1. Le scénario 4-3-3 jusqu’au-boutiste
Imaginons, ou tentons seulement d’imaginer. Les Gones achèvent une préparation aboutie, tranquillisés par leur qualification directe en Ligue des Champions. Ils tombent sur un groupe de haut vol (disons La Juve, le FC Séville et le Dinamo Zagreb, par exemple) mais débutent bien la Ligue 1.
Deux victoires, dont l’une probante, pour les deux premières journées, puis crac. Dès le troisième match, l’OL montre un visage affreux, à faire passer décembre 2015 pour une période faste, et repart de Dijon sonné, avec Lacazette et Fékir blessés.
C’est bon, vous avez le tableau ?
Admettons maintenant que les deux blessures soient sans gravité (bien que l’histoire récente nous hurle le contraire au visage, à grands coups de « Gourcuff » ; « Grenier » ; « Delgado » ou plus douloureux encore, « Fofana ») mais que la série noire s’enclenche.
Bruno Génésio pourrait alors être tenté de… ne rien changer.
Absurde ? Stupide ? Pas tant que ça. Au début de la saison 2010-2011, l’OL de Claude Puel, demi-finaliste en titre de la Ligue des Champions, balbutie son football au point de sombrer jusqu’à la 17ème place du classement un soir de derby maudit (7ème journée, 1 seule victoire depuis le début du championnat).
Caractéristique de cette période ? Un onze de départ fluctuant, entre blessures, concurrence mal gérée et impression d’improvisation totale.
Il faudra attendre des choix forts (retour au 4-3-3, si possible avec Gourcuff, la charnière Cris-Lovren, Réveillère en pleine forme et Lisandro ailier gauche) et l’instauration d’un onze stable pour voir revenir les résultats, et même parfois du fond de jeu. L’OL termine 3ème et expédie Monaco en Ligue 2 lors de la dernière journée.
Comme quoi on ne change pas une équipe qui gagne. Ou qui perd. En fait, ça dépend.
Lopes, Gonalons, Darder et Lacazette sont incontournables. Mapou fait figure de taulier en défense en attendant mieux, et la concurrence est trop (Mammana) ou pas assez (Morel) jeune face à Nkoulou.
Morel, comme latéral gauche, est surpassé par Rybus, qui montre des aptitudes offensives intéressantes. Rafael, malgré son match calamiteux contre Dijon, profite de la difficulté de Jallet à revenir à son meilleur niveau.
Tolisso semble avoir la préference de Bruno Génésio face à un Ferri certes plus limité mais admirable pour sa combativité et sa régularité.
Cornet profite de la méforme durable de la concurrence (Valbuena en tête de liste) et Fékir est évidemment incontournable… s’il retrouve ne serait-ce que la moitié de son meilleur niveau.
2. La vraie fausse révolution en 4-2-3-1
Quiconque a déjà joué au football à un niveau raisonnable le sait, une compo n’est jamais qu’un dessin sur une feuille. La liste des joueurs est plus importante que leur position sur le terrain. Beaucoup plus.
En pratique, c’est sur le repli défensif que l’on voit apparaître distinctement la position des lignes, et la place des joueurs les uns par rapport aux autres. Et si chaque joueur n’est pas conscient de la signification de son placement, du rôle précis et des déplacements que l’on attend de lui, alors aucun changement de compo ne lui permettra de se sublimer.
On entend pourtant, et la fréquence de l’expression augmente de manière proportionnelle à l’individualisme dans le foot, cette sentence laconique :
« Il faut construire l’équipe autour de lui ».
Lui étant, évidemment, LE joueur qui fait la différence, le leader technique.
Spoiler : tant que ni Fékir, ni Grenier ne reviennent remplacer leurs frères jumeaux respectifs (si si, ceux qui sont revenus à leur place après leur blessure), ce joueur s’appelle Alexandre Lacazette.
Le passage au 4-2-3-1 pourrait contribuer à optimiser ses performances : il aurait moins de tâches défensives, notamment sur le premier relanceur, une ligne de trois mobile dernière lui pour lui ouvrir des espaces, un Fékir pour tourner autour de lui en souvenir des belles promesses vues en 2014 (déjà) et toujours un catapulteur de jeu long pas immonde sur la ligne des milieux défensifs (non, pas Gonalons…).
C’est plus ou moins le plan appliqué par Alain Perrin (2007-2008) puis Claude Puel (2008-2009) pour gérer la transition vers l’après Juninho. Vers l’après titres aussi d’ailleurs.
A l’époque, LE joueur s’appelait Karim Benzema, et « construire l’équipe autour de lui » était le principe fondamental des compos lyonnaises, quitte à mettre Fred sur un côté et deux 6 pour faire jouer Juni plus haut. Au moins jusqu’à l’été 2008, ça a plutôt bien marché.
Après, Juni est parti.
Le revers de la médaille : Lacazette serait privé sur le terrain de son bon copain Corentin Tolisso et de l’inclassable Rachid Ghezzal avec qui il entretient une relation technique intéressante. Mais honnêtement, que ce soit dans l’attitude ou les performances, l’un des deux mérite-t-il vraiment une place de titulaire à l’heure actuelle ?
Peu de changement dans ce 11, si ce n’est la sortie de Tolisso au profit de Valbuena. Le marseillais a pour lui son profil offensif, sa capacité de pressing et d’élimination. S’il reste dans la lignée de ses performances médiocres depuis son arrivée à Lyon, il aura malgré tout pour lui d’attirer les défenseurs aussi loin que possible des appels d’Alex Lacazette.
3. Le retour au 4-4-2 losange pour ressusciter Fékir
Depuis que l’après-titres a débuté, l’année 2014 reste une référence pour l’OL en terme de qualité de jeu et d’efficacité. Deux paramètres caractérisent les compos de cette période : un losange au milieu de terrain porté par des joueurs capables de se replacer très vite et d’attaquer dans les intervalles (Gonalons-Tolisso-Ferri +1) et un duo Fékir-Lacazette capable de se trouver les yeux fermés même dans le noir.
La blessure de Fékir, il y a un an déjà, en équipe de France, a enrayé la belle dynamique et a conduit Hubert Fournier, puis Bruno Génésio, à renoncer au losange au profit d’un 4-3-3 plus équilibré et moins exigeant.
Génésio pourrait songer à relancer la dynamique interrompue à l’époque, en remettant Nabil Fékir dans les conditions qui l’avaient le plus mis en valeur.
La trouvaille, signée Rémi Garde à l’origine, avait permis à l’OL de livrer quelques prestations de haut vol (le 5-1 contre Montpellier en octobre 2014, le 5-0 à Bordeaux en décembre…), et de renverser le PSG après une longue période sans victoire en confrontation directe, le 13 avril 2014.
Ce dispositif exige des latéraux une grande débauche d’énergie pour couvrir l’ensemble de leur couloir. Il implique donc un Rybus plus solide dans ses replis et un Rafael en pleine possession de ses moyens, à moins que Jallet ne se décide à montrer que c’est toujours lui, le patron du couloir droit.
Les ailiers comme Cornet et Valbuena se trouveraient rétrogradés à l’état de remplaçants, respectivement comme attaquant d’appoint et comme pointe haute du losange.
Cette pointe, que personne n’a jusque-là occupé aussi bien que Gourcuff, reviendrait logiquement à Darder. Le milieu espagnol, après une laborieuse période d’adaptation, semble prêt à occuper de plus hautes responsabilités techniques.
Si l’on considère que Fékir est plus utile sur la ligne haute, et si l’on ne croit pas au retour de Grenier version 2013, alors la perspective peut sembler alléchante.
4 – Le scénario Claude Puel vs Auxerre
Gouverner c’est prévoir, dit-on, et pour Bruno Génésio, cela peut signifier prévoir des scénarios improbables.
En mai 2011, l’OL de Claude Puel traverse une période trouble. Le coach rhodanien, usé et contesté, s’apprête à aligner une des compos les plus improbables de son mandat.
Gêné par les blessures récurrentes de son effectif, critiqué pour son manque de fond de jeu et poussé par le paternalisme du président Aulas, il se décide à jeter ses jeunes dans la fosse aux lions. Tous en même temps ou presque, et sans filet. Ainsi, Kolodziejkzak, Grenier, Gonalons, Lacazette et Reale, la vingtaine à peine, débutent ou entrent en jeu face à l’AJ Auxerre.
Pour les encadrer, des joueurs à peine plus âgés, comme Lovren et Pjanic, font figure de relais pour quelques cadres vieillissants comme Cris et Reveillère.
Cet OL new look ressemble au souhait de pas mal de supporter, en tous cas pendant une vingtaine de minutes. Personne ne tient son rang, Lovren est expulsé, les Gones assommés, Cris livre sans doutes la pire prestation de sa carrière lyonnaise. Le score final 4-0 dissuade Puel de toute tentative ultérieure.
Force est pourtant de constater que la plupart de ces jeunes ont finit par mûrir. Certains sont aujourd’hui des cadres, à Lyon ou ailleurs, et ont démontré qu’ils pouvaient faire bien mieux que ce soir de naufrage.
Le vivier du centre de formation pourrait, cette année encore, être utilisé régulièrement par Génésio avec la bénédiction d’Aulas. Reste à voir à quoi ressemblerait l’équipe dans le cas extrême. Celui où, poussé par les blessures, les méformes ou l’usure, Génésio se retrouverait à lancer tout ses jeunes en même temps.
Du haut de ses 26 ans, Mathieu Gorgelin n’est plus un jeune joueur. Le jeune gardien serait donc Lucas Mocio (22 ans) inconnu au bataillon en pro ou presque.
Derrière, Mammana (20 ans) et Diakhaby (19 ans) sont les options logiques. l’un avec sa réputation, l’autre fort de ses matchs de préparation pas tout à fait immondes.
Le latéral prometteur est évidemment Jordy Gaspar (19 ans), loin d’être mauvais en préparation et sur le point de passer pro. Comme il peut jouer des deux côtés, il peut être complété par un ex-lorientais expérimenté – Morel ou Jallet – à condition que l’un des deux revienne en forme. Morel étant tout de même le plus probable.
Au milieu de terrain, Tolisso (22 ans) ne ferait pas tâche entre Lucas Tousart (19 ans) et Olivier Kémen (20 ans), tous deux recrutés dans les dernières heures du mercato 2015 pour parfaire leur formation. Le numéro 8 lyonnais jouerait alors le rôle du Miralem Pjanic de 2011. Avec certes beaucoup moins de talent.
Devant, sans surprise, un trio Kalulu (20 ans) s’il revient de blessure, Perrin (20 ans) et Cornet (19 ans, si si). Et ne riez pas trop, ces trois-là risquent de jouer souvent si l’OL traverse une saison avec ses standards habituels de blessures.
Pas d’Houssem Aouar (18 ans) ? Non. Laissons le donc grandir encore un peu.
5. Le miraculeux retour en pleine forme simultané
Se projeter, c’est bien. Rêver, c’est sympa aussi. La limite entre les deux est parfois mince.
L’effectif de l’OL 2016-2017 est caractérisé par une proportion non négligeable de joueurs incapables de montrer leur meilleur niveau.
Si c’est une simple question d’âge pour certains, de confiance pour d’autres ou même de régularité, on entre dans le fantasme dès lors que l’on imagine un retour simultané de tous les lyonnais minés par des blessures ou leurs conséquences.
Voici donc le 11 de rêve, mon 11 de rêve, d’un OL où chaque joueur de l’effectif retrouverait subitement son meilleur niveau.
Lopes est là, il faut vous y faire.
Jallet, dans sa version automne/hiver 2015.
Un Rybus intégré, et éventuellement qui apprendrait à défendre.
Le Nkoulou patron de l’OM, sur l’année civile 2014.
Le Mammana qui incarnerait tous les espoirs et le potentiel qu’on ne peut qu’imaginer actuellement.
Le Darder qui a renversé le PSG et brisé les reins de Thiago Silva.
Le Fofana capable de porter seul l’OL en Ligue Europa. Ou avec ses deux jambes. Ce serait déjà bien.
Le Valbuena de l’équipe de France 2012, juste après l’Euro où il n’a pas disputé une seule minute.
Le Grenier qui plante un coup-franc sur deux, celui qui a renversé Montpellier à la dernière minute.
Le Fékir qui a martyrisé Caen juste avant de se blesser.
Le Lacazette du début de saison, avant qu’il n’ai croisé la route de Dijon.
Et vous, n’avez-vous donc aucun rêve ?
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