Carrefour Écully, 10h ce matin. Une vingtaine d’agriculteurs, venus de plusieurs départements limitrophes ont répondu à l’appel de la Fédération nationale bovine (FNB), filiale spécialisée de la FNSEA. Abandonnant leurs exploitations le temps d’une journée, ils ont protesté devant Carrefour à Ecully, contre la politique d’achat de l’enseigne.
« Achetez votre viande ailleurs ». Le message est clair et trône sur une des façades du magasin. Par le biais d’affiches et de tracts distribués aux consommateurs, les éleveurs bovins ont appelé à boycotter la marque Carrefour « tant que les marges ne seront pas respectées ».
« Depuis 20 ans, le prix auquel je vends ma viande n’a pas augmenté »
Depuis plusieurs mois, ces éleveurs tentent de se faire entendre. En vain, disent-ils. Par cette action qui se veut spectaculaire, ils espèrent obtenir l’instauration d’une logique commerciale « se rapportant au coût de production du bétail ».
En clair, ces agriculteurs demandent aux enseignes de revoir leur prix d’achat de la viande afin de couvrir, au moins, leurs propres coûts de production. La coopérative Système U s’est d’ores-et-déjà engagée à revoir son prix d’achat, en signant l’accord « cœur de gamme ». Carrefour, cependant, « refuse toute négociation », selon les agriculteurs mobilisés.
Parmi eux, Alexandre Coudour, éleveur de bovins allaitants charolais et représentant du secteur bovin des Jeunes Agriculteurs de Loire. Venu de Saint-Forgeux Lespinasse, dans le département de la Loire pour manifester. Il déplore les évolutions du métier :
« Depuis 20 ans, le prix auquel je vends ma viande n’a pas augmenté. Mais mes charges et mes produits comptables ne cessent de grimper, par contre ! On doit pouvoir au moins couvrir nos charges ».
Un sentiment largement partagé par l’ensemble des agriculteurs présents, dont Laurent Courtois, président de la section bovine de la FDSEA du Rhône :
« Dans nos exploitations, on ne s’y retrouve plus, on s’appauvrit de jour en jour. Aujourd’hui, Carrefour est le distributeur qui nous achète le plus de quantités. Malgré cela, on appelle les gens à aller acheter leur viande ailleurs ».
En ciblant une enseigne telle que Carrefour, les éleveurs espèrent pouvoir imposer la démarche « cœur de gamme » à l’ensemble de la grande distribution.
Accord signé, rémunérations revues
Après une journée de mobilisation, les agriculteurs ont finalement obtenu gain de cause.
Accord Coeur de gamme signé par @CarrefourFrance la responsabilité l’emporte, une nouvelle ère pour la filière bovine?
— FNB (@EleveursBovins) 7 septembre 2016
Carrefour a accepté de signer l’accord « cœur de gamme » s’engageant donc à :
- « Présenter dans les rayons de tous ses magasins au moins 50% de « cœur de gamme », autrement dit de la viande provenant de bovins spécifiquement élevés pour leur viande et pas des vaches « de réforme », des vaches laitières trop âgées pour donner du lait », comme l’a expliqué Jean-Pierre Fleury, président de la FNB à l’AFP.
- Revoir le prix d’achat de la viande en fonction des coûts de production des éleveurs
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