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Que vaut l’idée de créer un « RER » au sud de Lyon ?

Ce lundi, alors que la campagne en vue des élections régionales est repartie, plusieurs élus de droite présentaient un projet de « RER » pour le sud de l’agglomération lyonnaise.

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Tram-train de l'Ouest lyonnais

L’idée paraît séduisante pour les milliers de personnes qui rejoignent quotidiennement Lyon par ce chemin-là. Mais qu’en est-il de sa faisabilité ?

Dans sa mairie d’Oullins, le sénateur-maire (Les Républicains – LR) François-Noël Buffet a réuni une brochette de maires voisins, tous de droite ou du centre droit, pour présenter à la presse une idée qui doit « désengorger » les axes routiers saturés du sud de Lyon.

Celui qui présente le projet est le nouveau maire (LR) de Grigny, Xavier Odo.

L’idée est d’offrir une « alternative à la voiture » aux « 120 000 habitants » d’un axe Condrieu-Oullins en créant une ligne des trains cadencés, sur le modèle des RER parisiens.

Dans les imaginaires de ces élus, il y aurait des trains « toutes les dix minutes », de Condrieu jusqu’à la gare de Perrache de Lyon, en s’arrêtant dans toutes les petites gares. Un ticket unique avec les TCL faciliterait la vie des voyageurs.

Cette ligne seraient mises en place sous l’autorité de la Région Rhône-Alpes (compétentes en matière de Trains express régionaux – TER).

1. Une question de politique régionale

Annoncée le 23 novembre, cette idée est présentée le premier jour de la campagne officielle pour les élections régionales en Auvergne Rhône-Alpes.
Or, pour le moment, cette proposition est portée par seize communes, toutes dirigées par des maires de droite ou du centre. En voici la liste :

  • Tupins et Semons
  • Ampuis
  • Loire sur Rhône
  • Saint Michel sur Rhône
  • Saint Romain en Gal
  • Sainte Colombe
  • Saint Cyr sur Rhône
  • Grigny
  • Chassagny
  • Montagny
  • Vernaison
  • Irigny
  • Millery
  • Pierre Bénite
  • Oullins
  • Charly

Ces élus sont soutenus par Jean-Luc da Passano, vice-Président (UDI) du Grand Lyon et par les députés (LR) Michel Terrot et Georges Fenech.

Sans grande surprise, cette idée venant de la droite a été accueillie très favorablement par Laurent Wauquiez. Le chef de file de la liste Les Républicains en Auvergne-Rhône-Alpes nous a déclaré en marge de la présentation de son programme ce mardi :

« Oui, j’en ai parlé avec François-Noël Buffet. C’est tout à fait le genre de choses qui entre dans ce que vous trouvez dans mon programme, c’est à dire améliorer le quotidien des voyageurs. »

Du côté de l’équipe de Jean-Jack Queyranne, la vice-présidente de la Région en charge des transports, Eliane Giraud, a renvoyé ces élus du sud de Lyon à « leurs chères études » :

« On ne peut pas regarder le transport par train par le petit bout de la lorgnette. Le temps ferroviaire est un temps long. Les « Yaka », « Faucon », ça ne marche pas ».

En clair, même si François-Noël Buffet assure ne pas vouloir faire de ce projet une « question politique », ce « RER » est déjà générateur d’un traditionnel clivage gauche/droite.

2. Les infrastructures existent déjà

Pour le moment, ces 16 communes du sud de Lyon demandent que des études soient réalisées par la Région et la SNCF.

L’inconnu est évidemment l’investissement qu’un tel cadencement implique et qui concerne surtout l’achat des trains.

Car, côté infrastructure, tout « existe déjà », affirment ces maires :

  • une double ligne de train électrifiée
  • des gares, mêmes si certaines sont fermées comme à Loire-sur-Rhône.
  • un pôle multimodal à Oullins avec le métro.

« Il suffit d’acheter le matériel roulant et d’avoir la volonté politique », glisse Xavier Odo, le maire de Grigny, cheville-ouvrière de ce projet.

Bref, le « RER » implique un budget réduit.

Toutefois, ce point positif peut plomber cette idée de « TER toutes les dix minutes dans toutes les gares de la rive droite du Rhône ». Car, comme le souligne la vice-présidente socialiste, il s’agit déjà d’une des lignes de Rhône-Alpes « les mieux desservies » :

« Actuellement, hors période de travaux et aux heures de pointe, on compte un train toutes les 15 minutes pour Lyon-Perrache, Oullins et Givors et un train train toutes les 30 minutes pour Pierre-Bénite, Vernaison et Grigny. La Région doit investir ailleurs ».

Tram-train de l’Ouest lyonnais. ©Damien Renoulet/Rue89Lyon

3. Renforcer la ligne de la rive droite du Rhône n’est pas la priorité

Pour le moment, renforcer l’offre sur une ligne déjà existante n’est donc pas la priorité de la Région, pas plus que de l’Etat.
La priorité, c’est le noeud ferroviaire lyonnais qui est la grande priorité du Contrat de plan Etat-Région (CPER) qui vient d’être signé pour la période 2015-2020.
L’Etat et la Région ont convenu d’investir 421 millions d’euros pour décongestionner ce carrefour ferroviaire qu’est Lyon et la gare Part-Dieu en particulier. Cet argent servira à augmenter la capacité de la Part-Dieu en augmentant notamment le nombre de voies.

Eliane Giraud, qui se représente aux prochaines élections, fait de l’amélioration du noeud ferroviaire le coeur de son projet pour les TER :

« Ce qui bloque dans la région lyonnaise, c’est un réseau surchargé. Si un train a des problèmes, ça entraine un retard sur toute la ligne voire sur d’autres lignes ».

Naturellement, les partisans de ce « RER » au sud de Lyon n’ont pas de budget à avancer puisqu’ils demandent simplement des études. Mais ils restent confiants dans leur capacité à pouvoir faire renégocier le contrat de plan Etat-Région. A voir.


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