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Numéro 8 d’avenir, Tolisso marque la fin de la quête du « nouveau Juninho »

Dans une interview récemment donnée à France Football, Corentin Tolisso a commenté le fait qu’il ai récupéré depuis l’intersaison le numéro 8. Il affirme ne pas se prendre la tête malgré la pression. Il aurait tort de se prendre la tête : il était le candidat idéal. Voici pourquoi.

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Numéro 8 d’avenir, Tolisso marque la fin de la quête du « nouveau Juninho »

La remise en circulation du numéro 8 a été sobrement annoncée par Tolisso en personne via son compte twitter, le 18 juillet dernier.

Corentin Tolisso, c’était le bon profil pour récupérer le numéro sacré à l’OL : Bon gars, jeune, discret, technique et plein d’abnégation.

Gerland l’a acclamé face à Milan avant même qu’il ne démontre à quel point ce nouveau statut le rend libre, y compris d’aller tenter des tacles acrobatiques à 1 contre 3 -avec réussite- dans la partie de terrain adverse.

Ce fameux 8, le numéro de Juni, forcément sacré à Lyon. Si sacré (moins que le 14 de Cruyff, plus que le 21 de Diawara ; pour donner une idée aux non-lyonnais) qu’on se demande parfois pourquoi le club ne l’a pas fait retirer (« surtout pour le filer à Gourcuff derrière » diront les mauvaises langues).

A l’entraînement, Corentin Tolisso porte encore son numéro 24, pour le moment © LM/Rue89Lyon

Ce serait oublier trop vite à quel point retirer des numéros entre 1 et 11 constitue une entorse à la symbolique du foot depuis l’époque où le mot « 10 » désigne un poste (Pelé, le pionnier de la légende du numéro 10 jouait plutôt 9 d’ailleurs, mais passons).

Avoir eu Milan en face avant de parler numéro, c’est aussi un symbole marrant : pionnier du retrait symbolique, le Milan ne distribue plus ni 6 (Baresi) ni 3 (Maldini). Avec le résultat que l’on connaît, dont certains se foutent mais que d’autres déplorent : le développement de la « culture des numéros à la con ». Ça ne vous évoque rien ? Quelques exemples de numéros portés à Milan :

  • Le 81 (Zaccardo)
  • Le 91 (Bertolacci)
  • Le 98 (Mastour)
  • Le 99 (Castellon)
  • Le numéro complémentaire, le 70 récemment choisis par Carlos Bacca (70 ? Vraiment?) alors que le 12 ou le 14 étaient libres par exemple. Passons.

La malédiction des « Nouveaux Zidane »

Tout joueur de légende, que ce soit dans un club de district ou une nation championne du monde, laisse derrière lui une sorte de fantôme. La pression perpétuelle de la comparaison du nouveau avec l’ancien.

En France, on appelle ça couramment l’effet « nouveau Zidane » qui fait encore chaque année des victimes (Samir Nasri, Hatem Ben Arfa, Kamel Meriem, Marvin Martin pour ne citer que les plus connus.)

Cette pression, loin d’être mystique, vient évidemment de l’exposition médiatique qui caractérise le football d’aujourd’hui. Et le monde en général, mais c’est sans importance ici.

Capture d’un tweet de l’OL, qui a annoncé le nouveau numéro de Tolisso en même temps que celui, moins lourd en symbole, de N’jie

Tolisso est le candidat idéal pour le numéro 8. Précisément car il rompt avec la lignée des « nouveaux Juninho ». Dans l’ordre ? Ederson, Pjanic, Gourcuff (déjà le plus éminent des « Nouveau Zidane » double peine pour lui.) et bien sûr Grenier. Ce dernier, avec intelligence et modestie, a pris le 7 quand il a eu l’occasion de prendre un numéro premium. Tellement moins chargé d’émotionnel, ce 7.

Nous voici donc avec « Coco8 » comme on (comprenez les gens sur twitter) ne manquera pas de l’appeler dés qu’il enchaînera les belles prestations (et les coups francs directs, option livrée en série avec le maillot floqué 8).
Sauf que lui, il ne ressemble pas à Juni, même de loin. Il n’est pas Brésilien, pas même dans son jeu, il est plus un « 6 avancé » qu’un « 10 reculé » et surtout il est dans l’ombre des autres (Lacazette, Grenier, Fékir même). Il est idéal car personne n’attendra jamais de lui ce qu’on attendait de Juni : faire tourner les match tout seul.

Tout ça, il l’a déjà compris, et pas seulement parce que c’est un type intelligent en plus d’être un joueur prometteur. Il l’a compris parce que la « politique jeune » en partie subie par Lyon ces dernières années a renforcé un aspect inhérent à tout grand club : la puissance de l’institution.

Depuis que les joueurs qui font se lever Gerland ont autrefois été des mômes qui se levaient à Gerland, ils savent ce que ça veut dire, de porter un numéro, d’être comparé à un illustre ancien.

Tolisso, un joueur plutôt discret à l’entraînement © LM/Rue89Lyon

Dans l’interview de France Foot, Corentin Tolisso n’a besoin que de quelques mots pour le démonter. En réponse à la question :

« Êtes-vous plutôt Juninho ou Yoann Gourcuff ? »

Il répond, simplement :

« Je suis Corentin Tolisso ! De grands joueurs ont porté ce numéro à l’OL, à moi maintenant de faire de très bonnes choses. »

C’est tout le mal qu’on lui souhaite. Quel que soit le numéro qui flotte dans son dos.


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Photo : Pierre Maier/Rue89Lyon

Photo : LB/Rue89Lyon

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