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Laurent Wauquiez menace les élus de sanctions en cas de fuite sur le web

Rustine sur les fuites : au conseil régional d’Auvergne-Rhône-Alpes, ça a intérêt à filer doux. Laurent Wauquiez souhaite sanctionner les élus qui auraient l’envie, par hasard, de faire fuiter les propos tenus au cours des commissions organiques -lesquelles se tiennent à huis clos et ont pour but de compulser tous les rapports qui seront soumis ensuite au vote en assemblée plénière (publique, celle-là).

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Laurent Wauquiez. Crédit : Eric Soudan.

A la prochaine assemblée, qui se tiendra le 23 juin, le président de région Les Républicains va donc proposer une modification du règlement intérieur :

« Il s’avère que des informations ainsi que des propos tenus pendant les réunions se sont retrouvés sur les réseaux sociaux. Plusieurs élus régionaux issus de différents groupes politiques ont demandé de mettre un terme à ces communications susceptibles de nuire à la sérénité des débats des commissions et des organes délibératifs, il convient donc d’assortir une sanction à de telles fuites. »

Alors, quelle punition pour la fuite sur Twitter ? Laurent Wauquiez propose que :

« Le non-respect de cette obligation de confidentialité [fasse] l’objet d’une retenue sur indemnité, dans les conditions prévues à l’article 7.2, égale à 10% du montant mensuel ».

Bim. On dirait que le président de région a voulu toucher là où ça peut faire mal. Mais, surtout, en tapant du poing sur la table et en essayant de mettre tout le monde dans le rang, Laurent Wauquiez montre quelques signes de nervosité.

Ceci est une fuite.

Le dossier d’Izieu : rétropédalage et mauvaise pub

Laurent Wauquiez, face caméra. Crédit : Eric Soudan.

Laurent Wauquiez a eu du mal à avaler les vagues médiatiques qu’ont suscité depuis le début de son mandat certaines de ses décisions, qu’il a dû revoir à la baisse voire tout à fait annuler.

La dernière en date est celle qui a sans doute provoqué la plus grosse colère du président et cette idée de sanction.

Elle a concerné le projet de baisser les subventions accordées à La Maison d’Izieu, un lieu de mémoire situé dans l’Ain et dédié aux enfants et adultes juifs raflés un 6 avril 1944.

A l’origine, une coupe nette de 40 000 euros était prévue, sur les 240 000 euros accordés à la structure par l’ancien exécutif. Finalement, après négociations, on tombe à moins 20 000 euros. Malgré l’ « effort » consenti par rapport à la baisse initiale, l’info fuite en effet et provoque un tollé de la part de nombreux élus, du centre et de la gauche (un élu socialiste de Lyon lance même une pétition). La presse s’en empare et amplifie la question qu’ils posent tous à Laurent Wauquiez : « la maison d’Izieu est-elle une association comme une autre ? ».

Sur Facebook et via des communiqués, Laurent Wauquiez finit par rectifier le tir lui-même :

« Je tiens à clarifier les choses. Les 20 000 euros présentés comme une baisse de subvention, seront maintenus à la Maison d’Izieu, mais serviront à des actions de mémoire. Oui, la Région fait des économies et l’assume après tant d’années de gaspillage de l’argent public. Mais la Région ne le fait pas sur n’importe quoi, et ne le fera pas sur la transmission de notre mémoire. »

Un rétropédalage dans toute sa splendeur, doublé d’une mauvaise pub.

Le souci d’une image médiatique

« Izieu » n’est pas le premier dossier sur lequel le président a décidé de faire marche arrière, suite à un bouillon médiatique. Il y a quelques semaines, Rue89Lyon révélait l’intention de l’exécutif régional de supprimer le Pass contraception. Suite à l’article, Laurent Wauquiez avait démenti via Twitter, qualifiant notre info de « fantaisiste ».

 

Au cours de l’assemblée régionale du 14 avril, le sujet du Pass contraception n’a finalement pas été abordé, alors qu’il l’avait bien été en commission organique, comme des élus l’ont ensuite publiquement affirmé. On note par ailleurs qu’à ce jour, ce Pass à destination des lycéens souhaitant consulter pour leur sexualité n’a toujours pas été remis sur la table.

Laurent Wauquiez avait donc déjà montré qu’il n’aimait pas la mauvaise pub et que, bien qu’il aime à répéter aux journalistes que ce ne sont pas eux qui lui dictent sa conduite, l’impact médiatique et sa résonance sur le web comptent suffisamment à ses yeux pour qu’il ajourne/annule des décisions.

Les élus qui devront voter ce 23 juin la modification de leur règlement intérieur sont donc prévenus : parler hors des deux minutes octroyées en assemblée plénière = sanction. Mais tenter d’éteindre les velléités de médiatisation en castrant leurs comptes Twitter n’aura sans doute pas beaucoup d’effet. Pour preuve, cet article.

 

 


#Auvergne-Rhône-Alpes

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