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520 euros, le prix d’une concession pour 15 ans : comment Lyon gère ses morts

Ce n’est pas qu’on veuille se porter la poisse, mais la question nous a déjà été posée plusieurs fois : comment Lyon gère-t-elle ses morts ? Quel est le prix d’une concession ?

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Maître Philippe Loyasse-cimetiere Loyasse-Lyon

Quel est le rapport enterrements/incinérations à Lyon ? Comment la municipalité s’organise avec l’espace des cimetières ? Voici des éléments de réponses, au cas où, et on vous souhaite surtout une bonne santé.

Jean-Pierre Cornu, directeur des cimetières lyonnais, a répondu à nos questions un poil embarrassées. Il nous a tout de suite annoncé que « la ville de Lyon gère bien ses morts ». Rassurant.

Au même titre que la mort fait partie de la vie, pour se lancer dans un poncif, sachez que la gestion de nos défunts fait partie de l’organisation spatiale et urbanistique d’une ville.

« Pas de souci pour les 50 années à venir »

« On a une stratégie de reprise et de gestion des espaces qui est bonne à Lyon », nous assure Jean-Pierre Cornu :

« On arrive à subvenir à nos besoins à l’intérieur de nos cimetières communaux [et] pour le moment par rapport aux apports de population que connait la ville, nous ne sommes pas submergés. Nous n’avons donc pas de souci à avoir pour les 50 années à venir ».

Ce qui n’est d’ailleurs pas le cas de toutes les communes. Certaines sont plus ou moins prises à la gorge, les disponibilités foncières étant quasi inexistantes, il est souvent très compliqué d’agrandir des cimetières. Souvent construits à une époque où ils n’étaient pas encore confinés entre un immeuble et un carrefour, il est aujourd’hui inenvisageable d’étendre leurs surfaces, que ce soit à cause de contraintes immobilières ou d’urbanisme.

Mais ces problématiques ne semblent pas concerner la ville de Lyon, puisqu’à « l’intérieur de nos cimetières intra-muros :

« On a de l’espace, il n’y a pas de souci » conclut alors le directeur, pas peu fier.

Monument du nouveau cimetière de la Guillotière.

Plus de crémations à Lyon qu’au niveau national

Le choix est très personnel : inhumation ou crémation ? La tendance tendrait de plus en plus vers la seconde proposition, sans pour autant que cela ne devienne le réflexe premier.

Globalement, sur Lyon, il y aurait 3000 décès par an, selon Jean-Pierre Cornu. Sur ce chiffre, il faut compter à peu près 1700 mises en bière, et le reste serait des incinérations.

« On est à peu près à 30-40% de crémations à Lyon », calcule le directeur des cimetières.

Ce qui est supérieur aux chiffres nationaux, qui se situeraient « aux alentours de 28% ». Cependant toutes les régions de France et de Navarre ne sont pas en situation d’éaglité sur la question, qui dépend de la présence ou non de crématoriums sur le territoire.

Jean-Pierre Cornu nous en dit plus :

« Si vous allez dans la Haute-Loire par-exemple, il vous faudra peut-être faire 100 ou 200 kilomètres pour trouver un crématorium. Autour de Lyon, nous en avons deux qui fonctionnent bien : un à Lyon et un à Bron. Il y en a d’autres au Nord ou au Sud de l’agglomération, et un dans l’Isère aussi. Cela favorise le choix des familles. »

Il conclue alors en affirmant qu’il y a certaines « régions de France où la tradition de la crémation a davantage pris, comme l’Alsace, la Lorraine, dans le Nord. Dans les régions du Sud, c’est moins développé. »

De l’emplacement discount à la concession à perpétuité

« On a beaucoup de tarifs » lance Jean-Pierre Cornu.

Pour répondre aux différents voeux émis par les familles. Après avoir choisi entre enterrement ou incinération, d’autres critères rentrent en jeu : pour quelques années ou à perpétuité, au large des côtes ou sous un rosier.

Les tarifs à Lyon n’avaient pas été revus depuis plusieurs années, ils viennent de l’être, à la hausse, en mars 2015. Pour un enterrement, le moins cher est un emplacement de 2 mètre carré, pour 15 ans. Il est passé de 503 euros à 520 euros.

« On peut y mettre une, voire deux personnes, c’est tout », précise Jean-Pierre Cornu.

Ensuite si on double la durée, cela monte à 1300 euros. Et pour prendre à perpétuité, c’est 7000 euros.

Et pour les incinérations ? Il existe divers équipements, de la case columbarium (« vous savez, c’est une petite niche dans laquelle vous mettez les urnes », illustre Jean-Pierre Cornu) dont le prix de base est de 265 euros, au rosier de dispersion :

« Vous achetez un rosier en pleine terre pour 210 euros, sous lequel on place l’urne. En revanche, là ce n’est pas comme pour les concessions ou le columbarium, ce n’est pas renouvelable, vous ne pouvez le faire qu’une fois ».

Pour les petites bourses, il est possible d’opter pour une « dispersion toute simple dans un espace dédié ». Ce sera moins clinquant mais beaucoup plus économique, puisque cela revient aux alentours de 10 euros.

Et si vous souhaitez sortir des sentiers battus, il est possible de disperser soi-même les cendres dans le lieu de votre choix. Il faut cependant veiller à ce que cela ne soit « pas dans un espace public, et au-delà de 300 mètres des côtes si c’est dans la mer », précise Jean-Pierre Cornu.

Couronne funéraire trouvée sur une plage. © J.Briand/Rue89Lyon


« Un jardin des souvenirs »

Lorsque le temps de location d’une concession est arrivé à son terme, la famille a deux choix :

  • soit repayer et alors renouveler la concession ;
  • soit abandonner l’espace et le laisser à disposition de la commune, qui peut de nouveau en re-disposer pour le réattribuer à une autre famille. Ça s’appelle une « reprise administrative ».

Un question découle alors de cette seconde alternative : que fait-on des restes du ou des défunt(s) ?

Jean-Pierre Cornu détaille :

« On enlève tout : on enlève le monument et on procède à une exhumation des corps. À partir de là il y a deux cas :
– si la famille n’est pas opposée à la crémation des restes, on incinère et on disperse dans le jardin des souvenirs, qui est fait pour ça ;
– sinon, si il y a une opposition à la crémation, on dépose les restes dans un ossuaire. »

Cependant la direction des cimetières laisse « deux ans de réflexion » à la famille lorsqu’une concession arrive à son terme.


Des besoins métropolitains

Ces choix d’ordre privé dépassent donc la sphère de l’intime, puisqu’ils influencent directement les problématiques de gestion de l’espace. Qu’on décide d’une incinération ou d’un enfouissement, cela ne signifie pas la même chose en terme de gestion de cimetières.

Jean-Pierre Cornu souhaiterait d’ailleurs ouvrir le débat : actuellement ces questions se pensent à l’échelle de chaque commune, et même s’il existe déjà deux cimetières communautaires à Lyon (Bron et Rillieux-la-Pape), elles ont vocation à « regrouper les besoins de plusieurs communes », et ainsi gérer les choses au niveau de l’agglomération de manière systématique. Il précise :

« La création d’un nouveau cimetière est liée à autorisation du préfet. Et il est clairement plus simple de prendre en compte les besoins de plusieurs communes que d’une seule, surtout quand vous avez des grosses agglomérations qui deviennent des métropoles. »


#Cimetière

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