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Le deuxième roman d’Edouard Louis, Histoire de la violence, est-il bon ?

L’auteur d’ « En finir avec Eddy Bellegueule », un premier roman dont la sortie s’est accompagnée d’une large polémique, publie en cette rentrée littéraire Histoire de la violence.

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Le deuxième roman d’Edouard Louis, Histoire de la violence, est-il bon ?

La lecture de ce deuxième ouvrage autobiographique a enthousiasmé la rédaction d’Hétéroclite. Deux points de vue complémentaires, de Stéphane Caruana et Renan Benyamina.

Edouard-Louis

« Une sorte de retour à l’équilibre »

La lecture du premier roman d’Édouard Louis, En finir avec Eddy Bellegueule, bien que très prenante, nous avait laissé un étrange sentiment de malaise, tant l’expression de la haine envers une famille aux origines modestes s’y exprimait avec violence. Il y avait, bien sûr, derrière ce mouvement de détestation, une haine de soi manifeste, un stigmate profond de la pauvreté et de l’humiliation qui l’accompagne, et en définitive une tentative de s’en débarrasser en l’exposant aux yeux de tous, mais la perception de traces d’arrogance ne permettait pas de nous convaincre tout à fait de la réussite de l’entreprise.

C’est donc avec méfiance que nous abordions ce nouveau roman et il faut bien avouer que son titre grandiloquent, Histoire de la violence, ne le place pas sous les meilleurs auspices.

Or, l’ouvrage surprend, et agréablement. Car si la trame principale du récit est la rencontre fortuite avec le mystérieux Reda un soir de Noël et le vol et le viol qui s’ensuivent, Histoire de la violence permet également à Édouard Louis de revenir sur son enfance, sur ses liens avec sa famille et sur ses origines sociales.

En donnant la parole à la sœur du narrateur, Clara, Édouard Louis offre un nouveau point de vue au lecteur et ouvre une porte à l’autocritique.

Non seulement cette famille conspuée apparait solidaire et généreuse, mais elle n’est pas dupe des poses et parures parisiennes que le narrateur tente de faire siennes, renvoyant l’arrogant à sa propre bêtise, dans une sorte de retour à l’équilibre. (Stéphane Caruana)

 

« Édouard Louis prend soin de l’humanité de son agresseur »

Violent et lui-même fêlé, amant sincère, voleur, névrosé : Édouard Louis prend soin de l’humanité de son agresseur. Il croise Reda une nuit de Noël, alors qu’il rentre chez lui. Les deux jeunes hommes rejoignent rapidement son appartement, font l’amour et connaissance. Au moment des adieux, Reda a volé.

La face est perdue, ou en quelque sorte retrouvée. La complicité laisse place à l’altérité radicale : le Kabyle est un voleur, la victime un lettré. Comme un rappel à l’ordre provoqué par lui-même, Reda met en scène les conditions de sa soudaine transformation en bourreau. Édouard Louis, sans rien atténuer de son effroi, de sa douleur et de son trauma, tente de saisir ce qui a soudain vrillé, d’identifier cette force irrésistible qui divise ce que la parole a lié.

La violence était nichée là, entre Picardie et Méditerranée, entre les livres et les chantiers. Il suffisait de presque rien pour qu’elle n’éclate : une image, un mot, une situation, qui rappellent à chacun son rôle et son destin.

Au moment où la sociologie est attaquée de toute part, confondue avec une prétendue «culture de l’excuse», Édouard Louis signe un très beau livre, démontrant que l’analyse ne déshonore pas les victimes. (Renan Benyamina)

> A lire aussi, l’avis de Laurent Nunez sur Marianne : « Edouard Louis en toute complaisance ».

« Histoire de la violence », d’Edouard Louis (éditions du Seuil).

A retrouver sur heteroclite.org.


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