Actualités, enquêtes à Lyon et dans la région

Culture à Lyon : doit-on opposer Musée des Tissus et Villa Gillet ?

La cohérence d’une culture… subventionnée

Cet article est en accès libre. Pour soutenir Rue89Lyon, abonnez-vous.


Quand on cultive un jardin et que l’eau manque, doit-on réfléchir à couper l’arrosage d’une petite zone entretenue au profit d’un autre massif de fleurs, situé plus loin ?

Au conseil municipal de ce lundi, c’est ce qu’ont suggéré des élus de l’opposition à Gérard Collomb, maire PS de Lyon, et à son adjoint à la Culture, Georges Képénékian.

En cause, deux rapports de la chambre régionale des comptes (CRC).

Le premier, publié en septembre dernier, avait épinglé les Subsistances et son directeur, Guy Walter, ainsi que la gestion et la maîtrise par la collectivité de tutelle, la Ville de Lyon, jugées médiocres.

Le second rapport concerne une autre institution culturelle, la Villa Gillet, conduite par le même directeur. Si ce dernier document n’a pas encore été rendu public, ses conclusions ont fuité dans la presse -ce qui a permis aux élus d’opposition de tomber à bras raccourci sur la gouvernance culturelle lyonnaise.

Les Subsistances
Les Subsistances

Dans le même temps, un autre dossier chaud de la culture à Lyon a animé le débat du conseil municipal, celui du Musée des Tissus, qui risque de fermer faute de finances suffisantes. La chambre de commerce et de l’industrie (CCI), organisme de tutelle de cette structure patrimoniale nichée dans le 2è arrondissement, n’a plus de sous et aimerait refourguer la bête à d’autres.

Pour Denis Broliquier, élu dans le groupe d’opposition UDI, il incombe donc à la Ville de Lyon (ou encore à la Métropole) de se saisir du problème. Pas fou, le maire du 2è arrondissement qui sait que les budgets sont réduits partout, a cru trouver une solution, imaginant déshabiller Paul pour habiller Jacques. Raboter davantage encore du côté  des Subs (qui perd déjà 26% de ses subventions) puis de la Villa Gillet, pour verser un peu du côté du Musée des Tissus.

Pas si simple.

Georges Képénékian à la conférence de presse de présentation du Festival mondial des roses à Lyon.©LB/Rue89Lyon

L’irrigation d’un jardin, pour qu’il reste beau dans son semble, doit se faire de façon régulière et réfléchie. C’est d’ailleurs ce qu’avaient demandé plusieurs acteurs de la culture à Lyon à leur adjoint préféré. Une politique culturelle claire, cohérente, ce qu’ils ne semblent pas avoir vue pour l’heure.

Beaucoup ont signé, et pas des moindres, Opéra, Maison de la Danse, etc., tous se sont sentis visés lorsque les Subsistances ont été privées d’une grosse part de leurs subventions (elles constituent plus de 90% de leur budget total).

C’est la question de la culture subventionnée telle qu’elle a existé jusque là qui se pose donc. Celle qui a permis à une forme de recherche et de création de se développer avec aisance, mais qui, en période de disette, semble si inutile à ses détracteurs -qui la trouvent par ailleurs souvent très absconse.

En attendant, le Musée des Tissus fera l’objet ce vendredi 22 janvier, en préfecture, d’une réunion « exceptionnelle », quasiment « de la dernière chance », selon les termes de Georges Képénékian, afin que ses trésors patrimoniaux ne finissent pas mangés par les mites. La ville de Lyon imagine un consortium public/privé pour sauver le lieu.

L’adjoint à la culture a par ailleurs précisé que prendre ce musée dans le giron de la Ville ou encore de la Métropole, ce serait assumer 1,7 millions d’euros de fonctionnement mais aussi 8 millions d’euros de travaux du lieu, à quoi s’ajoutent 10 à 15 millions d’euros supplémentaires pour la remise en état indispensable de la scénographie de ce musée.

« Pas possible ». Gérard Collomb a déjà débarrassé le conseil général du Rhône du mastodonte Musée des Confluences.

La fête dans le jardin

Au jeu de la patate chaude, les élus savent y faire. Gérard Collomb a suggéré à son tour à Denis Broliquier d’aller voir ses propres amis pour trouver les sous nécessaires à la sauvegarde du Musée des Tissus. Et pourquoi pas, parmi eux, un certain Laurent Wauquiez, nouveau président (Les Républicains) de la Région Auvergne-Rhône-Alpes.

Ce dernier, fraîchement élu, ne s’est pas encore exprimé sur sa politique culturelle. Il avait toutefois prévenu pendant sa campagne qu’il allègerait de moitié les subventions allouées aux associations (moins 200 millions d’euros, cash), dans le cadre de son plan d’économies global.

Laurent Wauquiez, devant la tempête suscitée par le « rapport invisible mais pas tout à fait de la CRC sur la Villa Gillet », a toutefois pris le temps d’annoncer qu’il regarderait de très près la structure, largement subventionnée par la Région. Nous aurons l’occasion de revenir dessus.

Au conseil municipal de ce lundi, personne ne s’est par ailleurs offusqué de la situation du Musée africain de Lyon, contraint de faire un crowdfunding pour survivre.

Il y a quelques fleurs qui dépérissent et pas tellement de jardinier pour remettre de l’ordre dans tout ça. On le note au passage mais on ne voudrait pas accabler l’adjoint à la culture qui, déjà, ce lundi au conseil municipal, a marmonné un « C’est ma fête ».

 

 


#Culture

Activez les notifications pour être alerté des nouveaux articles publiés en lien avec ce sujet.

Voir tous les articles

À lire ensuite


Partager
Plus d'options
Quitter la version mobile