Les élections de 2014 sur cette ville de l’Est lyonnais ont en effet été annulées, par le fait des nationalistes qui avaient bouclé leur liste en y intégrant des noms de façon farfelue.
Le tribunal administratif a estimé qu’il y avait eu « manoeuvres frauduleuses » de la part de l’équipe d’Yvan Benedetti (exclu du FN), dont un « défaut de consentement de certains membres de cette liste ‘Vénissieux fait front’ ». Soit 19 personnes inscrites là sans vraiment le savoir, certaines étant particulièrement âgées ou vulnérables.
L’Etat va donc installer ce jeudi 12 février une délégation spéciale (photo en fin d’article) composée de fonctionnaires en retraite, qui seront chargés d’administrer les affaires courantes de la commune, mais ne se prononceront pas sur les questions de budget, par exemple.
Les cinq membres de cette délégation éliront un président et remplaceront respectivement le maire, les adjoints et les conseillers municipaux.
Michèle Picard, qui fût dans un premier temps effondrée face à la décision du tribunal administratif, malgré la fraude avérée, va devoir plier bagage. Pour quelques semaines au moins.
Au micro de Lyon Première, l’héritière du député communiste André Gerin, a été claire. Oui à une alliance avec le PS, mais à ses seules conditions :
« Moi, mon électorat, sur le marché, il me dit : ‘partez avec le PS mais pas avec Ben Khelifa’. Donc j’entends cela. C’est à eux [le PS] de clarifier un certain nombre de choses. Je vais pas m’occuper en plus du PS. »
Lotfi Ben Khelifa, un « casus belli » très vexé
Lotfi Ben Khelifa a très mal pris le refus de la maire de composer avec lui, et s’est donc fendu d’un billet outré sur son propre blog, intitulé « la patience et ses limites » :
« Aucune discussion sur le programme n’a eu lieu et la place faite aux socialistes serait toujours limitée à 5 conseillers. La patience a ses limites et tout militant normalement constitué pourrait légitimement considérer qu’on “le promène”. Dans ces conditions, j’ai décidé de me mettre en situation de constituer une liste autonome. »
Pour le moment, la fédération socialiste n’a pas confirmé cette position. Une réunion « extraordinaire » est programmée ce lundi pour « trancher ».
Lotfi Ben Khelifa n’a par ailleurs pas tort d’user des termes de « casus belli », qu’il représente donc pour Michèle Picard. La campagne de 2014 les a opposés durement. La maire n’a pas avalé la punchline du candidat socialiste, « 80 ans de communisme, ça suffit ».
« Le même slogan que les identitaires et l’UMP », rumine-t-elle.
Des élections prévues les 22 et 29 mars prochains
Le PS n’avait pas présenté de liste autonome face au PC depuis 80 années, dans le cadre d’accords plus ou moins tacites entre partis de gauche. Mais Lotfi Ben Khelifa, ancien adjoint de Michèle Picard, a fait le forcing, obligeant la fédération socialiste à l’investir face à la communiste, furax.
Le candidat PS n’a affiché que le faible score de 21,69% au second tour.
C’est donc Christophe Girard, à l’origine d’un des recours devant le tribunal administratif pour faire annuler ces élections (le préfet en avait déposé un également), qui se frotte les mains. Le candidat UMP avait quant à lui atteint le score de 30,40% au second tour, se plaçant juste derrière la maire communiste qui avait gagné en remportant 37,64% des voix .
Il voit ses chances de gagner grandir, tandis que les Vénissians, qui habitent l’une des communes les plus pauvres de la région, regardent les balles s’échanger entre les deux candidats de gauche.
Autre composante à prendre en compte : les ultranationalistes ne pouvant pas se représenter après leurs coups tordus, le FN pourrait prendre la place en proposant un candidat.
Les habitants de Vénissieux, ville qui affiche un taux d’abstention très fort, sont appelés à se rendre aux urnes, de nouveau, les dimanches 22 et 29 mars prochains.
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