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Pétition, enquête et chute des subventions : la Villa Gillet est-elle en péril ?

Ecrire qu’il s’agit d’un dommage collatéral ne serait pas exact car c’est en fait le coeur de la machine qui, touché, a décidé de se faire entendre. Les salariés de la Villa Gillet, centre culturel pluridisciplinaire à Lyon, viennent de lancer une pétition en ligne pour plaider la cause d’un projet artistique dont les Assises Internationales du Roman sont depuis 10 ans l’expression la plus visible.

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Pétition, enquête et chute des subventions : la Villa Gillet est-elle en péril ?

Les chutes de subventions et la tempête politico-médiatique dans laquelle la Villa a été prise suite à un rapport de la chambre régionale des comptes, remettent en cause le maintien de son activité et la tenue de son autre événement d’ampleur, programmé en novembre à Lyon, Mode d’emploi.

La Villa Gillet nichée au coeur du parc de la Cerisaie (Lyon 4è). DR

En tant que structure fonctionnant grâce aux subventions publiques, en tant qu’acteur incontournable de la vie culturelle régionale, engagé dans un propos fort, la Villa Gillet est une structure très politique. Elle a été créée à l’initiative de la Région il y a 20 ans et elle est depuis soutenue par l’ensemble des représentants territoriaux (la Région, la Ville, la Métropole, l’Etat et le Centre National du Livre).

En 2014, son budget s’élevait à presque 2 millions d’euros. En 2015, la Région Rhône-Alpes alors présidée par le socialiste Jean-Jack Queyranne, principal pourvoyeur de moyens de la Villa, a amputé de 200 000 euros sa subvention (qui était de 800 000 euros). Le budget global du lieu est tombé à 1,5 millions d’euros. En 2016, la nouvelle équipe élue à la Région et menée par Laurent Wauquiez (Les Républicains) n’a pas souhaité enrayé la chute, au contraire.

A ce stade, le nouveau président de région a promis 250 000 euros de subventions à la Villa au titre de la dixième édition des Assises Internationales du Roman 2016, mais rien encore pour toutes les autres activités du lieu. Mécaniquement, d’autres subventions ont baissé et, pour l’heure, la Villa se voit pourvue d’un budget 2016 de 691 000 euros.

Malgré la date anniversaire de leurs dix années d’existence, les Assises Internationales du Roman qui auront lieu dans une dizaine de jours se sont donc préparées dans une atmosphère plombée. A la veille de l’événement, l’équipe de la Villa Gillet oscille entre l’envie de prouver une fois encore sa légitimité et l’inquiétude quant à son avenir.

Si les collectivités expliquent les baisses de subventions par un contexte économique morose, il semblerait que la plupart des élus décisionnaires ne soient pas animés par l’envie pressente de défendre une structure dont l’image a été ravagée ces dernières semaines.

Licenciements et annulation du festival Mode d’emploi ?

Petit rappel des faits : la Villa Gillet a fait l’objet d’un rapport de la chambre régionale de la cour des comptes rendu public le 15 mars dernier, qui a étrillé la gestion administrative de la structure et s’est focalisé sur la figure de son directeur, Guy Walter. Il a été notamment pointé du doigt pour le format de sa rémunération. “Tout a été validé par les tutelles (c’est à dire la Ville de Lyon, ndlr)”, a plaidé Guy Walter.

Il avait déjà été spécialement critiqué dans un précédent rapport de la chambre régionale des comptes concernant cette fois les Subsistances, autre structure culturelle lyonnaise qu’il co-dirige.

Le directeur de la Villa Gillet a donc ces derniers mois cristallisé toutes les tensions. Guy Walter a fait l’objet d’une attention médiatico-politique dont il se serait sans doute bien passé et d’attaques virulentes de la part d’élus de droite, à deux doigts de réclamer sa tête (notamment en conseil municipal à Lyon).

Par ailleurs, la chambre régionale des comptes a transmis le rapport concernant la Villa Gillet au parquet de Lyon, qui a ouvert une enquête préliminaire en juin 2015.

Dans la Villa Gillet. DR

“En tant que salarié de la structure, Guy Walter est évidemment signataire de la lettre ouverte”, nous indique-t-on.

Mais dans le courrier mis en ligne ce mercredi, qui invite le public à soutenir la Villa Gillet, ce n’est pas le directeur qui tient la plume.

“L’actualité de la Villa Gillet a agité la presse depuis quelques mois suite au rapport de la Chambre Régionale des Comptes. Cependant, il n’a jamais été fait mention des 16 salariés qui œuvrent avec une farouche énergie pour mettre en place une programmation et des actions culturelles et pédagogiques accessibles à tous et ouvertes au plus grand nombre. (…) Avec fierté, nous contribuons à la diversité culturelle et au rayonnement national et international de Lyon et de la Région.”

Eux ont envie de parler du maillage territorial réalisé depuis des années (avec les bibliothécaires, les enseignants de la région), ils voudraient enfin donner à voir la chair de cette Villa, qui passe depuis quelques semaines pour un froid palais de nantis.

Au lendemain des Assises Internationales du Roman, la moitié des salariés risque de se retrouver sur le carreau. La cinquième édition du festival Mode d’emploi, événement dédié aux idées et aux sciences sociales, programmé en novembre, ne pourra pas voir le jour. Sauf à ce que la réunion réunissant toutes les tutelles de la Villa Gillet, qui se tiendra ce mercredi 18 mai, aboutisse à un accord autour d’un projet culturel restructuré.

La pétition en ligne a recueilli en moins de 24 heures plus de 2000 signatures dont celles de plusieurs écrivains passés par la Villa Gillet, tels que Boualem Sansal, Annie Ernaux, Véronique Ovaldé, ou encore celle du chroniqueur Augustin Trapenard.


#Assises Internationales du Roman

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