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En Isère, les salariés du 115 en grève contre le tri des sans-abris

Les écoutants du 115-Isère sont usés d’effectuer une sélection des appelants en fonction de critères « arbitraires ». Chaque jour, seulement 2% des appels qu’ils reçoivent aboutissent à une mise à l’abri et le dispositif hivernal de la préfecture de l’Isère ne répond pas aux attentes.

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115

Des salariés de l’association La Relève, assurant le service d’appel de jour du 115 en Isère, seront en grève ce mercredi 17 décembre, seulement quelques heures, de 7h à 12h. Le 8 décembre dernier, les services du 115 de Toulouse et de Lyon avaient procédé à une action identique.

Ce mardi, ils ont adressé une lettre ouverte aux structures d’hébergement d’urgence du département, à ses élus et aux autorités préfectorales.

Contrairement à ce qui est prévu par la loi à travers le code de l’action sociale et des familles, le principe d’inconditionnalité et de continuité de l’hébergement d’urgence est, selon eux, « bafoué en Isère et tout particulièrement à Grenoble ».

 

Des quotas en fonction de la nationalité

Ils dénoncent plus spécifiquement des quotas « en fonction du statut administratif des personnes, voire parfois en fonction de la nationalité́ », dans le centre d’accueil intercommunal de l’agglomération grenobloise qui compte 64 places, divisées en trois unités de vie distinctes, pour les hommes, les femmes et les familles.

Un tri des demandeurs d’hébergement d’urgence encore plus restrictif serait demandé aux salariés du 115 par la direction départementale de la cohésion sociale, qui n’a pas souhaité répondre à nos questions. Charge aux écoutants d’effectuer une hiérarchisation « arbitraire » de l’hébergement d’urgence, en fonction de la santé, de l’âge des adultes et des enfants et de la composition familiale des ménages.

Le courrier explique leur gène à effectuer cet aiguillage :

« Les écoutants du 115 sont donc amenés à poser des questions intimes et d’ordre strictement privé. Cela crée une situation de malaise et de non-respect des personnes qui ne demandent qu’à être hébergées ».

 

« Un observatoire de la misère »

Le 115-Isère reçoit en moyenne 145 appels par jours pour 173 personnes en demande d’hébergement d’urgence. Mais les foyers d’accueil et de réinsertion sont tous complets. Faute de places disponibles, seulement 2% des demandes sont satisfaites depuis 8 mois dans le département.

Un manque de moyens qui modifie les missions de ces salariés, selon eux.

« Nous demandons à des personnes seules ou ayant des enfants de faire une demande d’hébergement chaque matin, au cas où une place viendrait à se libérer. Des personnes à la rue nous appellent donc tous les jours depuis plus d’un an dans l’espoir qu’il y ait de la place. Le 115 n’orientant plus, il est un observatoire de la misère. Il y a une perte de sens ».

 

À Grenoble, un bidonville de 300 personnes

À Grenoble, le dossier de l’hébergement d’urgence est au cœur d’un bras de fer entre Richard Samuel, le préfet de l’Isère, et le maire écologiste Eric Piolle. On estime que l’agglomération grenobloise recense entre 750 et 1500 personnes sans-abris. Près de 300 personnes s’entassent notamment dans un véritable bidonville le long de l’avenue Esmonin, au sud de la ville.

Le campement de l’avenue Esmonin, à Grenoble, regroupe près de 260 personnes. Crédit : VG/Rue89Lyon

Le dispositif d’hébergement hivernal mis en place par la préfecture pour cet hiver prévoit seulement 203 places supplémentaires ouvertes progressivement en fonction des critères de températures notamment. Fin octobre, seulement 58 places de ce dispositif étaient ouvertes.

 


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