Article publié initialement le 7 août 2015
C’est le maire de Valence dans la Drôme, Nicolas Daragon (LR), qui a sollicité à la fin du mois dernier le ministère de l’écologie. Il demande une vitesse autorisée de 90km/h sur le tronçon de l’autoroute A7 qui traverse sa ville. La vitesse y est déjà limitée à 110km/h mais en voulant la réduire encore davantage il entend lutter contre les nuisances sonores mais aussi la pollution atmosphérique que subissent les riverains. Selon lui, cette pollution générée par le trafic très important sur une des autoroutes les plus empruntées d’Europe, est à l’origine de 55 morts par an dans l’agglomération.
Pour appuyer sa demande, il a sollicité d’autres maires à travers la France concernés par ces portions d’autoroutes urbaines et notamment celui de Lyon. A Lyon, la problématique reste toutefois différente. La vitesse est déjà limitée à 90km/h sur la portion urbaine de l’A7 et même à 70km/h à certains endroits. L’enjeu depuis de nombreuses années consiste à parvenir, enfin, à réaliser le grand contournement de la ville.
Mais le maire de Valence n’est pas le seul élu de la région à demander une telle mesure. Eric Fournier (DVD), maire de Chamonix en Haute-Savoie, va également dans ce sens. Il demande d’abaisser, de façon permanente, la vitesse autorisée sur l’A40 au pied du Mont-Blanc de 90 à 80km/h.
Selon lui, cela :
« permettrait de réduire de 5 à 10 % les émissions d’oxyde d’azote à la sortie des pots d’échappement ».
L’exemple de Paris et la prise de conscience du coût de la pollution
Ces demandes de maires de villes traversées par des grands axes autoroutiers intervient notamment après les premiers bilans de l’initiative parisienne. En janvier 2014, la vitesse autorisée sur le périphérique parisien est passée de 80km/h à 70km/h. Au début de l’année 2015, les premières études ont montré un effet plutôt positif avec notamment :
- une baisse des nuisances sonores
- une baisse des accidents
- une hausse de la vitesse moyenne et un trafic plus fluide
En revanche, il n’est pas encore démontré une baisse de la pollution atmosphérique mais la maire de Paris la juge « mécanique » et l’estime à 5%.
Autre facteur déclencheur de ce mouvement de certains élus, la publication il y a quelques semaines d’un rapport de la commission d’enquête sénatoriale sur le coût financier de la pollution. La pollution, notamment atmosphérique, serait responsable de 40000 décès prématurés en France chaque année et son coût sanitaire est estimé entre 68 et 98 milliards d’euros.
Une étude de chercheurs chercheurs de l’Ecole des hautes études en santé publique, lancée en 2009, avait montré dans ses premiers résultats publiés en 2012, que la pollution touchait notamment à Lyon les catégories de la population les plus pauvres, souvent concentrées aux abords des grands axes routiers et autoroutiers.
Le soutien annoncé de Ségolène Royal et la réponse en septembre ?
Dans ce contexte, les élus mobilisés et concernés par cet enjeu sur leurs territoires, ont reçu le 2 août dernier le soutien de la ministre de l’écologie, Ségolène Royal. La ministre s’est félicitée de cette démarche. Et elle s’est dite prête à confier cette responsabilité aux maires concernés.
« Cette initiative montre que les élus locaux sont conscients des enjeux et prêts à prendre leurs responsabilités pour lutter contre la pollution. »
Elle a ainsi fait savoir qu’elle donnerait un avis favorable à la demande des élus et notamment celle du maire de Valence. Les réponses ne devraient pas tarder à arriver puisque Ségolène doit annoncer des mesures pour lutter contre la pollution, annoncées au moment de la publication du rapport de la commission sénatoriale, à la rentrée.
Les maires pourront en faire la demande aux préfets
Lundi 24 août, la ministre de l’écologie Ségolène Royal a annoncé la mise en place de cette mesure de limitation de vitesse sur les autoroutes urbaines. Pour l’instant pas de calendrier précis pour son entrée en vigueur mais la ministre en a précisé les modalités.
- les maires concernés par ces tronçons d’autoroutes urbaines et qui souhaitent y limiter la vitesse pourront en faire la demande aux préfets.
- Ce sont donc les préfets qui prendront la décision mais Ségolène Royal a annoncé que son ministère et celui de l’Intérieur donneront « des instructions » aux préfets en ce sens.
- Pour décider d’une telle mesure, des « circonstances de pollution » devront être remplies.
> Article mis à jour le 25 août avec l’annonce de Ségolène Royal
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