Le Progrès, dans son édition du Jura, consacre ce mercredi une demi page au billet d’un blog hébergé sur Rue89Lyon, publié lundi et intitulé « La Percée du vin jaune dans le Jura : une beuverie sans intérêt » ; lequel a suscité une grosse salve de commentaires sur notre site.
Nous avons reçu un mail ce mardi soir, signé Véronique Décot, directrice de l’agence du Progrès dans le Jura, dans lequel elle indique vouloir faire un « contre-article ». Un concept éditorial que l’on ne connaissait pas, c’est pourquoi on regarde à deux fois le message : provient-il du Progrès ou de l’office du tourisme du Jura ?
La directrice du quotidien qui se sent porteuse d’une identité jurassienne attaquée, fait donc un portrait tout différent de la Percée du Vin Jaune (un événement local qui s’est déroulé cette année sur la commune de Montigny-lès-Arsures), au nom de « Mgr Jordy, l’évêque de Saint-Claude, qui a béni la percée du vin jaune dimanche matin, Marie-Guite Dufay, présidente PS de la région Franche-Comté, ou encore [du] député maire UMP de Lons, Jacques Pélissard ».
Au téléphone, elle est claire : nous avons insulté les Jurassiens et il s’agit de nous expliquer (« je ne suis pas agressive, je suis pressée », nous dit-elle). Dans son article, elle nous fait dire, à tort, que Rue89Lyon est un site spécialisé dans « l’info décalée », histoire de déprécier un peu le support sur lequel a été publié le billet infamant, de son point de vue.
La directrice achève son article par cette mention : « Si vous voulez soutenir la Percée, retrouvez-nous sur leprogres.fr et postez vos commentaires ».
Nous apprenons par ailleurs que Le Progrès est partenaire de l’événement.
Benjamin Poussardin est l’auteur du blog « Confessions d’un naturiste », qui existe depuis quelques mois sur Rue89Lyon. Il a été sommelier quatre ans dans un restaurant lyonnais, enseignant à l’Institut Vatel, il a expertisé les bouteilles de vin pour les enchères de Lyon et a également été agent de vignerons. Il cultive aussi des vignes dans le Forez avec un vigneron sur place, ils dédient une parcelle à un cépage oublié.
Son approche du vin à la fois sociétale et gastronomique nous intéresse ; il tient donc un blog dans lequel il défend ses points du vue librement, selon notre principe de l’info à trois voix, permettant de lire le journaliste mais aussi d’entendre l’expert ou encore le lecteur.
Le billet de blog et la tribune, formats que nous aimons multiplier, ne sont pas des articles journalistiques mais des regards qui appellent eux aussi au débat ; on constatera d’ailleurs que les commentaires sont ouverts.
Beaucoup de ces commentaires montrent que des personnes se sont senties jugées de « façon condescendante », au travers de la description que fait le blogueur d’un moment qui lui a été désagréable, d’une foule qui n’est pas la représentante des Jurassiens, d’un événement qui est pour plusieurs lecteurs constitutif d’une identité, symbole d’une « tradition ».
« J’ai employé à dessein un ton vif et appuyé, explique Benjamin Poussardin. Mais je raconte ce que j’ai vécu et je pense mettre le doigt sur un véritable problème : une dérive de l’événement dont plusieurs commerçants du lieu se plaignent, ainsi que d’autres visiteurs.
Je me suis rendu à la Percée pour la troisième année consécutive et c’est de pire en pire. Tous les aspects de cet événement ne sont pas évoqués dans mon papier, en effet, mais j’ai choisi de mettre l’accent là-dessus. »
Le Progrès ne note pas la fin du billet de Benjamin Poussardin qui dit aussi :
« Le Jura tout comme ses vignerons méritent mieux. Ploussard, trousseau, pinot noir, savagnin ou chardonnay possèdent tous leur typicité. Le terroir y est exceptionnel, la concentration de vignerons talentueux est importante. »
Sur Facebook, Olivier Grosjean, connu sous son nom de blogueur et d’auteur de livres Olif, fait un topo intéressant, que Benjamin Poussardin relève aussi :
« L’ivrognerie n’est pas l’apanage des bouseux du Jura ou d’ailleurs. Elle est juste plus visible dans ce type de manifestation publique débordée par son succès. Oui, l’alcool, c’est moche, parfois. Je rentre de Loire et, des piches, j’en ai vues aussi. Des professionnels, déguisés en dégustateur mondain ou en jovial vigneron. De quoi donner aussi raison à l’ANPAA (Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie, ndlr). »
Arnaud Septime, auteur du Guide de l’Alter-vin, a quant à lui déclaré, toujours sur le réseau social :
« A Beaune aussi c’est la fête à la saucisse. Faut arrêter avec ce pseudo oenotourisme sur-alcoolisé et racoleur. »
A vos commentaires, donc.
A lire également : Percée du Vin Jaune, vos commentaires et autres opinions
Chargement des commentaires…