est loin d’être une lubie confidentielle, on commence à entrevoir des articles sur ce type de vin dans la très institutionnelle Revue des Vins de France.
Pourtant, aucun cahier des charges n’existe à ce jour, et les vignerons produisant du vin naturel n’ont pas l’autorisation d’apposer un quelconque logo sur leur étiquette.
On l’a pourtant appris il y a peu, l’INAO (Institut national de l’origine et la qualité) envisage de réglementer cette dénomination. Les pourparlers vont bon train. L’Association des Vins Naturels (AVN) est née en 2011 et compte désormais 50 vignerons. La charte de l’AVN semble claire et l’Institut de l’Origine et de la Qualité pourrait bien se baser dessus :
Le vin naturel, est issu de vignobles cultivés en bio ou en biodynamie. Les vendanges sont obligatoirement manuelles. Seules les levures indigènes sont autorisées pour la vinification, en revanche aucune des techniques à même de modifier le travail du raisin n’est autorisée.
Et enfin, le viticulteur n’a pas le droit d’ajouter d’intrants, seules des doses légères de sulfites (produites en partie naturellement lors de la fermentation) peuvent être tolérées, jusqu’à 20/30mg par litre en général.
Cette pratique qui donne des vins souvent typés, fruités, écarte l’immense majorité des procédés traditionnels de vinification. Elle est parfois mal perçue par les vignerons conventionnels car l’appellation « naturels » sous-entend que les autres ne le sont pas.
Quant à l’étiquette, une mention certainement plus proche de la réalité serait équivalente à celle-ci : « issue d’une vinification naturelle ».
Pour le vigneron Lilian Bauchet, produire du vin naturel passe évidemment par une conversion en agriculture biologique et par le moins d’intervention possible à la vigne comme au chai. Je me suis rendu au domaine pour la troisième fois en un an et le débat autour du vin naturel était animé.
Mais en bonne « carpe goy » (dixit Monsieur Bauchet), je ne dévoilerai rien de plus. En revanche, je peux parler de son millésime 2015, qui lui a causé quelques sueurs froides.
Beaujolais, terre du nature et des festivités
Comme toujours, le vigneron a contourné les obstacles, mais cette fois-ci, du côté de Lancié, dans son nouveau jardin. Le vigneron ex-Château des Bachelards, élève du Grand Jacques Néauport, a changé de domaine, décidant de revenir sur un terrain moins étendu 3.5 hectares contre 7 à Fleurie. Les vins produits, éclatants et remplis d’énergie, revendiqueront la mention « Vin de France ».
D’ici quelques semaines, la région du Beaujolais va s’animer. Beaucoup d’événements, de la B.B.B. (Bien Boire en Beaujolais – 11 avril 2016), en passant par la BojAlien (11 avril 2016, salon off du B.B.B.), puis un petit détour pour se rendre à la Biojoleynes (16 & 17 avril 2016).
Le festival DeZing qui a également connu un franc succès lors de sa première édition devrait être reconduit cet été. N’oubliez pas non plus l’événement jurassien autour des vins naturels, « Le Nez dans le Verre » le dimanche 20 mars 2016 au Château de Gevingey.
Et la fraîcheur, en 2015 ?
L’été 2015 fut synonyme de grosse chaleur. Les vignerons du Beaujolais s’en souviendront, jamais un Beaujolais Nouveau n’aura été aussi chargé, tant en fruit qu’en alcool. Fait rare dans cette région, les Nouveaux étaient prêts bien avant l’autorisation légale permettant de les servir. On a bien failli tout boire avant le 3ème jeudi de novembre.
Alors que dire des crus (Fleurie, Moulin à Vent, Morgon …), plus exposés encore que les Beaujolais et Beaujolais-Villages. Les vignerons ont dû faire preuve d’astuces diverses pour garder de la fraîcheur dans les vins. Pour ceux produisant du vin naturel, le piège de la grosse chaleur, outre la maturité rapide du raisin, c’est l’émergence de milieux favorables au développement de bactéries, facilitant de possibles défauts dans les vins (acétate d’éthyle = dissolvant, ou arôme volatile = odeur de vinaigre et acidité marquée).
Les buveurs de crus seront ravis, les crus du Beaujolais 2015 seront donc marqués par le fruit et l’alcool (cerise ou framboise à l’eau de vie). Mais que cela rassure les gros assoiffés de nature, de ce que j’ai pu goûter tout du moins, la fraîcheur est là, les vins sont pleins, et les arômes plus envoûtants que jamais.
Et ceux qui ont su préserver l’acidité (qu’on appelle aussi fraîcheur) verront une belle garde de leurs cuvées se profiler.
Le Beaujolais a de beaux jours devant lui, la relève continue de s’activer, poussée par les anciens, ravis d’observer un regain d’intérêt pour cette belle région viticole.
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