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Magazine Soap : « La série TV est avant tout un bien culturel de masse »

« En France, il y a encore cette vision : d’un côté la merde et de l’autre  l’art ».

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Magazine Soap : « La série TV est avant tout un bien culturel de masse »

Il s’appelle « Soap » et c’est le premier mook français consacré aux séries télévisées. A cheval entre le livre et le magazine, sur 170 pages, il décortique les séries d’hier et d’aujourd’hui, celles qui cartonnent et d’autres plus confidentielles. Un projet (trop) rare notamment porté par Pierre Langlais, journaliste spécialiste des séries TV pour Télérama, que l’on a interviewé.

Bedflix : Pouvez-vous présenter Soap, quand est né le projet et avec qui ?

Pierre Langlais : C’est Sébastien Mirc des éditions Pix’n Love qui m’a contacté à l’été 2013. Il édite des Mook consacrés aux jeux-vidéos, et il cherchait quelqu’un pour lancer une revue consacrée aux séries télévisées. A l’époque j’étais encore free-lance et j’ai sauté sur l’occasion.

Il n’y avait pas d’équivalent dans la presse et j’avais carte blanche sur la ligne éditoriale et le recrutement des journalistes. On a lancé la machine en janvier 2014, ça a été beaucoup de travail, de retards, de changements de dernière minute, comme pour n’importe quel lancement. Le premier numéro est sorti en novembre dernier, c’est une grande fierté.

« Quels sont les ressorts qui font que des millions de personnes s’installent dans leur canapé pour regarder « Les Experts » »

Vous avez vous-même participé au magazine Générique(s) qui a périclité depuis. Comment l’expliquez-vous et comment « Soap » compte-t-il trouver sa place auprès du public ?

Il n’y a jamais eu un engouement pour la presse spécialisée dans les séries télévisées. Les magazines qui marchent sont ceux qui s’adressent à un public adolescent. Dans le cas de Générique(s) auquel j’ai contribué, c’était un magazine beaucoup plus confidentiel. Avec « Soap », c’est une autre aventure.

Nous publions 3 ou 4 numéros par an, on est sur des formats plus longs avec l’ambition de prendre plus de recul. Le mook apporte une liberté précieuse que l’on retrouve peu dans la presse hebdomadaire ou mensuelle : il permet de sortir de la course à l’actualité pour aller sur des sujets de fonds, et de moins dépendre du cycle des promotions des chaînes télévisées.

C’est aussi un objet plus cher qu’un simple magazine, vendu en librairie, il y a donc une exigence de qualité tant sur la forme que sur le fond.

« Il y a une vraie dynamique de nouveaux critiques en France »

La revue alterne entre des séries grand public et d’autres plus confidentielles, c’est un choix éditorial que vous allez maintenir dans les prochains numéros ?

Oui. D’où le choix de mettre en couverture « The Big Bang Theory », la série la plus regardée aux Etats-Unis en 2014, à laquelle nous consacrons un long dossier. C’est passionnant de se demander quels sont les ressorts qui font que des millions de personnes s’installent dans leur canapé pour regarder « The Mentalist » ou « Les Experts ».

En France, il y a encore cette vision selon laquelle il y a d’un côté « la merde » et de l’autre « l’art », alors que l’on peut parler d’une série peu convaincante de façon intelligente. Mépriser le grand public, c’est probablement la plus grosse erreur que l’on peut faire en tant que journaliste.

On ne veut pas s’enfermer dans une posture « intello », la série est avant tout un produit culturel de masse et « Soap », un objet lié à la Pop culture. Ce qui n’empêche pas d’être exigeant et pointu. Le portrait de Kurt Sutter côtoie une enquête sur Alloy Entertainment, la société de production spécialisée dans les séries adolescentes.

« Soap », c’est aussi une équipe d’une vingtaine de journalistes. Y a-t-il une nouvelle génération de critiques séries ?

La plupart de ceux qui ont contribué à ce premier numéro sont des anciens de Générique(s). Ces gens font en effet partie d’un même mouvement. Ils ont entre 25 et 45 ans, ce sont des passionnés qui ont vu les séries monter petit à petit, et qui veulent apporter leur pierre à l’édifice. Il y a une vraie dynamique qui est en train de se mettre en place en France. Notre objectif, c’est de raconter des histoires, c’est ça une série. Il faut prendre le lecteur par la main.

« Dans l’esprit, je pense que « Soap » va rester cet objet pop »

Le premier numéro est sorti en novembre dernier, quels sont les retours des lecteurs ?

Ils sont très positifs, mais c’est un public qui est déjà acquis à notre cause. Je pense que les lecteurs ont apprécié le geste. « Soap » est avant tout quelque chose de généreux, ce n’est pas une histoire de fric. C’est beaucoup de temps, de discussions, de réunions. On ne fait pas ça pour la gloire.

 Cette revue est-elle amenée à évoluer ?

Oui sans doute. A partir du numéro 2, c’est Leo Soesanto (« Les Inrocks », « Lui » ndlr) qui prend les rênes de la revue. Je reste pour ma part co-fondateur et contributeur de la revue. Comme dans tout premier numéro, « Soap » a eu des forces et des faiblesses. A l’avenir, les articles seront encore plus longs, Leo va aussi faire travailler d’autres journalistes. Mais dans l’esprit, je pense que « Soap » va rester cet objet pop.


Soap : 16,80 €,170 pages, Edition Libellus. Suivez-les sur Facebook et Twitter.


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