c’est l’histoire d’un accouplement entre une demeure bourgeoise lyonnaise du XIXe siècle et un immeuble de bureaux du XXIe. Au 53 boulevard des Brotteaux, le promoteur a construit autour de la villa qui a été encastrée dans le nouveau bâtiment. Article initialement publié le 8 août 2014
Vous l’avez peut-être déjà entraperçue en passant par le boulevard des Brotteaux. Une curieuse maison, littéralement englobée par un grand immeuble récent construit autour. C’est la maison Valla, aujourd’hui renommée « Mad House ». Ce bâtiment est le mélange étrange d’une maison bourgeoise du XIXe siècle avec un immeuble contemporain de bureaux à l’architecture assez banale.
Son histoire n’a pourtant pas toujours été aussi folle.
La trace d’un petit capitaine d’industrie lyonnais
La demeure a été construite en 1888-1889 pour un petit industriel lyonnais, Roland Valla. Celui-ci possédait une usine de graisses minérales à l’angle de la rue Ney et du cours Lafayette.
Cette jolie maison, quoique très classique, est surtout intéressante pour les traces de l’histoire industrielle de Lyon qu’elle comporte.
Si les villas des grands industriels lyonnais de la fin du XIXe siècle sont connues, comme la Villa Lumière, la Villa Gillet ou la Villa Berliet, les habitations des industriels plus modestes ont pour la plupart disparu. La maison Valla est l’un des derniers spécimens.
Un compromis entre le promoteur et le petit-fils Valla
Mais pourquoi est-elle aujourd’hui enchâssée dans un immeuble? Jusque dans les années 1990, la maison était habitée par les descendants de Roland Valla. Mais il y a une quinzaine d’années, sa tranquille histoire a été bouleversée. Un promoteur, la société Capri, a décidé de la racheter. Un projet de construction d’un immeuble à son emplacement a rapidement vu le jour. La maison Valla était vouée à être rasée et à disparaître.
C’était sans compter la ténacité du petit-fils Valla, qui s’est battu pour que la demeure de son enfance soit classée comme monument historique. L’architecte des Bâtiments de France s’est rangé de son côté, et n’a eu aucun mal à la préserver grâce à son emplacement à proximité de la gare des Brotteaux, elle-même inscrite aux monuments historiques.
Le compromis trouvé entre la famille Valla et les promoteurs est original : construire l’immeuble tout en conservant la maison. L’ensemble érigé en 2003 fait 350 mètres carrés, sur trois niveaux.
L’agence Nexity, aujourd’hui bailleur du bâtiment, précise:
« L’immeuble et la maison forment maintenant un tout, et sont loués en tant que lot. Une porte au deuxième étage de la maison communique ainsi avec l’immeuble ».
Une agence de com’ flaire le bon coup
La maison Valla est occupée depuis 2010 par les bureaux de l’agence de communication Arc qui l’a rebaptisée « Mad House » en en faisant sa carte de visite. Nous l’avons visitée pour voir ce qu’il restait du décor intérieur d’époque.
C’est indéniable, avec la rénovation, la maison a certainement perdu d’un charme suranné. Quelques pièces conservent toutefois des marques de sa vie passée : belles boiseries, moulures, et cheminées. Le décor est surtout visible dans les pièces en façade : salle à manger et salon au rez-de-chaussée, chambres à l’étage.
Le plus surprenant reste les anciens cabinets de toilette, qui contiennent deux imposantes fenêtres à vitraux, l’une représente l’image de Pallas, l’autre de Junon. La légende raconte que tous ces éléments décoratifs auraient été dessinés par Roland Valla lui-même.
L’anti-guide du Routard de Lyon
Rue89Lyon explore une autre face de Lyon. Nous vous convions à emprunter les chemins qui ne figurent pas dans le Routard ou pour lesquels les guides touristiques ne font que de pauvres mentions. Outre le fait que ces lieux insolites, décalés, méconnus (choisissez le qualificatif) doivent raconter une histoire, nous avons fixé comme seul critère qu’ils doivent être accessibles au public ou, au moins, être visibles de l’extérieur.
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