Ils ont lancé quelques années plus tôt ce concept tiré au début à 50 exemplaires sur une imprimante de bureau.
En janvier dernier, le bel objet que Jean-Christophe Menu s’était arrogé a obtenu un Fauve au même festival : celui de la meilleure bande dessinée alternative. Et c’est amplement mérité, tant ce cadavre exquis d’un nouveau genre est d’une beauté formelle aboutie et d’une inventivité foutraque.
Chaque numéro est thématisé, celui primé explorait le Moyen Âge via le siège d’un château-fort.
Si les intermèdes en couleurs sont concoctés par les cinq membres de Mauvaise Foi, le siège en lui-même est dessiné en noir et blanc et confié aux auteurs invités qui suivent la trame initiale mais laissent libre cours à leur imagination.
La libido de la factrice
La remise des prix le 29 janvier dernier a été entachée par une polémique. Des auteurs et éditeurs se sont offusqués de la fausse remise de prix présentée en préambule, par le maître de cérémonie Richard Gaitet. De faux fauves ont été attribués. Le gag pour lequel l’auteur, journaliste reconnu, s’est platement excusé, n’a pas fait perdre leur humour à Mauvaise foi : « Bon, nous on a su avant qu’on avait le prix. On l’avait bien fêté la veille ! On est passés les premiers sur scène. Mais ce sont surtout les gens qui n’y étaient pas qui se sont offusqués : nous, on a ri, nos voisins ont ri. C’est une polémique à deux balles, on aime Richard Gaitet, on écoute son émission Nova Book Box. »
Pour le numéro 6, c’est la science-fiction qui est explorée via les aventures de la dernière factrice de l’univers…
« L’héroïne découvre sa sexualité au fil des pages. C’est amusant car aucune information à ce sujet n’a été donnée au départ, mais différents auteurs s’en sont emparés », nous explique en souriant Hugo Charpentier.
Il est le responsable des punchlines au sein du collectif qu’il forme avec Rémy Mattei, Manuel Lieffroy, Chloé Fournier et Benjamin Barat.
Tous se sont rencontrés sur les bancs de… oui, comme d’habitude, l’illustre école Émile Cohl. C’était en 2007, le club des cinq lançant Laurence 666 trois ans plus tard, inspirés par les anciens de Arbitraire – autre revue issue du sérail.
« Après l’école, on a voulu continuer ensemble : on s’est installé dans un atelier où l’on fait de la sérigraphie et où l’on continue cette revue à thème dont le but est de raconter une histoire écrite par nous cinq, mais partagée entre des auteurs qui se l’approprient. Dix dessinateurs nous suivent depuis le début, une vingtaine interviennent par numéro » raconte Manuel.
La boxe était le thème du second, l’histoire d’un inuit dont l’unique chien de traineau disparaît celui du quatrième…
Leur imagination n’est pas prête de se tarir : outre la revue, dont tous les bénéfices sont réinvestis pour les numéros suivants, des albums individuels verront le jour fans le futur.
De quoi retourner à la chasse au Fauve du côté d’Angoulême.
Par Sébastien Broquet, sur petit-bulletin.fr.
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