Sans en faire directement la promotion, les services de la Métropole ont commandé une étude sur le positionnement de Lyon par rapport aux autres métropoles européennes. Surprise : « l’agglomération de Lyon est de dimension européenne ».
Cette rentrée de septembre n’est pas simplement marquée par son soutien encore plus actif à Emmanuel Macron. Le maire de Lyon n’oublie pas ses rêves de grandeur européenne pour Lyon et sa métropole. Au cœur de la Part-Dieu en pleine rénovation, au pied du futur immeuble Silex 1 en plein chantier et de la future « skyline » qu’il souhaite voir pousser depuis longtemps, il redisait le 30 août dernier lors de sa visite de rentrée le « bond considérable » effectué par Lyon, « 25e au classement et dans les 10 aujourd’hui » des métropoles européennes. Bien qu’on ne sache pas vraiment de quel classement il était question.
Le 4 septembre dernier, Lyon était récompensée aux World Travel Awards comme « meilleur destination week-end en Europe ». Une récompense due en partie à de réelles améliorations dans l’accueil des touristes mais aussi à la task force d’OnlyLyon qui a su mobiliser des relais, anonymes ou VIP, pour « viraliser » le soutien à la candidature lyonnaise.
? #Lyon vient d’être élue meilleure destination européenne aux World Travel Awards ! Merci pour votre mobilisation ! pic.twitter.com/gK5d61wvvS
— Gérard Collomb (@gerardcollomb) 4 septembre 2016
Rien n’est trop beau pour placer Lyon dans le concert des villes européennes qui comptent. Un peu plus tôt, le 2 septembre, quand est lancée la navette électrique sans chauffeur à Confluence il s’agit « encore d’une première mondiale » pour le maire de Lyon.
⚡️? Encore une première mondiale à #Lyon : voici #Navly, une navette électrique autonome qui dessert la Confluence ! pic.twitter.com/iw08HVMIPV
— Gérard Collomb (@gerardcollomb) 2 septembre 2016
Sauf que des navettes électriques autonomes transportant du public, il y en a déjà en circulation en Finlande ou pas très loin de Lyon, en Suisse, à Sion précisément. Et même en France, dans la centrale nucléaire de Civaux mais simplement à l’intérieur du site à destination des employés.
Une dimension européenne pas évidente en 2012 pour l’État
Ce mercredi matin une autre salve a été envoyée pour évoquer Lyon sur la scène européenne. Cette fois sans tambour ni trompette de la part de la Métropole ou de Gérard Collomb mais dans un timing parfait. L’agence d’urbanisme de Lyon, en partenariat avec l’INSEE Auvergne-Rhône-Alpes, a communiqué les résultats d’une étude visant à situer Lyon « au regard des métropoles européennes ».
Elle nous le dit en titre : « l’agglomération de Lyon est de dimension européenne ».
Pas vraiment un hasard non plus puisqu’il s’agit d’une « commande de la Métropole » a indiqué en préambule Olivier Roussel, directeur “Approches et stratégies métropolitaines” à Urbalyon.
Une étude qui viendra certainement appuyer le discours de Gérard Collomb et ses rêves d’être l’égal de Barcelone ou Milan un jour. De la même manière que l’étude de l’économiste Laurent Davezies venait appuyer son propos sur les bienfaits des métropoles pour les territoires avoisinants par un effet redistributif.
Gérard Collomb la trouvera sûrement rassurante en premier lieu. En effet, ce n’est pas ce que disait dans une étude de l’été 2012, la Délégation interministérielle à l’aménagement du territoire et à l’attractivité régionale (DATAR) qui classait même l’agglomération lyonnaise dans un deuxième groupe de métropoles de taille moyenne, derrière les 26 premières métropoles européennes. Ce qui faisait dire à Bernard Constantin, professeur à Sciences-Po Lyon, dans les Potins d’Angèle du 23 mai 2014 :
« Si Lyon veut effectivement devenir une véritable métropole de dimension européenne, le périmètre du Grand Lyon ne suffit pas ».
Dans cette étude, les deux organismes ont comparé 66 agglomérations européennes de plus de 500 000 habitants. Avec deux périmètres retenus au niveau européen : l’agglomération, qui correspond aux intercommunalités pour la France (donc la Métropole de Lyon ici) et la zone urbaine fonctionnelle, un périmètre plus large que la Métropole (mais moins étendu que l’aire urbaine de Lyon).
Avec un regard tout particulier (tiens-tiens) porté sur les métropoles auxquelles le maire et président de la Métropole fait parfois référence : Barcelone, Munich, Turin, Amsterdam, Manchester ou encore Copenhague.
Lyon, une agglomération plus jeune et qui aime la voiture
Il y a d’abord quelques constats. L’agglomération de Lyon est moins densément peuplée que la moyenne des autres agglomérations européennes comparables, 520 habitants au km² contre 600 en moyenne. Et, à l’image du reste du pays, elle présente une tendance à la périurbanisation. La couronne lyonnaise gagne des habitants plus vite que la ville centre. Une différence par rapport aux agglomérations allemandes ou suédoises, note ainsi l’INSEE.
Cette situation a notamment pour conséquence que la grande majorité des déplacements domicile-travail se fait en voiture dans l’agglomération lyonnaise. Si Gérard Collomb vantait encore il y a quelques jours la progression du trafic vélos dans Lyon, la ville et son agglo sont loin de Copenhague où « plus d’un tiers de ces déplacements se font à vélo » . Ou même, en termes de mode doux, de Barcelone où 25 % des trajets domicile-travail se font à pied selon l’INSEE.
L’agglomération de Lyon est en revanche une des plus jeunes des grandes métropoles européennes. Elle présente ainsi un indice de jeunesse de 1,8 ce qui signifie qu’elle compte 180 jeunes âgés de 0 à 19 ans pour 100 personnes âgées de plus de 65 ans. C’est d’ailleurs le ratio le plus élevé parmi les treize métropoles « amies » de Lyon. Elle est la 16e agglomération européenne par son nombre d’étudiants qui étaient 138 000 en 2011.
Dans l’agglomération, il y a également davantage d’actifs que la moyenne dans les grandes agglomérations européennes (79 % parmi les 20-64 ans contre 76 %). Étant entendu que les actifs représentent les personnes en emploi et en recherche d’emploi. Le taux de chômage, selon les données harmonisées d’Eurostat pour 2011, est en revanche plus élevé que la moyenne de ces agglomérations européennes (13 % contre 11%).
Pas de logique de palmarès dans cette étude et qui, au regard des critères retenus, semble faire de Lyon une agglomération européenne (de sa taille) comme une autre. C’est déjà peut-être une victoire pour son président.
Chargement des commentaires…