Quand l’Etat manque d’ambition sur l’enjeu climatique, observez « l’exemplarité » grenobloise. Voici en substance le message délivré par Eric Piolle et plusieurs de ses adjoints, ce mardi 1er décembre, lors d’une conférence de presse à la Bastille de Grenoble, le même jour que l’ouverture de la COP 21 au Bourget.
Selon l’édile écolo de la cité alpine, c’est localement que l’action se révèle la plus efficace :
« À l’heure où les Etats peinent à impulser les changements, c’est ici, dans les villes, que nous pouvons agir pour « décarbonner » et améliorer notre vie au quotidien ».
1 à 2 repas végétarien par semaine dans les cantines en 2020
Puis l’équipe municipale dresse l’inventaire des politiques réalisées ou poursuivies depuis son arrivée aux manettes de la ville, en avril 2014. On retient notamment :
- 1,6 hectares d’espaces verts gagnés sur la ville en 2014 avec 522 nouveaux arbres plantés, notamment en lieu et place de certains panneaux publicitaires supprimés.
- La généralisation de la zone 30km/h aux rues grenobloises, à l’exception de quelques grands boulevards.
- L’objectif de 1 à 2 repas végétarien par semaine dans les cantines d’ici 2020, contre 19 par an en 2014.
- Un plan Lumière mis en place pour l’éclairage public qui permettra de réduire de moitié sa consommation énergétique, en 2022.
- L’élaboration d’un petit livre vert de la Montagne listant 21 actions à entreprendre pour préserver cet environnement, à l’attention de ceux qui la parcourent et des associations sportives.
Un recours contre l’élargissement de l’autoroute urbaine
Mais quand le satisfecit s’interrompt, c’est le vieux dossier du cerclage autoroutier de Grenoble qui fait à nouveau grincer.
En août dernier, le gouvernement a passé avec les sociétés autoroutières APRR et AREA un accord de concession, de création et d’entretien de l’A480, l’entrée ouest de Grenoble quotidiennement paralysée par l’afflux routier. La convention prévoit l’élargissement de cette portion en 2×3 voies.
Fiers de leurs farouche opposition à un précédent projet de contournement nord de Grenoble sous la Bastille qui ne s’est jamais fait, les écolos et leurs alliés de la majorité grenobloise se refusent à une nouvelle mise en chantier.
Eric Piolle annonce avoir déposé un recours gracieux auprès de Manuel Valls, à ce sujet. Il sera défendu par Corinne Lepage, l’avocate et ancienne ministre de l’environnement de Jacques Chirac. Comme une annotation de professeur, le communiqué défendant le recours donne la leçon :
« Puisse-t-il suffire à mettre les actes de l’Etat en cohérence avec ses discours sur l’enjeu climatique et de lutte contre les pollutions sonores, visuelles et aux particules ».
La gauche silencieuse, la droite monte au créneau
Si l’on pouvait s’attendre à voir l’opposition de gauche défendre l’engagement du gouvernement, elle est finalement restée absente de ce débat. Chez les socialistes, toutes les forces vives semblent affectées aux dernières batailles de la campagne régionales.
C’est en revanche à droite que les réactions se sont fait entendre. Depuis le basculement du département de l’Isère dans le camp des Républicains, Jean-Pierre Barbier, son nouveau président, a fait de l’élargissement de l’A480 la pierre angulaire de sa politique de mobilité.
Dans son communiqué, il s’agace du recours d’Eric Piolle :
« Ne rien faire par dogmatisme, conserver le statu quo actuel et brandir la menace d’actions en justice pour faire capoter le projet, c’est inacceptable et irresponsable. La capitale des Alpes et les Isérois méritent mieux que des postures ».
Matthieu Chamussy, le leader de la droite à Grenoble complète :
« Il est utile de souligner que le décret qu’il conteste a été signé…en août. Il lui aura donc fallu attendre plusieurs mois pour contester ce projet qu’il qualifie pourtant de « scandaleux ». En fait, c’est avec son cynisme habituel qu’il attendait la période de la COP 21 et d’être à quelques jours des élections régionales pour faire à nouveau parler de lui… »
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