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Le tuning ou la question du beau à la Biennale du design de Saint-Etienne

Heteroclite, mensuel lyonnais « gay mais pas que », l’a justement relevé : la Biennale du design de Saint-Etienne va s’intéresser au tuning, en tant que pratique culturelle répandue chez des passionnés d’automobile, apprentis designers dans la personnalisation de leurs véhicules. Une tentative dans l’expo de briser les préjugés et de requestionner le « sens du beau ».

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Photo extraite de la serie Burnouts. Credit : Simon Davidson.

Photo extraite de la serie Burnouts. Credit : Simon Davidson.

Ayons le courage de l’admettre : dans notre esprit, le mot tuning (ou «bolidage» en bon français, soit l’art de personnaliser son véhicule) ne fait résonner rien d’autre que le vague souvenir d’un épisode de l’émission Confessions intimes dans lequel une épouse délaissée reprochait en pleurant à son mari de consacrer davantage de temps à son terrible engin motorisé qu’à elle-même.

À nos yeux de philistin, le tuning est donc une activité exclusivement masculine, s’accompagnant volontiers d’une forme de négligence conjugale confinant parfois à la maltraitance.

La neuvième Biennale internationale du Design de Saint-Étienne nous offre l’occasion de mettre au défi ces idées reçues puisque l’une de ses (très nombreuses) expositions, intitulée « Tu nais, tuning, tu meurs », se penche sur ce phénomène auquel le sociologue et politologue Éric Darras a consacré une étude (Un lieu de mémoire ouvrière : le tuning, en 2013). Une idée pas si saugrenue qu’il y paraît de prime abord puisque cette Biennale 2015 s’est donnée pour mission d’explorer « les sens du beau » et donc de confronter les jugements esthétiques les plus opposés.

Précision qui a son importance : les deux commissaires de Tu nais, tuning, tu meurs, le designer Rodolphe Dogniaux et le philosophe Marc Monjou, étaient déjà coresponsables, lors de la précédente Biennale, de l’exposition « C’est pas mon genre ! », qui décortiquait les rapports contrariés – et tout sauf égalitaires – entre le design et les femmes.

Questions de préjugés

Alors, le tuning est-il vraiment ce hobby de gros machos auquel on le réduit souvent ?

«Il est vrai que la plupart des designers exposés ici sont des hommes, reconnaît Marc Monjou, malgré la présence de quelques artistes femmes comme Sylvie Fleury, par exemple. S’il fallait faire un lien avec l’exposition précédente, ce serait plutôt sous l’angle de l’exclusion culturelle. Pour C’est pas mon genre !, nous avions étudié la sous-représentation des femmes dans l’univers du design ; pour Tu nais, tuning, tu meurs, nous nous sommes intéressés à une forme d’expression artistique souvent ignorée ou dévalorisée».

Dans un cas comme dans l’autre, il s’agit donc de déconstruire des stéréotypes sociaux : convergence des luttes, on vous dit !

Conçue par des jeunes fraîchement diplômés de l’École Supérieure d’Art et Design de Saint-Étienne (ESADSE), l’exposition présente ainsi une dizaine de projets ainsi que les différentes «écoles» de tuning (écoles japonaise, allemande, espagnole, italienne…).

Elle s’accompagne de plusieurs événements sur le même thème, comme une soirée «Cat and Curious» (au cinéma Le Méliès-Saint-François samedi 4 avril) réunissant trois films sur les grosses bagnoles, ou la sortie du n°42 d’Azimuts, revue de recherche en design, comprenant notamment un article de l’ancien directeur de feu le mensuel « GTI Mag », prénommé Jacky.

Longue est la route qui mène à la fin des préjugés.

« Tu nais, tuning, tu meurs », du 12 mars au 15 juin au Musée d’art et d’industrie à Saint-Étienne.
Biennale internationale du Design de Saint-Étienne, du 12 mars au 12 avril.

Lire sur heteroclite.org.


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