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Manif contre la loi travail à Lyon : « La jeunesse qui s’organise fait peur »

Des anarchistes aux jeunes socialistes, une vingtaine d’organisations de jeunesse donnent un premier rendez-vous place Bellecour le 9 mars à 13h, contre le projet de loi El Khomri. Ils ont été rejoints par les plusieurs confédérations syndicales dont la CGT, FO, FSU et Solidaires. Tous demandent le retrait du texte.

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Conférence de presse des organisations de jeunesse à Lyon le 7 mars. De gauche à droite, les représentants de la CGA, de Solidaires, de l'UEC, de l'Unef, du NPA, du Parti de gauche, d'Ensemble, de la JC et du MJS ©LB/Rue89Lyon

On n’avait pas connu pareil mouvement unitaire « jeune » depuis les manifs contre le Contrat Première Embauche (CPE) en 2006. Reste à voir si cela va se traduire dans la rue.

Cet appel lyonnais à manifester est une déclinaison de l’appel national de ces mêmes organisations de jeunesse. Il se double d’une diffusion de tracts dans les facs et les lycées, et par des organisations d’assemblées générales.

Ce lundi, ces organisations (voir la liste en encadré) donnaient une conférence de presse à deux pas des universités Lyon 2 et Lyon 3, dans un bar de la Guillotière.

Pour le moment, aucun des représentants de ces organisations ne se risque à un pronostic sur l’affluence des manifestants, ce 9 mars.
Naïm Sakhi pour l’Union des étudiants communistes (UEC) :

« Quelques centaines ou quelques milliers, peu importe, ce sera de toutes façons le début de quelque chose ».

Ils comptent sur la « peur » qu’ils estiment provoquer du côté de l’exécutif, Fabrice Torro, le président de l’Unef Lyon, commente :

« Le gouvernement a déjà repoussé la présentation de la loi. Il y a une peur de la jeunesse qui s’organise. »

Conférence de presse des organisations de jeunesse à Lyon le 7 mars.
De gauche à droite, les représentants de la CGA, de Solidaires, de l’UEC, de l’Unef, du NPA, du Parti de gauche, d’Ensemble, de la JC et du MJS ©LB/Rue89Lyon

« Précaires toute notre vie »

Même s’il n’y a pas de mesures spécifiquement dédiées aux « jeunes » comme dans les projets du CPE ou du CIP, ces organisations de jeunesse raccrochent le projet de loi travail aux problématiques des jeunes. Dans leur texte, « le gouvernement vient de déclencher une offensive sans précédent contre les jeunes et les salarié.e.s » :

« Nous, lycéen.ne.s, étudiant.e.s, jeunes chômeur.se.s, sommes déjà précaires pendant nos études et notre insertion professionnelle, il faudrait maintenant que nous acceptions d’être précaires à vie ! »

Le discours anti-gouvernement était attendu de la part de la Coordination des groupes anarchistes (CGA), de Solidaires, du NPA ou des organisations du Front de gauche. Mais moins de la part de l’Unef ou du Mouvement des Jeunes socialistes (MJS) qui ont co-signé un texte qui étrille un projet de loi analysé comme « directement inspiré des revendications du MEDEF ».

Fabrice Torro, le président de l’Unef Lyon ou son collègue animateur fédéral du MJS (le mouvement de jeunesse du PS), Vincent Exiga, pourtant proches du PS, ne loupent pas le gouvernement :

« En facilitant les licenciements économiques et en ne protégeant plus des licenciements abusif, on nous explique gentiment qu’on doit être précaire toute notre vie ».

Des blocus de lycées à Lyon ?

Dans les prochains jours, on pourra constater la capacité de mobilisation de ces organisations et voir si les 1,1 million de signataires de la pétition « loi travail non merci » se retrouvent dans la rue.

Leïla Mathias du Syndicat Général des lycéens (SGL) insiste sur la pédagogie nécessaire à un mouvement lycéen :

« Les lycéens n’ont pas connu le CPE et on était en primaire sous Sarkozy. Il faut faire comprendre qu’on peut manifester et faire un reculer un gouvernement même si celui-ci se prétend de gauche. Aujourd’hui, c’est un espoir de voir toutes ces organisations ensemble ».

Élève du lycée Ampère-Bourse (Lyon 2ème), elle affirme que la jeunesse ne restera pas le « cul sur une chaise » pour regarder détruire les acquis sociaux. Des « blocus » de lycées sont ainsi annoncés. On ne saura pas lesquels.

Mais elle déplore avoir du mal « à toucher les lycées professionnels ». Même son de cloche du côté de Solen du NPA qui ambitionne un mouvement populaire :

« La lutte ne doit pas partir d’une avant-garde blanche, universitaire et masculine. Et à cette conférence de presse, on est un très mauvais exemple ».

Pour la dernière fois, les lycéens sont descendus en masse dans la rue à Lyon en octobre 2010 en plein mouvement sur les retraites. Cela s’était terminé par le bouclage de la place Bellecour par la préfecture du Rhône et l’enfermement des quelque 600 personnes qui s’y trouvaient. C’était après cinq jours de scènes d’émeutes dans le centre-ville. Cet épisode a durablement marqué les esprits.


#Loi El Khomri

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Photo : Photo CC by Parti Socialiste via Flickr

Photo : BE/Rue89Lyon

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