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Gérard Collomb rabote pour maintenir le niveau d’investissement de Lyon

Le maire de Lyon l’a martelé : pour son troisième mandat la municipalité investira autant que pour le précédent malgré le contexte budgétaire. Mais la baisse des dotations de l’État l’oblige à économiser. Pour faire des choix (et sacrifices) la mairie a donc présenté ce lundi 15 juin son plan, à l’économie lui aussi et sobrement intitulé : « Marges de manoeuvre ».

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Gérard Collomb avec ue affiche de l'artiste Ben. Crédit : Houcine Haddouche.

Gérard Collomb avec une affiche de l’artiste Ben (rétrospective 2010 à Lyon). Crédit : Houcine Haddouche.

Objectif : économiser 40 millions d’euros par an à l’horizon 2020 pour amortir la baisse des dotations d’Etat sur la période et estimée à 240 millions d’euros. Pour 2015, la ville de Lyon prévoit ainsi d’économiser environ 7 millions d’euros. Tous les portefeuilles seront touchés et le vôtre aussi.

Pour parvenir à maintenir son niveau d’investissement avec moins d’argent, la mairie va commencer par s’endetter, de l’ordre de 100 millions d’euros sur 5 ans. Elle va ensuite « augmenter son autofinancement via un recours au levier fiscal ». Traduction : augmenter les impôts de 5 %. Une mesure qui était annoncée durant la campagne et qui marque chaque début de mandat de Gérard Collomb.

Pour le reste, 172 mesures ont été arrêtées par l’équipe municipale, pour raboter les budgets ou augmenter ses recettes.

Concernant les contribuables, la mairie prévoit notamment deux mesures :

  • la hausse de la taxe d’habitation de 20 % sur les résidences secondaires,
  • la suppression de l’exonération de taxe foncière pendant deux ans pour les logements neufs (hors financement par des prêts aidés, notamment dans le cadre d’une accession à la propriété).

Votre portefeuille sera impacté également à l’entrée des musées et des bibliothèques, à la cantine scolaire de votre enfant à travers une hausse des tarifs et une facturation des absences. Ou encore dans le cadre de locations faites à des associations, puisque la mairie prévoit de leur facturer la mise à disposition de locaux municipaux « si leurs finances sont saines ».

Autre source de recettes : le stationnement automobile. La mairie prévoit de renforcer son contrôle (et donc d’augmenter les effectifs…) pour inciter les automobilistes qui ne le faisaient pas à payer leur stationnement.

Lyon serrera la ceinture à la culture… et au reste

La Ville a détaillé par ailleurs sa baisse des dépenses. Elle se traduira notamment dans les aides aux associations et à la culture. L’Orchestre National de Lyon ou le théâtre des Célestins verront leur budget gelé quand les musées des Beaux Arts et d’Art Contemporain le verront baisser, d’environ « 200 000 euros », selon Georges Képénékian, premier adjoint, en charge de la Culture. Les autres grandes infrastructures comme l’Opéra et les Subsistances verront l’aide de la Ville diminuer.

Des coupes dans la culture qui ont déjà commencé, notamment à travers l’abandon du programme Enfance Art et Langages mettant fin aux résidences d’artistes en maternelle.

Les subventions aux centres sociaux et MJC seront également gelées. Deux maisons de retraite, Viricel et Nérard, seront également fermées.

Les clubs sportifs phares de Lyon, l’Olympique Lyonnais en foot et le LOU en rugby, seront moins aidés par la mairie : 265 000 euros seront ainsi économisés l’an prochain sur la subvention destinée à l’OL par exemple.

La mairie envisage de serrer la ceinture dans ses propres services. Elle annonce ainsi une augmentation maitrisée de sa masse salariale de 2 % par an. Mais cette hausse se traduit dans les faits par une baisse des effectifs de 100 à 150 postes équivalents temps plein sur la mandature. Le personnel des bibliothèques est par exemple visé et doit être compensé par l’automatisation des prêts.

Gérard Collomb justifie son plan d’économie comme une question de survie :

« Certaines communes qui n’ont pas anticipé ce choc financier risquent très vite de se retrouver en situation de cessation de paiement ».

Une situation que ne devrait pas connaître Lyon qui continuera donc d’investir. L’occasion pour le maire de remettre en avant sa gestion et d’affirmer une nouvelle fois que ses « marges de manoeuvre » sont rendues possibles par « la situation saine » de Lyon qui serait la ville « la moins imposée de France » -ce qui n’est pas tout à fait exact, comme nous l’avions pointé.

Part-Dieu, Confluence, Gerland… Que s’y passera-t-il ?

Sur la mandature, la Ville prévoit donc d’investir 600 millions d’euros mais elle ne sera pas la seule à financer les projets réalisés sur son territoire. L’enveloppe de la Métropole pour le secteur Lyon-Villeurbanne est équivalent, de l’ordre de 545 millions d’euros.

Parmi ces grands projets, le maire a présenté ce qui devrait être réalisé durant son troisième mandat. Il sera ainsi marqué par la poursuite de la réhabilitation de la Confluence et notamment de la partie autour de l’ancien Marché de gros, les gares Perrache et Part-Dieu. En voici quelques uns :

  • La halle Girard sera ainsi rénovée et servira de lieu central pour le label Lyon French Tech autour du numérique.
  • L’accès à la gare de Perrache, côté archives municipales, sera rénové, les escalators supprimés et la traversée piétonne vers la place Carnot réalisée.
  • L’Hôtel Dieu sera reconverti autour d’un hôtel 5 étoiles en restaurants, commerces, centre de convention, et Cité de la Gastronomie.
  • création d’un atelier de création pour la Maison de la danse dans l’ancien musée Guimet
  • le quartier de la Part-Dieu continuera de se développer avec la construction de nouveaux bureaux mais ce sont la gare et le centre commercial qui changeront de visage. Le hall de la gare et front de la gare seront refaits et largement ouverts vers le centre commercial qui verra son toit aménagé pour accueillir bars et restaurants.
  • poursuite du projet autour de Gerland avec les ZAC des Girondins et du Bon Lait
  • poursuite des rénovations urbaines à la Duchère et à Mermoz
  • rénovation des rues de la République et Victor Hugo
  • rénovation de la piscine de Gerland, mais pas de nouvelles constructions en vue…

C’est aussi sur Twitter que les équipes de Gérard Collomb ont égrainé la quasi totalité de la liste des projets qui devraient être faits d’ici la fin de ce troisième mandat, sous le hashtag #Lyon2020.

Ce plan d’investissement que le maire juge « exceptionnel compte tenu des restrictions budgétaires » est comparé par Emmanuel Hamelin, conseiller municipal d’opposition comme « une montagne qui accouche d’une souris ». Ils n’ont pas trouvé tellement plus de critiques à énoncer :

« Censé nous annoncer 40 M€ d’économies, la réalité c’est : un peu maintenant, et on verra plus tard. »

Une souris qui donnerait « moins aux enfants, aux familles et aux personnes âgées ». Pour le moment, l’éléphant socialiste n’a pas l’air inquiet.

 


#Budget

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Photo : Matthieu Beigbeder/Rue89Lyon.

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