie les appels du pied auprès des élus pour comprendre et se fend d’une charge sur son compte Facebook, qui a résonné depuis sa publication :

« Personne ne conteste les classes surchargées, évidemment. On a envie de se dire que c’est génial. Mais voilà : pour faire vite et pas cher, la Métropole a décidé de « piloter la conception en interne ». Pas de concours donc, encore moins de concertation…

On nous propose un processus de construction modulaire sans fondation, économique et surtout un planning à faire pâlir (ou mourir de rire ?) n’importe quelle équipe de maitrise d’oeuvre. »

Elle ajoute :

« Il me semble donc judicieux de rappeler aux responsables de notre Métropole les premières lignes de la loi de 1977 sur l’architecture :

« La création architecturale, la qualité des constructions, leur insertion harmonieuse dans le milieu environnant, le respect des paysages naturels ou urbains ainsi que du patrimoine sont d’intérêt public. Les autorités habilitées à délivrer le permis de construire ainsi que les autorisations de lotir s’assurent, au cours de l’instruction des demandes, du respect de cet intérêt. » »

Un nouveau « collège Pailleron » à Lyon ?

Le motif économique avancé par la collectivité fait sens mais il n’empêche pas quelques voix de s’élever. Pour beaucoup, la flash-construction de ce nouvel établissement scolaire évoque les tristement célèbres collèges Pailleron, montés rapidement et à moindre frais. Certains ont brûlé (le premier en 1973 à Paris, provoquant 20 morts).

Jean Marie Schléret, président de l’Observatoire national des sécurité des établissements scolaires, estimait :

« Dans ce type d’établissements, les fumées toxiques se déplacent très vite dans les faux-plafonds. La structure quant à elle ne résiste pas plus de 20 minutes à un feu, estimait  Mais ces constructions ne sont pas plus dangereuses que celles des collèges classiques. Quel que soit l’établissement, il est impossible d’arrêter un bâtiment de brûler ».

Aux interrogations qui n’ont pas manqué de pleuvoir, la mairie du 8è a donné un calendrier, via son compte Facebook :

« Les travaux de terrassement et de réseaux s’achèveront en décembre 2016. Les travaux de construction, avec des éléments modulaires, s’étaleront de février à juin 2017. L’installation du mobilier et les finitions seront réalisées à l’été 2017. »

À une habitante de l’arrondissement qui regrette le « joli parc promis à cet endroit » de la rue Cazeneuve, le community manager de la mairie d’arrondissement répond, avec le « bien cordialement » de circonstance :

« Le site du 19 rue Paul Cazeneuve étant immédiatement disponible, il a été choisi afin de gagner du temps et de permettre d’accueillir les élèves dans de bonnes conditions au plus vite. Bien cordialement. »

Pour Marine Simoes, des questions restent en suspend, qui concernent les architectes mais un peu au-delà aussi :

« Qu’en est-il de la commande publique ? Qu’en est-il de la reconnaissance de nos métiers et compétences ? Et je ne parle pas que des architectes mais de tous les acteurs de la construction du cadre de vie. Et surtout qu’en est-il de la qualité urbaine et architecturale (et donc de la qualité de vie) que l’on souhaite proposer aux jeunes lyonnais-es ? »

 

 

 


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