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L’Hermine, ou comment ne pas tomber dans le Fabrice Luchini caricatural

Même sous la robe rouge bordée d’hermine d’un président de cour d’assises, il y a un cœur qui bat. Venise porte toujours bonheur au duo Christian Vincent-Fabrice Luchini, que la Mostra a distingué (Prix du Scénario, Coupe Volpi de l’interprète masculin) 25 ans après « La Discrète ».

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L’Hermine, ou comment ne pas tomber dans le Fabrice Luchini caricatural

« L’Hermine » de Christian Vincent

De prime abord, le tableau donnerait presque envie de fuir : Fabrice Luchini dans un prétoire, exerçant sur un public captif une autorité absolue de président, ne risque-t-on pas de subir la logorrhée cancanante d’un comédien s’auto-caricaturant dans une solennité volubile ? D’assister à un film de procès et de procédure virant à la joute oratoire ou à la “performance” — à l’instar de celle qui lui avait valu son César à l’époque de Tout ça… pour ça ! (1993) de Lelouch ?

Ces appréhensions légitimes se dissipent au fur et à mesure de L’Hermine : le rôle de Michel Racine qu’il endosse n’est pas celui d’un discoureur emphatique et péremptoire, mais d’un homme retenu. Emprunté, même. Un de ces personnages plus rares, moins horripilants aussi, qu’il sait tenir — comme chez Leconte dans Confidences trop intimes (2003) — où il a davantage à écouter qu’à parler. Où il est récepteur et non émetteur. Certes, ce président est austère et, de surcroît, grippé, ce qui explique en partie ce jeu tout en understatement. Mais il bénéficie d’une transfiguration lorsqu’il retrouve parmi ses jurés une femme qu’il a aimée.

Luchini lumineux

Après un préambule (un peu pataud, toutefois pas inutile) rappelant le fonctionnement d’une session d’assises et d’un tribunal, tout se déroule dans une unité, celle d’une affaire, sans recours au flashback. Ç’eût pu être une pièce de théâtre ; et le procès jugé (un parricide) finirait presque par passer au second plan, de contexte à décor. Christian Vincent s’en sert, sans en abuser.

En fait, c’est une illumination intérieure qu’il veut filmer, à partir du rien et de l’infime : des troubles impalpables, des attentes. Devant sa caméra, le président Racine fait l’effet d’une ampoule à incandescence grillée depuis des années, dont le filament miraculeusement raccommodé recommence à briller, au grand étonnement de tous. Rien n’est jamais définitif, nous enseigne L’Hermine ; pas plus la vie que la vérité.

La seule certitude concerne les apparences, dont il faut se méfier — comme d’habitude. On en dégage une autre : que le cinéma français a gagné en Sidse Babett Knudsen (transfuge de la série Borgen) une comédienne à la fois inspirante et irradiante. C’est peu dire que la prestation de son partenaire, et donc, L’Hermine, lui doivent beaucoup.

Vincent Raymond sur Le Petit Bulletin.

L’Hermine de Christian Vincent (Fr, 1h38) avec Fabrice Luchini, Sidse Babett Knudsen, Eva Lallier…

 


#Cinéma

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