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5 choses à savoir sur le Sommet mondial Climat et Territoires à Lyon

Le Sommet mondial Climat et Territoires se tient mercredi et jeudi, à Lyon, dans le quartier Confluence. Organisé à cinq mois de la Conférence de l’ONU sur le Climat (COP21) à Paris, ce raout est difficile à comprendre quand on n’est pas initié aux arcanes de ces sommets internationaux. Tentative d’explication.

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1. Le sommet des collectivités locales avant celui des Etats

Après l’échec de Copenhague en 2009, on sait les négociations difficiles pour aboutir à un accord mondial pour (au moins) limiter le réchauffement climatique à 2°C lors du Sommet de Paris, dit COP21.

Dans ce contexte, ce Sommet mondial Climat et Territoires de Lyon se présente comme une « étape-clef » dans le calendrier officiel de la COP21 qui en compte une trentaine.

Cet événement est sous-titré « rendez-vous des acteurs non-étatiques ». Cela signifie qu’il est censé être le lieu où s’expriment les réseaux de collectivités locales et les réseaux d’ONG qui organisent ce sommet.

Côté collectivités, on retrouve par exemple Cités et Gouvernements Locaux Unis (CGLU). Côté société civile, on compte la Confédération syndicale internationale (CSI).

Pendant deux jours, dix ateliers seront co-animés par un binôme collectivité-ONG autour de thème comme l’adaptation, la planification territoriale ou le financement. Ces ateliers (et les documents qui en découleront) exposeront surtout des retours d’expériences de différentes collectivités, comme Medellin et Melbourne pour l’atelier « planification territoriale ».

Les ONG ont également bataillé pour que chaque document comprennent une série d’engagements à destination des collectivités. Ce sont donc bien elles qui seront au centre des discussions lors de ce sommet.

l’Hôtel de la région Rhône-Alpes à Confluence


2. Mettre les mots clés dans l’accord de Paris

L’objectif affiché est de mettre en avant les bonnes pratiques existantes « qui rendent crédible le scénario de limitation du réchauffement de la planète à 2°C ». Autrement dit, rien de nouveau sous la canicule.
Mais la finalité de ce sommet n’est pas là.

Pour continuer le travail de lobbying (ou plaidoyer) visant à faire reconnaître par les Etats le rôle des collectivités territoriales dans la lutte contre le réchauffement climatique, il faut montrer que les collectivités pèsent en faisant le maximum de bruit médiatique.

Charlotte Izard est la responsable des questions climat et territoire au Réseau Action Climat et, à ce titre, une fine observatrice de ces enjeux :

« La déclaration finale de ce sommet doit être signée par le plus grand monde pour que les représentants des Etats mettent dans le futur accord de Paris les mots « collectivités » et « accès aux financements pour les collectivités ». »

Ce raout lyonnais est donc surtout l’occasion de mettre en avant le le rôle des collectivités locales.
Heureusement pour les organisateurs, François Hollande fera le déplacement pour clore la première journée, mercredi à 16h30. Ce qui devrait davantage attirer la lumière.

Benoît Leclair, vice-président de Rhône-Alpes (EELV) délégué au climat, a été l’une des deux chevilles ouvrières de ce sommet. Il avance également une autre utilité. Pour lui, les propositions issues des ateliers pourraient être livrées aux négociateurs de Paris :

« Concernant le financement, on pourrait aller au-delà du Fonds vert pour le climat, promis par les pays industrialisés lors de la conférence de Copenhague en 2009 afin d’aider les pays pauvres à lutter contre le réchauffement climatique. On peut imaginer un fonds abondé par des acteurs infra-étatiques ».

Mais ces propositions n’ont pas vocation à figurer dans l’accord de Paris. Au mieux, ils se trouveront dans l’« Agenda des solutions » qui s’élabore parallèlement aux négociations.


3. Il faut du monde pour la photo

Ce n’est pas la première fois que les réseaux de collectivités locales se mobilisent et se réunissent sur le thème du climat. Depuis huit ans et la rédaction d’une « feuille de route » climat et territoire à Bali en 2007, on assiste à un développement du rôle des acteurs non-étatiques dans les négociations internationales sur le sujet.

Désormais, il faut passer au stade de la reconnaissance. D’où l’importance des personnalités qui feront également le déplacement à Lyon.

Et pour le moment, sur les 800 personnes attendues, c’est plutôt le verre à moitié vide si l’on en croit la liste des invités du maire de Lyon Gérard Collomb au « déjeuner des Maires, Gouverneurs et Présidents de Régions, unis pour le Climat » qui aura lieu le jeudi 2 juillet, au Musée des Confluences.

« Une soixantaine de personnalités » sont annoncées. Dans la liste, on trouve en tête de gondole :

  • Anne Hidalgo, Maire de Paris
  • Khalia Ababacar Sall, Maire de Dakar
  • Kadir Topbas, Maire d’Istanbul
  • Gustova Petro, Maire de Bogota
  • Fatima Ezzahra El Mansouri, Maire de Marrakech
  • Adama Sangare, Maire de Bamako

Puis vient une série de ministres « locaux » de l’environnement, du Québec, de la Californie, du Maroc. Sans oublier Erik Orsenna, l’écrivain engagé sur cette question-là.

Bref, pas de maires ou de gouverneurs régionaux de la Chine, du Canada, des Etats-Unis ou d’Allemagne, pour ne citer que quelques pays du G7 dont on connaît pourtant le poids dans ce genre de négociations internationales.


3. Les mécènes font leur pub

Bernard Soulage, le vice-président (PS) de la Région délégué aux relations internationales, est l’autre élu chargé de diriger cet événement. Interrogé sur le budget, il affirme que le sommet coûte « moins d’un million d’euros, financé pour moitié par la Région Rhône-Alpes et pour moitié par des mécènes ».

Parmi ces mécènes, on trouve Air France, EDF, GrDF, ENGIE (ex-GDF Suez), Veolia ou Schneider Electric. Bref, des entreprises qui ne sont pas toutes connues pour leur politique environnementale exemplaire.

En échange d’une « présence discrète » lors de la conférence, ces mécènes organisent des « événements parallèles » ou « side events » dans le jargon franglais des sommets internationaux.

Ils ont lieu à la Confluence ou dans d’autres lieux de la métropole de Lyon. Les entreprises y vendent leurs prestations aux élus tout en présentant leurs « contributions environnementales », à l’image de Veolia avec son thème « Smart city : des innovations au service du climat ».

Un chantier de la filiale de Veolia « Eau du Grand Lyon » dans le 8e arrondissement de Lyon en avril 2015. ©LB/Rue89Lyon


5. Les associations annulent leur manifestation

Regroupées dans la perspective de la COP21 au sein d’un collectif nommé Coalition climat 21, les associations essaieront de donner de la voix.

Cette Coalition qui rassemble plus de « 140 organisations locales, nationales et internationales incluant des ONG, des associations et des syndicats » prévoyaient un rassemblement le mercredi 1er juillet à 17h, devant l’Hôtel de Région.

Mais « en raison du renforcement du Plan Vigipirate suite aux récents événements terroristes« , le rassemblement a été annulé et remplacé par une conférence de presse.

Globalement, même les associations qui sont impliquées dans l’organisation de ce sommet voudraient davantage d’engagements des collectivités et pas seulement l’énoncée des « bonnes pratiques ». Ce qui expliquait cette volonté de manifester devant l’Hôtel de Région.

Dans leur communiqué, cette Coalition appellent les collectivités territoriales à montrer l’exemple en répondant à la question « que peuvent faire les collectivités locales ? » :

« – Arrêter des grands projets inutiles et imposés tels que le TGV Lyon-Turin, le Grand Stade, etc.
– Mener une politique d’urbanisme qui associe lieux d’habitation, de travail, et commerces en préservant les terres agricoles et l’environnement.
– Mettre fin à la concurrence des métropoles européennes pour attirer équipements et investisseurs et valoriser plutôt l’économie locale ».

Le message est transmis aux élus socialistes locaux, au président de région Jean-Jack Queyranne, défenseur du Lyon-Turin et à Gérard Collomb, promoteur du Grand Stade de l’OL.

 


#Climat

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