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Les petites salles de spectacle à Lyon, dans la galère

Les « Scènes découvertes », petites salles de spectacle mises en réseau et ainsi labellisées par la Ville de Lyon, subissent des baisses de subventions. Malmenés depuis que l’accord Ville-État-Région n’a pas été reconduit sous sa forme initiale en ce début d’année, tous ces endroits, du Croiseur à l’Espace 44, vivent dans l’inquiétude.

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Crédit : Anne Bouillot/Petit Bulletin.

Crédit : Anne Bouillot/Petit Bulletin.

La culture est une affaire de passionnés. André Sanfratello, directeur de l’Espace 44, a été contraint de vivre de sa retraite quand la DRAC s’est retirée du projet, en 2010 : il a ainsi pu maintenir le salaire de ses cinq salariés en supprimant le sien. Mais la Ville vient de lui retirer 5000 euros supplémentaires.

Désolé, il constate qu’on lui « prend les petites sommes qu’il a pour survivre. » Ce qui ne l’empêchera pas de fêter les trente ans de son théâtre, du 26 avril au 30 mai.

Au Croiseur, seule « Scène découverte » dédiée à la danse, un salarié est devenu bénévole pour pérenniser l’activité d’un lieu subissant la même punition de la DRAC. La plus grande salle de ce dispositif, située dans un quartier moins central à Gerland, est privée de ses 37 000€ annuels, en plus des 5000€ déjà amputés en 2015.

Son directeur et fondateur Didier Vignali s’est séparé de deux de ses six permanents. Pour trouver de la trésorerie, il loue la salle à des organisateurs de concerts (cf. Cobra en janvier, organisé par les Briques du Néant). Malgré un « flou absolu » quant à son avenir, il maintient une programmation, dont la Biennale off de la danse et le Frako festival (avec les élèves de l’école de la Scène sur Saône).

Un label né au début de l’ère Gérard Collomb

Né en 2002 de la volonté de Patrice Béghain, adjoint à la Culture lors du premier mandat de Gérard Collomb, le label « Scènes découvertes » visait à aider les jeunes artistes à se produire, à être repérés par les professionnels et donne aussi la possibilité au public — ce qui n’est pas la moindre des préoccupations — de découvrir la vitalité supposée de ceux qui feront le théâtre de demain.

La ville de Lyon, alliée à l’État (via la DRAC Rhône-Alpes Auvergne) s’est alors attelée à soutenir des lieux existants et vivant de fonds privés et de leurs recettes. En 2006, la Région a rejoint ce dispositif qui, outre les arts vivants, soutient aussi la musique (À Thou bout d’chant, Kraspek Myzic, 6ème Continent) et le cirque avec l’école de Ménival.

Au 31 décembre dernier, ce mode de financement public signé pour trois ans par les trois parties arrivait à échéance. Seule la municipalité a pour l’instant reconduit sa participation à hauteur de 500 000 euros, votée lors de la délibération du conseil municipal le 18 janvier dernier. Mais pour une seule année, car les conseillers régionaux de leur côté, nouvellement élus, ne se sont pas encore penchés sur la question. Et leur président, Laurent Wauquiez, n’a pas montré durant sa campagne une inclinaison particulière envers la culture (souvenons-nous de sa saillie insultante envers les clowns et leur formation).

La DRAC devrait, comme à son habitude, rendre son verdict en avril sans modification particulière.

Un manque de salles intermédiaires

Ces salles vont devoir découvrir de jeunes talents également en Auvergne désormais, pour espérer obtenir des subventions de la Région, avec des moyens qui n’augmentent pas, comme le fait remarquer l’administrateur des Clochards Célestes. Son théâtre perd 5000 euros. L’Élysée en récupère autant.

Au-delà de ces problématiques financières, Jacques Fayard de l’Élysée pointe le fait que les « Scènes découvertes » ne sont que le premier étage d’une fusée qui devrait emmener les compagnies vers des salles plus grandes :

« Il faudrait mettre en place quelques jours où tous nos spectacles seraient présentés aux professionnels. »

À défaut de coordination, il mise sur Balises, ce maillage de lieux déjà existant en métropole pour permettre aux artistes de faire vivre leur création et au public de découvrir ce qui s’invente aujourd’hui.

« Bien sûr tous les spectacles ne méritent pas d’être repris » dit-il lucidement.

Mais le fait est qu’il manque à Lyon des salles de taille intermédiaire (des salles de 200 places). Très rares sont ceux repris dans les grands théâtres comme le collectif La Meute, courageusement programmé par les Célestins en fin de saison l’an passé.

Yves Pignard, à la tête des Marronniers, se veut optimiste et continue de chercher des prolongements à ce qu’il présente, peut-être via le théâtre des Ateliers qui pourrait accueillir ces spectacles repérés dans les « Scènes découvertes ».

« Il faut revenir à un bon sens qui n’existe pas suffisamment, déclare-t-il. Ce moment actuel est capital. »

Par Nadja Pobel sur petit-bulletin.fr.


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