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Grève de l’urgence sociale : « encore trop de personnes à la rue »

Ils ne demandent que l’application de la loi. Le « droit au logement » est en effet censé obliger les services de l’Etat à héberger tout SDF qui le demande. Mais dans les grandes agglomérations, où les dispositifs d’accueil d’urgence sont saturés, les préfectures se mettent hors à la loi.

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SDF-mere-enfant-fin-plan-froid-2© Pierre Maier : Rue89Lyon

Comme l’année dernière, le « collectif des professionnels de l’urgence sociale » appelle à la grève les salariés du secteur ce jeudi 24 mars 2016.

Salariés du Samu social ou d’autres associations d’hébergement, ils dénoncent un manque de places ouvertes pour le plan froid et « la remise à la rue » des SDF hébergés dans le cadre de ce renfort hivernal, après le 31 mars. Un rassemblement est prévu à 16h place de la République (Lyon 2e).

Le centre d’hébergement de Lahso à Villeurbanne ouvert pour le plan froid 2013/2014. © Pierre Maier/Rue89Lyon

« Tous à l’abri », le nouveau leitmotiv de la préfecture du Rhône

Pour son premier plan froid en tant que préfet du Rhône, Michel Delpuech s’est pourtant montré plus généreux.
Au total, 1200 places supplémentaires devaient être « mobilisables » jusqu’à la fin du mois de mars pour la somme de 3,7 millions d’euros. Il n’y a jamais eu autant de places ouvertes en hiver.

Au 22 mars, 1124 personnes étaient hébergées dans le cadre de ce plan froid dont 572 à l’hôtel.

Malgré cette augmentation du nombre de places, le plan froid est encore insuffisant pour faire face au nombre de SDF.
Tous les indicateurs sont dans le rouge, surtout celui du 115.

les quinze derniers jours du mois d’octobre, 2131 personnes avaient appelé le 115 sans qu’on leur trouve un abri.
On les nomme les « sans solution ».
Au 21 mars, alors que les places hivernales ont été ouvertes, ils étaient encore 1464.

Mais, à la préfecture du Rhône, on relativise ces chiffres :

« On fait le tri entre ceux qui sont réellement à la rue et qu’on héberge et ceux qui ont une solution d’hébergement même précaire, par exemple chez un tiers. »

En clair, les « sans solution » aurait en réalité « des solutions d’hébergement », explique une porte-parole de la préfecture contactée par Rue89Lyon.
Et d’ajouter concernant la fin du plan froid, le 31 mars :

« Le préfet ne veut pas remettre les gens dehors. On les laisse dans les structures ».

La fin de la politique du thermomètre ?

Si l’on s’en tient à ces déclarations, ce serait la fin de la gestion au thermomètre de l’hébergement d’urgence, qui consiste à ouvrir des places le 1er novembre et à les fermer le 31 mars.

Du côté du « professionnels de l’urgence sociale », on prend ces annonces avec prudence. Ils redoutent notamment une remise à la rue qui se ferait en catimini.
Lucie est l’une des animatrices de ce collectif :

« La moitié des personnes hébergées dans le cadre du plan froid sont à l’hôtel. Et on a vu l’année dernière des fins de prise en charge progressive. Pour l’instant, ces annonces sont trop floues pour pouvoir se réjouir ».

Lucie conteste également l’interprétation des chiffres du 115 faite par la préfecture :

« Pour avoir un hébergement, il faut maintenant être sur le trottoir ! Pourtant, on ne peut pas considéré qu’une personne hébergée chez un tiers ou dans un squat a véritablement un hébergement ».

« Comment choisir lequel mérite une place d’hébergement ? »

Dans leur communiqué justifiant leur grève, ces salariés du Samu social ou d’autres associations d’hébergement expliquent « opérer un tri arbitraire des ménages, lorsqu’une place se libère ». Ils posent une question :

« Existe-t-il un être humain moins vulnérable qu’un autre pour tenir dans la rue ? Nous croisons chaque jour, à la rue, à Lyon, des nourrissons sortant de maternité, des personnes lourdement handicapés, des chômeurs victimes de la crise économique, des migrants fuyant les persécutions de leurs pays, des travailleurs pauvres, des personnes des plus de 80 ans, des personnes ayant des traitements médicaux lourds (chimiothérapies, dialyses…). Comment choisir lequel mérite une place d’hébergement ? »

Lucie raconte un autre aspect de cette « priorisation permanente » des publics :

« Cela nous amène à faire des choses aberrantes. Il y a quelques jours, une femme est sortie de la maternité avec son bébé de trois jours. Il a fallu demander un certificat au médecin pour obtenir un hébergement à l’hôtel pour 10 jours ».

Et de conclure :

« Aujourd’hui, un homme seul en bonne santé a quasiment aucune chance de trouver un hébergement à Lyon ».


#Hébergement

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