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Plan froid : à la Croix-Rousse, le préfet ouvre le fort Saint-Laurent aux SDF

Ce lundi, le nouveau préfet du Rhône présentera à la presse son premier plan froid pour la Métropole de Lyon. En amont, Rue89Lyon vous dévoile les grandes lignes de ce plan qui va fortement augmenter le nombre de places d’hébergement… mais restera insuffisant pour trouver un toit aux centaines de SDF lyonnais.

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Le fort Saint-Laurent à la Croix-Rousse, à Lyon. ©LB/Rue89Lyon

En termes comptable, le plan froid 2015/2016 est plus généreux que tous les plans hivernaux précédents. Au total, 1200 places supplémentaires seront mobilisables à Lyon jusqu’à la fin du mois de mars pour la bagatelle de 3,7 millions d’euros.

En 2014/2015, 841 places avaient été annoncées dans l’agglomération lyonnaise et 800 au cours de l’hiver 2013/2014.

Cette année, 150 places de gymnase en cas de grand froid pourront également être mobilisées. Ces 1200 places seront débloquées progressivement tout le long de l’hiver.

En voici la ventilation :

  • 250 places en « structures collectives » (villages mobiles, centres d’hébergement d’urgence temporaires),
  • 339 places en « logements diffus »,
  • 530 places d’hôtel,
  • 50 places en deux « haltes de nuit » qui permettent de se poser pour la nuit éventuellement sur des lits de camp.


1. La nouveauté : l’ouverture du fort Saint-Laurent à la Croix-Rousse

Le fort ou bastion Saint-Laurent a été « capté » par la préfecture du Rhône pour créer temporairement 90 places destinées à des familles.

Situé place Bellevue, en dessous de l’esplanade du Gros Cailloux à la Croix-Rousse, ce bâtiment en pierres dorées abritait jusqu’à peu le service de santé militaire de Lyon.

C’est le Foyer Notre-Dame des sans-abri (FNDSA) qui sera gestionnaire du lieu qui doit ouvrir « courant novembre » selon le porte-parole de l’association lyonnaise.

Il devra fermer ses portes à la fin du plan froid, tout comme une ancienne caserne de pompiers de Villeurbanne qui accueillera pour le troisième hiver consécutif 90 places également destinées aux familles.

Le fort Saint-Laurent à la Croix-Rousse. ©LB/Rue89Lyon

2. Locaux vacants et recours massif à l’hôtel : une continuité préfectorale

Nommé préfet du Rhône par le même gouvernement, Michel Delpuech est arrivé à Lyon exactement à la fin du plan froid mis en place par Jean-François Carenco, le 31 mars dernier. Il a donc logiquement prolongé la politique de son prédécesseur qui passe par :

  • La mobilisation des locaux vacants issus du patrimoine de l’Etat. Le préfet Carenco avait notamment utilisé l’ancienne caserne de gendarmerie Raby, à Bron, toujours libre au grand dam de certaines associations.
  • Le recours massif aux chambres d’hôtel même si on sait qu’elles reviennent plus chères à l’Etat et qu’elles ne permettent pas un accompagnement social satisfaisant. Le préfet Delpuech a même augmenté le dispositif hôtelier qui passe de 310 places programmées en 2014 à 530 en 2015.
  • Des expulsions avant et après le plan froid. Même si la trêve hivernale (du 1er novembre au 31 mars) ne protège pas des occupants « sans droit ni titre », les deux derniers préfets du Rhône ont eu tendance à ne pas évacuer des squats en hiver. Ils le font avant et après. Michel Delpuech a procédé à des expulsions au printemps et à deux reprises en octobre dernier à Lyon et à Bron.

3. Recours aux « logements diffus » : la marque du préfet Delpuech

Jean-François Carenco avait fait du maintien de certains squats et bidonvilles « qui ne posent pas de problème » le marqueur de sa politique d’hébergement hivernal.

Quant à Michel Delpuech, il mène depuis septembre une politique de relogement de certains occupants de trois bidonvilles roms de l’est lyonnais, malgré les fortes oppositions. Ce programme de « villages d’insertion » doit permettre de reloger environ 160 personnes dont 80 sur le terrain d’un fort à Saint-Genis-les-Ollières.

Surtout, pour ce plan froid 2015/2016, on assiste au retour du recours aux « logements diffus » qui étaient utilisés à dose homéopathique jusque là.
Le principe consiste à loger des SDF dans un appartement vide, temporairement, le temps que des travaux commencent ou à plus long terme.

Armée du Salut, Alynea, Habitat et Humanisme, Entraide Pierre Valdo,… toutes les grandes associations lyonnaises (à une ou deux exceptions près) sont mobilisées pour capter, chacune, une cinquantaine de logements dans le parc social pour y mettre des familles. Au total, 339 places vont être proposées à des familles.

Lors de l’hiver 2013/2014, au niveau national, 61% des demandes d’urgence faites au 115 n’ont pas donné lieu à un hébergement. Ce taux était largement supérieur dans le Rhône malgré l’augmentation du nombre de places cet hiver-là.

4. Un plan froid déjà insuffisant

Malgré une augmentation du nombre de places pour ce plan froid 2015/2016, on peut d’ores et déjà affirmer qu’il ne sera pas suffisant pour faire face à la demande d’hébergement. Tous les indicateurs sont dans le rouge.

Selon les chiffres que nous a communiqués la préfecture, au 30 septembre, 8670 personnes avaient formulé une demande d’hébergement auprès de la Maison de la veille sociale (MVS) et n’avaient pas obtenu de réponse. Soit + 12% par rapport à septembre 2014.

Surtout, 2 078 ont appelé le 115 les quinze derniers jours du mois d’octobre sans qu’on leur trouve un abri. On les nomme les « sans solution ».

Mais la préfecture du Rhône tient à relativiser cette insuffisance du plan froid :

« Parmi ces personnes sans solution, il y a des personnes mal logées qui vivent chez des tiers ou en squats. Ceux qui n’ont pas du tout d’hébergement sont environ 200 sur l’ensemble de l’agglomération lyonnaise. 90% sont des hommes isolés ».

Le préfet du Rhône, Michel Delpuech, affirme, via son service com’, qu’il est « particulièrement vigilant » sur cette question et « veut faire le maximum pour ne pas laisser de gens dehors ».

La porte-parole de la préfecture veut également souligner que cet « effort » pour le plan froid vient en plus des moyens mobilisés pour héberger les Roms, les demandeurs d’asile, les réfugiés syriens qui devraient prochainement arriver dans la région.

Dans une récente lettre ouverte au Premier ministre, le Collectif des Associations Unies (qui regroupe 34 grandes associations) « alerte » sur cette « extrême saturation des centres d’hébergement » notamment à Paris et Lyon :

« Des places en hébergement ou de logement adapté ont été créées en application des plans « Migrants », « sortie d’hôtels » et à la fin de la campagne hivernale 2014-2015, mais ces réponses, insuffisantes en volume, ne permettent pas de satisfaire tous les besoins des personnes sans abri et mal logées. »

Et les associations pointent, une fois de plus, une « gestion au thermomètre de l’exclusion » qui aboutit à « la remise à la rue des personnes, le printemps venu ».


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