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A Lyon, la question des réfugiés excite l’extrême droite radicale

La question des migrants puis celles des réfugiés syriens a mis en ébullition l’extrême droite radicale, dans un contexte de forte concurrence entre ces groupuscules toujours aussi bien implantés dans leur fief lyonnais.

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Les identitaires lyonnais devant le local de campagne de Jean-Jack Queyranne le 24 septembre. ©DR

L’occasion était trop belle pour faire parler de soi et montrer son activisme. Les militants de l’ultra-droite ont vu dans les récents événements la validation de leurs thèses xénophobes allant de la dénonciation de « l’immigration massive » jusqu’à la promotion de la théorie du « grand remplacement ».

Contrairement au rassemblement parisien du 24 septembre où environ 200 militants ont manifesté devant le consulat allemand contre l’immigration, les mobilisations lyonnaises se sont faites en ordre dispersé.

Querelles de chapelle obligent, ces groupuscules nationalistes ou identitaires se sont lancés dans une grande course à l’échalote. Avec des succès divers sur un plan médiatique.

1. La banderole des hooligans du stade de Gerland

La première action est l’oeuvre de hooligans supporters de l’OL. Samedi 12 septembre, alors qu’un rassemblement se tenait place Bellecour en faveur de l’accueil des réfugiés, une banderole a été déployée dans le virage sud du stade de Gerland, au cours du match Lyon-Lille.

Photo de la banderole « refugees not welcome » publiée le 12 septembre sur le site fdesouche.

Les supporters à l’origine de ce coup sont regroupés au sein de la « Mezza Lyon », un groupuscule proche notamment des identitaires.

L’info a été largement diffusée d’abord sur fdesouche (le principal site de la fachosphère) et sur Twitter puis dans les médias, ce qui a poussé la direction de l’OL à se fendre d’un communiqué, trois jours après, pour « condamner ce message particulièrement odieux ».

2. Le GUD et ses tags anti-migrants

Habitués des agressions racistes, les nationalistes du Groupe Union Défense (GUD) ont opté pour une série d’actions symboliques qu’ils ont cherchées à populariser sur les réseaux sociaux.

Dans la nuit du 14 au 15 septembre, ils ont tagué et « cadenassé » la mairie du 2e et la mairie du 5e arrondissements. Une photo a été publiée sur leur compte Twitter avec cette légende :

« Cette nuit, le GUD a décidé de fermer des mairies de Lyon en raison de leur accord dans l’accueil des migrants ».

Ces militants d’extrême droite ne sont pas à une erreur près : c’est le maire de Lyon, Gérard Collomb, et non les maires d’arrondissement, qui a annoncé sa volonté d’accueillir des réfugiés.

Dans la même soirée, le GUD est également allé inscrire son message anti-migrants et sa croix celtique sur la plateforme d’accueil de Forum réfugiés, la principale association qui suit les demandeurs d’asile et les réfugiés.

Tags anti-migrants du GUD sur la Maison des réfugiés photographiés le matin du 15 septembre, rue Garibaldi, à Lyon. ©LB/Rue89Lyon

Ces actions n’ont eu qu’un tout petit écho dans la presse.

3. La manif anti-immigration avortée des nationalistes

Très discrets depuis la multiplication de leurs démêlés judiciaires, les nationalistes d’Alexandre Gabriac et Yvan Benedetti s’en sont remis à d’autres pour tenter de faire quelque chose.

Un événement Facebook appelant à un « rassemblement contre l’immigration massive » a été lancé le 8 septembre. Le rendez-vous avait été fixé au vendredi 18 septembre à 18h, place des Terreaux.

L’annonce a rapidement été relayée sur l’agenda du site Jeune nation, soit le site Internet qui sert d’organe de communication à Yvan Benedetti et Alexandre Gabriac depuis la dissolution de l’Oeuvre française et des Jeunesses nationalistes.

Le texte de l’appel invite « tous les patriotes » à venir « proclamer leur refus de cette invasion » :

« Les français refusent de se soumettre au diktat d’Angela Merkel qui souhaite imposer à l’Europe le lourd fardeau de l’immigration massive ».

Parmi les slogans suggérés, « Les nôtres avant les autres » ou encore : « Je veux rester Français en France ».

Ces nationalistes doivent remercier le préfet du Rhône qui leur offert une publicité inespérée en interdisant, la veille, le rassemblement (qui ne faisait jusque là l’objet d’aucune déclaration) et en le faisant savoir dans un communiqué de presse :

« Ce projet de rassemblement, non déclaré en préfecture ce qui est contraire à la loi, a été relayé par des associations d’extrême-droite qui ont été dissoutes comme l’Oeuvre Française ou Jeunesse Nationaliste, et affiche clairement une position contraire aux valeurs républicaines ».

De Lyon Capitale à Lyon Mag, en passant par Le Progrès ou Reuters (via lefigaro.fr), la presse a largement relayé le communiqué d’interdiction de la préfecture alors que ce rassemblement n’intéressait que 138 personnes sur Facebook.

Le vendredi soir venu, malgré l’interdiction, ils étaient une vingtaine à se réunir brièvement. Des personnes d’horizons divers. Tous ne se connaissaient visiblement pas : royalistes, Enfants des Terreaux (anti-mariage gay), nationalistes version Benedetti mais pas de GUD ni d’identitaires. Des tracts du FN ont été distribués.

4. Les identitaires devant le local de Jean-Jack Queyranne

Les derniers à faire parler d’eux ont été les identitaires. Souvent très prompts à réagir à l’actualité, ils se montrent plus prudents pour organiser des manifestations depuis l’échec de leur tentative d’importer le mouvement allemand anti-immigration Pediga.

En janvier dernier, le rassemblement anti-islam initié par les identitaires lyonnais au lendemain de l’attentat à Charlie Hebdo n’avait rassemblé que quelques dizaines de personnes. Heureusement que des supporters de l’OL étaient venus faire le nombre.

Jeudi 24 au soir, c’est donc en mode « stade de foot » (avec fumigènes) et en petit comité que les identitaires ont tenté de bordéliser le premier « rassemblement de campagne » qui avait lieu au local de Jean-Jack Queyranne, quai Jean Moulin, dans le 2è arrondissement de Lyon.

Après le député PS Jean-Louis Touraine, les identitaires ont en effet le président PS de la région Rhône-Alpes dans le nez depuis qu’il a annoncé vouloir accueillir des réfugiés dans l’ancien siège de la Région à Charbonnières.

Les identitaires lyonnais devant le local de campagne de Jean-Jack Queyranne le 24 septembre. ©DR

Durant quelques minutes, une quinzaine de militants identitaires ont déployé une banderole « stop immigration » et entonné des slogans.

Le groupe était mené par le surnommé Merc, au mégaphone. Membre de la Mezza Lyon, il a participé aux raids à Saint-Etienne, avec tags nazis sur le local des Magic fans (le groupe de supporters des Verts) et dégradations de voiture.
En mai 2013, le tribunal correctionnel de Lyon l’avait condamné à 18 mois de prison avec sursis pour s’en être pris à une photographe indépendante et à deux policiers lors d’une manifestation contre le mariage aux gays.

Les liens tissés entre supporters du virage sud de Gerland et identitaires subsistent, malgré la concurrence des autres groupuscules.

La presse locale a largement relayé ce nouveau coup de com’ des identitaires.

 


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