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On a trouvé un guide pour votre édition 2016 de Nuits Sonores, c’est Laurent Garnier

Douze ans que Laurent Garnier se pointe à chaque édition de Nuits Sonores, renouvelant sans cesse sa participation, d’un closing d’anthologie à un set pour les enfants, marquant de son empreinte l’histoire du festival. Cette année, le voilà curateur de trois scènes en une journée forcément à l’image de ce maître absolu de la techno en France : éclatée, pointue, festive, diverse.

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Laurent Garnier. Crédit : Richard Bellia.

De Chassol à Jackmaster, la palette est aussi large que la curiosité de l’ancien résident de l’Hacienda. Suivez le guide.

Laurent Garnier. Crédit : Richard Bellia.

« On a été tellement loin dans le côté extrêmement synthétique, très Blanc, qu’il faut revenir à un truc beaucoup plus Black. Je trouve ça très sain »

#Afrique

On sait d’où vient la musique électronique, et plus précisément la techno : ses racines, si l’on n’évoque pas l’Afrique. On oublie beaucoup de choses. On attendait un mouvement de ce continent depuis ces dix dernières années, avec des gens comme Buraka Som Sistema, comme Frédéric Galliano.

Toute cette mouvance kuduro, ça a commencé à gratter les oreilles des gens ici. Depuis cinq ans, l’échange est beaucoup plus important : forcément, des choses reviennent à nos oreilles. C’est le bon moment. Et c’est tout à fait logique : ça fait longtemps que l’on se dit que c’est là-bas que ça va se passer, qu’il faut regarder.

C’est à la fois un retour aux sources et une avancée. On a été tellement loin dans le côté extrêmement synthétique, très Blanc, qu’il faut revenir à un truc beaucoup plus Black. Je trouve ça très sain.

#Chassol

Je l’ai fait jouer en concert privé pour la soirée de mes 50 ans. On était 100, uniquement mes proches venus passer deux jours pour fêter ce moment forcément important pour moi. J’avais envie de leur offrir quelque chose : quel est le groupe qui va mettre tout le monde d’accord ? L’idée de Chassol est venue tout de suite.

Ce soir-là, il y avait des gens de soixante balais, pas du tout dans le milieu, de vieux amis, il y avait des gens beaucoup plus jeunes à fond dans la musique. Chassol a assis tout le monde. Parce qu’il a une vraie proposition. Quand tu le regardes, avec la vidéo, lui : il brille quand il joue.

Pour tout te dire, quand on a hésité à réouvrir F Com au moment de mon album Home Box, le premier que je voulais signer, c’était Chassol. C’est un artiste qui me touche énormément.

« Quand Nuits Sonores est venu me chercher pour être curateur d’une journée, de suite j’ai dit que je ne voulais pas faire un plateau techno »

#JayRobinson
#CopyPastSoul
#Jackmaster

Ils n’ont pas la place qu’ils devraient avoir aujourd’hui. Jay, ça fait des années qu’il fait des trucs techno moooortels, influencé par Détroit, puis par la bass music. Toutes ses productions sont super bien branlées. Comme pour les deux autres.

J’avais envie d’une journée où l’on peut tout mélanger, pas forcément avec des gens avec qui je me sens en sécurité, car je n’ai joué avec aucun des trois.

Je voulais présenter des artistes qui m’intéressent, avec une cohérence dans ce qu’ils défendent et ce que j’aime. Je ne sais pas du tout ce qu’ils vont amener dans leurs caisses : je les laisse tranquille, j’ai envie qu’ils me surprennent.

Quand Nuits Sonores est venu me chercher pour être curateur d’une journée, de suite j’ai dit que je ne voulais pas faire un plateau techno. Dans les trois salles, il y a une cohérence : c’est moi. Des trucs très sérieux, d’autres plus légers comme les Meuh…

« J’ai arrêté It is what it is il y a deux ans, au Mouv’, avec l’arrivée d’un nouveau directeur qui n’a pas été super élégant. Mais la radio me manquait énormément »

#RadioMeuh

Je n’écoute pas de radio pour découvrir les artistes : je vais plutôt sur les blogs. Mais la radio fait partie de ma vie depuis tout gamin. Vers 14 ans, quand les radios FM ont explosé, un pote avait construit un émetteur et on faisait tous les vendredis Radio Teenager, on passait du funk et de la soul pour se brancher les gonzesses du lycée et surtout pour jouer de la musique.

Quand j’étais môme, l’endroit le plus intéressant, c’était la radio : il n’y avait pas Internet. Je me levais à 1h du matin pour allumer la chaine de mon père, mettre un casque sur les oreilles et enregistrer des cassettes toute la nuit. C’est là où je découvrais les choses : je ne pouvais pas aller en boite, Paris était à une heure et demie de bus…

C’est la radio qui m’a élevé musicalement, elle tient une place très importante dans mon cœur et c’est pour ça que j’ai commencé à en faire chez FG, que je suis resté chez Nova quasiment pendant 12 ou 14 ans. J’ai arrêté It is what it is il y a deux ans, au Mouv’, avec l’arrivée d’un nouveau directeur qui n’a pas été super élégant. Mais la radio me manquait énormément. Entre-temps, j’ai rencontré Phil de Radio Meuh grâce au festival Yeah, on est devenus extrêmement potes : on a les mêmes idées, le même humour. Je l’ai appelé, il n’osait pas me demander, il pensait que je n’accepterais pas. Je lui ai dit que j’avais envie de faire mon émission chez lui.

Je travaille beaucoup avec les gens avec qui je me sens bien : je ne suis pas du tout stratégique. Je crois que ça se fait, travailler la stratégie… Je serais un DJ qui tourne beaucoup plus… Mais je me fous de tout ça ! Je veux me sentir bien. La notion de plaisir est primordiale : si je viens chaque année à Nuits Sonores c’est que je suis très copain avec Vincent (Carry, le directeur) et Pims (le programmateur), et c’est pareil avec Meuh : je me sens en famille. La radio, c’est une autre liberté, une soupape importante pour moi. J’ai même un émetteur…

Il y a quelques années, à Ibiza, tellement les radios étaient nulles, on a fait Fuck You FM pendant toute une saison : j’ai loué une maison, mis une antenne sur le toit et pendant trois mois on a fait PBB, ma Web-radio, en live.

« Lil Louis, c’est le patron »

#LilLouis

Il reste peu de piliers de cette musique-là. Beaucoup ont jeté l’éponge. Lil Louis, c’est un sacré caractère : la première fois que je l’ai rencontré, c’est quand on l’a invité à notre soirée Wake Up au Rex Club, à Paris. Avec DJ Deep, on était tellement excités que l’on avait joué que du son de Chicago, du booty.

Lil Louis est arrivé aux platines et nous a dit :

« Je suis obligé de jouer cette musique ? ».

On a essayé de lui expliquer que c’était une marque de respect… Il n’a joué que du disco pendant plus d’une heure. Un peu dure, la première rencontre.

Il est particulier, mais ça n’enlèvera jamais rien à son talent : tout ce qu’il fait est génial. French Kiss, cette idée de ralentir le tempo au milieu du morceau, puis de le faire repartir… C’était un pavé dans la mare, un morceau révolutionnaire. Quand c’est sorti, on pouvait l’entendre quatre ou cinq fois dans la même soirée sans problème, c’est tellement minimal, tellement groove…

Il a vu la lumière, le jour où il a fait ça, Lil Louis. J’ai absolument toujours eu ses disques dans mes bacs, French Kiss mais aussi Black Out. Avec Derrick May et peut-être UR, ce sont les seuls. Lil Louis, c’est le patron.

Par Sébastien Broquet, à lire sur petit-bulletin.fr.


#Concert

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