Le constat est là : la fraude dans les transports en communs n’est pas un acte occasionnel et marginal. De nombreuses personnes la pratiquent régulièrement, préférant payer une amende de temps en temps plutôt qu’un abonnement au mois ou à l’année.
A Paris et à Lille, se développent même depuis quelques années des mutuelles de fraudeurs. Mathieu, familier de ce système, en explique le fonctionnement dans le reportage : les adhérents mettent chaque mois cinq euros dans une cagnotte qui permettra de payer les amendes de chacun. Ce fraudeur revendiqué déclare même que certains mois, la mutuelle est tellement « riche » que les cotisations des adhérents sont suspendues.
Ces fraudeurs ont également développé un système de prévention des contrôles par texto: dès qu’un contrôleur est repéré, un texto est envoyé à un membre du groupe qui les centralise et les diffuse aux autres. A Lyon, l’application « Un ticket! » qui permettait aux usagers de savoir où étaient les contrôleurs a été retirée peu de mois après son lancement en 2011.
La gratuité est-elle une solution sérieuse?
Face à cette fraude, deux solutions existent : renforcer encore et toujours les dispositifs de contrôle ou passer à la gratuité.
En France certaines villes moyennes comme Aubagne, Compiègne, Manosque ou encore Castres pratiquent déjà la gratuité en matière de transports en commun. Mais elles ne disposent pas de métros et bien rarement de tramways et ne sont donc pas comparables à l’agglomération lyonnaise.
Mais qu’est-ce que la gratuité sinon une hausse des dépenses publiques dirons certains? Dans une société en « crise économique », la perspective d’augmenter ces dépenses en refroidira plus d’un.
Or, le simple fait de supprimer tous les dispositifs de contrôles présents dans le TCL, entraînerait des économies considérables. Alors, qu’est-ce qui est le plus coûteux entre payer des dispositifs de contrôle et renoncer aux recettes que représentent les tickets et les abonnements ? Le calcul est à faire.
D’après Olivier Minot la gratuité du TCL n’augmenterait pas les dépenses publiques :
« A Lyon la vente des tickets et des abonnements représente 30% des recettes soit environ 200 millions d’euros. Or si on additionne le coût de la commercialisation, la billettique avec les cartes à puce, les machines et leur entretien, ainsi que tout le coût de la lutte contre la fraude, la com’ qui va avec, et pourquoi pas la vidéosurveillance, on arrive au même montant à 10 millions d’euros près.
Cette différence de 10 millions d’euros pourrait être compensée par une minime hausse des versements transports des entreprises qui s’y retrouveraient puisqu’elles n’auraient plus à rembourser la moitié du prix des abonnements de leurs salariés ».
« Tout ce qui est gratuit n’a plus de valeur »
Bernard Rivalta, président PS du Sytral, de Vénissieux s’oppose fermement à l’action des fraudeurs et à ce doux rêve de gratuité, il déclare dans le reportage :
« Le fraudeur manque de culture collective, il oublie que ne pas payer va impacter ceux qui payent (…) Il faudrait apprendre aux gens à maîtriser leurs déplacements : quand ils n’ont pas beaucoup de moyens il faut qu’ils ne se déplacent que dans la mesure où ils en ont besoin et non pas uniquement parce qu’ils en ont envie. »
Et lorsqu’on lui demande pourquoi les TCL ne sont pas gratuits, il répond :
« Tout ce qui est gratuit n’a plus de valeur, c’est d’ailleurs comme ça que l’URSS a coulé (…).
Non je ne suis pas favorable à la gratuité. Pourquoi ferait-on des transports en commun gratuits, pourquoi ne ferait-on pas le litre d’essence gratuit ? Le vélo gratuit ? Pourquoi ne ferait-on pas tout le reste gratuit ? »
La gratuité n’est donc pas à l’ordre du jour au Sytral ; elle n’a été mise en place une seule fois en 2014, lors d’un pic de pollution et en pleine campagne électorale municipale.
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