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La grotte Chauvet, la plus grande reproduction au monde, désormais ouverte

Ce 25 avril s’ouvre au public la plus grande grotte reconstituée au monde : celle de Chauvet. À Vallon Pont d’Arc, en Ardèche, la cavité découverte en 1994 s’offrira enfin au visiteur ; un voyage de 36 000 années en arrière que nous avons pu faire en avant-première.

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Grande fresque. Jean Clottes/Ministère de la Culture.

Grande fresque. Crédit  : Jean Clottes/Ministère de la Culture.

Deux fois Lascaux. La grotte nichée en Dordogne est tout simplement deux fois moins ancienne que celle découverte par des spéléologues amateurs dans les gorges de l’Ardèche en décembre 1994. Lascaux nous fait en effet remonter 18 000 années en amont quand la cavité ardéchoise est datée de 36 000 ans.

Par ailleurs, si Lascaux s’est laissée envahir par les touristes (jusqu’à 1500 par jour !) entre la fin de la guerre et 1963, année d’une fermeture destinée à mettre fin à la dégradation de ses peintures rupestres – causée par l’émission de gaz carbonique des passants – il fut d’emblée hors de question de réitérer cette erreur en Ardèche, où la plus grande réplique de grotte ornée au monde voit le jour ce mois-ci.

C’est précisément le 25 avril, après dix-huit mois de travaux, que le public pourra fouler ce lieu unique, inauguré le 10 avril par François Hollande.

Dès lors, il faudra oublier le nom de Chauvet, qui ne s’applique qu’à la grotte réelle, sise à cinq kilomètres de là et sujette à controverse (les trois découvreurs, Jean-Marie Chauvet, Eliette Brunel et Christian Hillaire, s’estimant spoliés par l’État qui en est devenu propriétaire en 1997) et retenir celui de Caverne du Pont d’Arc.

L’impression sidérante d’arpenter une vraie grotte


Descente dans la grotte Chauvet, nouveau joyau… par lemondefr

Si, depuis le 22 juin 2014, Chauvet est inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO, « c’est parce qu’il y a eu ce projet de réplique» précise François Jacquard, vice-président du syndicat mixte et élu PCF de la Région.

«L’UNESCO ne classe pas un lieu que personne ne pourrait voir.».

Enserrée dans une structure en pierres de Barjac, ladite réplique respecte jusqu’à la colorimétrie du site d’origine pour se fondre au maximum dans le paysage. Après avoir descendu une rampe d’accès, des odeurs de pierre humide minérale (confectionnées dans la capitale mondiale du parfum,  Grasse) invitent le visiteur au silence et à une lente déambulation : tout donne l’impression, absolument sidérante, d’arpenter une vraie grotte !

Grâce à un travail de cartographie en 3D et d’anamorphose préalable, des milliers de tiges métalliques ont été disposées pour constituer le squelette de la fausse grotte, avant d’y projeter deux couches de mortier pour en recouvrir la surface. Des géomorphologues ont même garanti la vraisemblance du « facies » du lieu en y sculptant des nervures et des plis. Au sol, des crânes dispersés (en résine), des os plantés, des empreintes d’animaux, notamment d’ours, qui vivaient là nombreux et dont il reste des bauges, sortes de trous creusés par leur poids lorsqu’ils s’endormaient…

Et partout des stalactites, des stalagmites (en polystyrène recouvert de résine) et des gours, ces dépôts dessinés par des ruissellements d’eau. Tout y est et concourt immanquablement à l’éblouissement du visiteur, même la température,  fixée à 16° en période hivernale et à 6° en dessous de la normale extérieure en période de chaleur afin d’éviter les dépenses énergétiques qu’induirait un trop grand écart.

Le clou du spectacle, qui s’étale sur 3000 m² au sol (contre 8500 dans la vraie grotte) réside évidemment dans le travail de reproduction des peintures rupestres. Soit 1000 dessins dont 425 d’animaux, notamment des bêtes dangereuses assez rares (mammouth, ours des cavernes). On dénombre même autant d’occurrences de rhinocéros ici que sur la totalité du globe !

C’est à Gilles Tosselo, artiste et historien, qu’est revenue la tâche de chercher à comprendre comment l’homme préhistorique a exécuté son geste et dans quel ordre il a tracé ses traits. Car les bêtes ne sont pas statiques, elles sont en lutte ou progressent en meute. En avance sur leur temps, nos ancêtres avaient même eu recours bien avant l’époque de référence – la Renaissance – à la perspective, ainsi que le montre une créature dont deux des quatre pattes apparaissent grisées et plus courtes en arrière-plan.

Sans être un musée, la grotte Chauvet parle de nous

Avec quatorze espèces différentes, le bestiaire de la grotte est l’un des plus diversifiés qui soient. Certaines représentations sont d’ailleurs uniques dans l’art pariétal paléolithique (panthère, hibou, partie inférieure du corps féminin). Á ce titre, on s’attardera aussi sur cette fresque dite des »dominos », réalisée par application de la paume d’une main et qui se détache des murs telle une constellation ocre.

En plus de la réplique, le site comprend une galerie de l’Aurignacien. Elle accueille le visiteur dans une salle de cinéma où est projeté un court film et propose de comprendre, face à une immense photo en cyclorama,  comment était agencé l’espace ou vivaient nos aïeuls.

Des reconstitutions d’animaux renforcent l’aspect immersif de ce parcours (un système à base de caméra Kinect permet de reproduire le geste de dessin des habitants de la grotte), tandis que des bornes interactives fournissent le quota d’explications.

Sans prétendre au rôle de musée, l’ensemble permet de mieux saisir à quel point la reconstitution de la grotte Chauvet parle de nous. Et combien son ouverture est un événement.

La caverne du Pont-d’Arc (Ardèche) – Ouverture le 25 avril

Par N. Pobel sur petit-bulletin.fr.

 

 


#Ardèche

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