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Rassemblements et pétitions après les propos de Laurent Wauquiez sur les migrants de Calais

Après des responsables politiques de gauche, c’est au tour des associatifs de signifier  à quel point ils sont remontés contre le président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes.

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Rassemblements et pétitions après les propos de Laurent Wauquiez sur les migrants de Calais

Les propos de Laurent Wauquiez exprimant son refus ferme d’accueillir sur le territoire d’Auvergne-Rhône-Alpes les migrants du camp de Calais n’en finissent pas de faire réagir. Bien que l’élu nait pas de compétence en la matière sur son territoire.

Ces derniers jours, les actions des militants associatifs se multiplient, en provenance de différents horizons.

1. Appel à gravir le Mont Mézenc

Tout est dans le symbole. A chaque rentrée, Laurent Wauquiez réunit ses partisans pour gravir le Mézenc.
Pour contester ses propos sur les migrants de Calais, des associations et collectifs d’Auvergne (notamment Nuit Debout, RESF 43, La Cimade, la LDH) ont lancé un appel pour se réapproprier l’ascension du point culminant de la Haute-Loire.

« Au nom de la Dignité, de la Justice et de la Fraternité, nous appelons à refuser toute incitation à la haine et au rejet de l’autre. »

« L’Appel du Mézenc » fait référence à la tradition d’accueil des habitants du plateau Vivarais-Lignon et plus précisément du Chambon-sur-Lignon, « qui naguère furent l’honneur de la région ».

« De tous temps et en tous lieux, l’accueil de ces hommes et de ces femmes qui fuient les persécutions, la guerre, la misère, les désastres environnementaux, est un acte d’humanité et un impératif moral ».

Le rendez-vous était donné le 23 octobre, aux Estables pour gravir le Mont Mézenc après un « pique-nique fraternel ».

Ils ont été près de 2000 personnes à se rassembler.

2. Un rassemblement mercredi 12 octobre, place des Terreaux

La Coordination Urgence Migrants s’associait au Cercle de silence pour organiser un rassemblement mercredi 12 octobre à 18h.
Comme en mai 2015, ils appellent à un meilleur accueil des migrants.

Créé à Toulouse en 2007 par des frères franciscains, le mouvement Cercle de silence a aujourd’hui gagné plus de 200 villes en France et à travers l’Europe. Depuis neuf ans, quelques dizaines de personnes se réunissent une fois par mois à Lyon.

Quant à la « Coordination  Urgence migrants », elle a été fondée notamment par Bruno-Marie Duffé, vicaire épiscopal « Famille, Santé, Société » du diocèse de Lyon agrège des individus et des organisations catholiques (comme le Secours catholique) et protestantes mais aussi non-confessionnelles (comme la Ligue des droits de l’Homme, RESF ou CLASSES).

Dans leur communiqué commun, les deux mouvements disent ne pas pouvoir « rester sans réaction face à une telle prise de position publique, véritable provocation vis à vis des citoyens et des collectifs, de toutes tendances politiques et philosophiques, qui, rassemblés ou non autour de la Coordination Urgences Migrants (réseau de 14 associations et 1800 signataires de l’appel citoyen lancé en 2015 par la CUM) participent déjà ou souhaitent participer à la mise en place d’une politique d’accueil digne et responsable dans notre région ».

Selon les organisateurs, environ 800 personnes se sont réunies.

3. Deux pétitions lancées

Lundi 10 octobre, c’est une pétition qui a été lancée par Le Réseau Démocratie et Politique (RDP), dont le président est Paul Raveaud, proche de la maire du 1er arrondissement de Lyon et de son mouvement, le Gram.

Le Réseau Démocratie et Politique (RDP) se définit comme « une association citoyenne de la région qui a pour objectif de concourir à une revitalisation du débat public ».
La pétition est adressée aux maires de la région :

« Le  président de la région Auvergne Rhône Alpes vous invite à entrer en résistance avec L’État, lorsque celui-ci vous sollicitera pour accueillir des réfugiés (…) Qui est-il pour se permettre de telles transgressions avec les règles de droit et les valeurs de l’humanisme ? (…)
Envisagez cet accueil comme une chance pour ces familles en fuite mais aussi pour vos territoires. »

Au même moment, une autre pétition a été mise en ligne par le conseiller régional Stéphane Gemmani (Cap 21/société civile), qui siège au sein du groupe SDEA (socialistes et apparentés). Il appelle les habitants de la région a montré « leur désapprobation face aux propos tenus par Laurent Wauquiez ». Cette démarche se positionne comme une contre-communication :

« A l’heure et en parallèle de la Région Auvergne-Rhône-Alpes qui dévoile « un nouveau logo », une démarche, un hashtag (#AuraForRefugees) et une pétition démarre afin de contrer la pétition anti réfugiés de Laurent Wauquiez, qui donne une image détestable à notre territoire, et que seul « un nouveau logo » ne peut faire oublier. »

 

4. Une lettre ouverte des associations

Médecins du Monde, La Cimade Rhône-Alpes et la FNARS ont rédigé une lettre ouverte le 27 septembre.
Se présentant comme un « collectif d’associations qui œuvrent au quotidien pour l’accueil, l’accompagnement et le soin des personnes étrangères et migrantes en région Auvergne- Rhône-Alpes », ces associations veulent « témoigner » de leur « vive préoccupation » :

« Nous avons du mal à comprendre le sens de votre positionnement. Vous vous présentez comme le gardien de la nation contre une immigration clandestine. Mais la question aujourd’hui ne se pose pas en ces termes. Il ne s’agit pas de désigner lesquels d’entre ces individus seraient légaux ou illégaux. Il s’agit de savoir comment soutenir et accompagner des personnes qui ont été contraintes de prendre la route pour sauver leur vie. »

Les signataires de cette lettre ouverte essaye de se placer sur un plan politique :

« Notre pays ne peut réfléchir à sa politique migratoire sans réfléchir à sa propre implication dans le contexte local qui pousse les personnes à fuir. Sans cette analyse, il devient effectivement bien plus difficile de comprendre les enjeux, et de proposer des solutions justes et constructives ».

5. L’indignation du Secours Catholique

Le 16 septembre, le Secours Catholique a lancé « un appel public national à destination des élus » pour « exprimer son indignation devant ces appels de responsables politiques qui s’opposent au droit et renient les valeurs d’hospitalité et de solidarité ». Le principal élu visé se nomme Laurent Wauquiez.

« Les milliers de migrants contraints de vivre dans la rue en France, ou dans la « jungle de Calais », sont les symptômes de l’incapacité de notre pays à gérer de manière efficace l’accueil, l’hébergement et l’accompagnement des demandeurs d’asile sur l’ensemble du territoire ».

Et le Secours Catholique d’appeler ses 68 000 bénévoles et « les communautés chrétiennes », à se mobiliser auprès de leurs élus « pour encourager les mesures de solidarité ».

Une des photos de Mathieu Pernot affichée au CHRD lors de l’expo sur les migrations « Rêver d’un autre monde » ©Mathieu Pernot/Les Migrants, 2009.

> Article mis à jour le 28 octobre avec les chiffres des personnes réunies place des Terreaux le 12 octobre et au Mézenc le 23 octobre, et avec la pétition lancée par le conseiller régional Stéphane Gemmani.


#Laurent Wauquiez

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