Une gageure à l’heure où, selon une universitaire lyonnaise, ses « propres collègues préfèrent, par souci d’efficacité, lire des articles plutôt que des livres de sciences humaines ».
Ceux-ci se vendent mal, se lisent peu, et, paradoxalement, beaucoup se plaignent de la disparition des grandes figures intellectuelles à la Sartre ou à la Foucault.
Mais si elle est aujourd’hui moins visible, la vie intellectuelle n’en est pas moins riche. Peut-être moins charismatiques et moins simplificateurs que leurs prédécesseurs, les intellectuels travaillent davantage qu’ils ne passent sous les feux de la rampe, qui plus est sur des sujets de plus en plus singuliers, déroutants, excitants.
L’écologie, la peur, la sexualité…
La troisième édition de Mode d’emploi interpelle ainsi, notamment, par l’importance qu’elle accorde aux notions de « vie » et de sensibilité au sens large : l’écologie et la santé seront en débat bien sûr, mais aussi la vulnérabilité, le sommeil, la sexualité, la peur…
Plus d’un siècle après leur naissance, les sciences humaines sont passées de grands blocs de réflexion (le travail ou la religion avec Durkheim, les rapports de production avec Marx, les liens de parenté avec Levi-Strauss…) à une étude plus fine, voire infra-mince, de « l’objet humain » : c’est «la société des affects» de Frédéric Lordon (qui ne participe toutefois pas au festival), le «gouvernement des émotions», l’impensé de la raison et l’importance du perceptif selon le spécialiste de la philosophie chinoise François Julien, l’accélération et la vitesse du sociologue allemand Hartmut Rosa, le corps et le «sentiment de soi» de l’historien Georges Vigarello…
C’est à travers ce prisme que nous avons choisi d’aborder ici la programmation de Mode d’emploi, programmation par ailleurs extrêmement diverse, où l’on n’oubliera pas de noter la présence de penseurs essentiels comme les anthropologues Maurice Godelier et Arjun Appadurai.
Festival Mode d’emploi, du 17 au 30 novembre.
Par Jean-Emmanuel Denave sur petit-bulletin.fr.
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