L’écrivain y décrit avec des mots simples cette forme de maladie contemporaine : le vertigineux sentiment d’en avoir beaucoup trop à faire, jusque là et encore davantage. D’être débordé. A la limite du burn out, pour user d’un terme lui aussi issu du champ lexical de la « vie active ». Hyperactive et hyper-ventilée, même.
Et voilà que tombe cette étude. Le mot « étude » est peut-être d’ailleurs quelque peu galvaudé dans le cas présent ; n’empêche que ses résultats ont stoppé quelques secondes le fol élan dans lequel nous sommes lancés chaque jour dès l’aube -qu’est-ce que vous croyez nous aussi on est débordés.
Une agence de communication s’est lancée dans un vaste sondage destiné à (enfin) lever le voile. C’est Slate qui le rapporte : Havas Worldwide a interrogé dix mille adultes dans vingt-huit pays et leur a demandé de dire la vérité vraie : « est-ce que parfois, ils n’exagèrent pas un peu quand ils disent que leur planning est surchargé ? ».
« Avoir une vie qui a du sens »
Le verdict tombe (sans beaucoup d’explications) : 60% des personnes ayant participé au sondage affirment qu’elles ne sont pas aussi occupées qu’elles le prétendent. On note que 65% des jeunes seraient d’accord avec l’affirmation : « la plupart des gens font semblant d’être plus débordés qu’ils ne le sont ».
Les auteurs du sondage corrèlent ces conclusions au fait que les employés qui ont l’air les plus débordés sont bien vus voire récompensés au sein des entreprises :
« Notre problème avec le temps, ce n’est pas tant que nous n’en avons pas assez, mais plutôt que nous associons le fait d’être débordé avec le fait d’avoir une vie qui a du sens ».
Tim Kreider a, quant à lui, ainsi décrit le mal :
« Être débordé, c’est une assurance contre le vide existentiel. Comment est-ce que votre vie pourrait être banale, insignifiante ou dépourvue de sens si vous êtes complètement débordé, occupé 24h/24, sollicité de toutes parts ? Je ne peux pas m’empêcher de me demander si toute cette agitation histrionique ne sert pas juste à cacher que bien souvent, ce que nous faisons n’a aucune importance ».
On parlait de maladie contemporaine ? Ce texte de Tim Kreider est tissé d’après son infinie petite expérience personnelle. Avec cette forme, il semble vous avoir touchés.
Aux gens débordés mais aussi à ceux qui ne se sentiraient « pas assez débordés », on conseille bien humblement de le relire encore. Pendant la pause.
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