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Musée des Confluences : un bras de fer avec Vinci pour réduire la facture

Rares sont les occasions de voir l’hémicycle du conseil général du Rhône s’animer autant. Ce mardi, les élus du Département se sont gentiment étripés avant de voter en majorité une délibération de Michel Mercier. Leur ex-président va négocier et menace même d’aller au procès contre Vinci, principal constructeur du Musée des Confluences, pour lui réclamer des pénalités de retard. Objectif visé : montrer qu’il bataille pour faire baisser la facture pharaonique de cet équipement culturel, qui sera remis en janvier 2015 aux mains de la Métropole de Lyon.

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Musée des Confluences à Lyon. Crédit : JB/Rue89Lyon.

Le Musée des Confluences à Lyon doit ouvrir le 19 décembre 2014. Crédit : JB/Rue89Lyon.

« Je suis le seul responsable ». Pour tout ce qui concerne le Musée des Confluences, Michel Mercier, ex-président du Rhône (UDI), assumera donc jusqu’au bout. Comme le coût final de l’ouvrage, dont le contour exact n’est pas encore arrêté mais dont on sait qu’il sera très élevé.

C’est pourquoi Michel Mercier a proposé au vote ce mardi une délibération conçue sur deux constats financiers dont il jure qu’ils sont exacts et garantis :

  • D’une part une augmentation de la facture totale de 15,7 millions d’euros, au titre des révisions de prix que les entreprises de construction pourront réclamer.
  • D’autre part une baisse de cette facture, par le biais d’une réclamation de 41,6 millions d’euros que le conseil général compte faire auprès de Vinci, en conformité avec le contrat de départ signé avec l’entreprise de BTP.

« Ce n’est qu’une délibération technique », a martelé Michel Mercier, qui confiera les clefs de la machine à Gérard Collomb dès que la Métropole verra le jour, le 1er janvier 2015. Car en absorbant les compétences du conseil général du Rhône sur le territoire du Grand Lyon, la nouvelle entité politique lyonnaise que Gérard Collomb et Michel Mercier ont conçue ensemble héritera en effet de l’infrastructure.

Une délibération technique, certes, mais au vu des réactions qu’elle a suscitées ce mardi matin, sa dimension politique n’aura échappé à personne.

 

Des pénalités pour payer le musée ?

Si le principe de la bataille ouverte contre l’entreprise privée Vinci, dans le but de faire récupérer à la collectivité quelques deniers, a globalement trouvé écho auprès des élus, beaucoup ont estimé que Michel Mercier criait victoire un peu trop vite.

Dans sa délibération de départ, le conseiller général a en effet estimé que le montant de l’ouvrage, estimé à 239,7 millions d’euros, allait encore être gonflé par les révisions de prix (de 15,7 millions d’euros), pour atteindre la somme de 255,4 millions d’euros. A laquelle il a ensuite soustrait des pénalités, calculées à hauteur de 41,6 millions d’euros. Ce qui lui permettait de déclarer que « le montant final de l’opération pourra être porté à 213,8 millions d’euros ».

Une somme complètement fictive puisque Michel Mercier a concédé lui-même que la jurisprudence limite les pénalités à 25% du montant total du marché. Elles atteindraient alors moins de 30 millions d’euros.

« On aurait pu retenir jusqu’à 61 millions d’euros de pénalités, a poursuivi Michel Mercier, mais là ça aurait pu faire croire qu’on voulait faire payer le musée par des pénalités de retard. »

La comptabilité claire faisant à l’évidence défaut dans cette délibération, Danielle Chuzeville, présidente UDI du Rhône, a donc fini par la faire voter en lui ôtant son dernier paragraphe quelque peu bancal sur le coût final de l’opération.

Lancer les hostilités vis-à-vis de Vinci, oui. Mais dire que le Musée ne coûtera que 213 millions d’euros, non.

Pour finir de convaincre son auditoire (seuls les élus UMP Pascal Charmot et Jean-Jacques David ont voté contre la délibération), Michel Mercier a quasi expédié le procès, évoquant des contentieux remportés ici et là par des collectivités contre des sociétés de BTP et estimant que le Département gagnerait donc lui aussi nécessairement face à Vinci. Mais comme dans tout dossier judiciaire, pas de certitude, d’autant moins que la société a déjà entrepris de se défendre.

 

La bataille contre Vinci engagée

A la veille de la séance plénière du conseil général, Vinci a en effet passé les coups de fil idoines et envoyé un courrier à chacun des élus, dans lequel elle se défend. L’entreprise estime que la démarche de Michel Mercier est « à la fois disproportionnée, lourde de conséquences et surtout profondément injustifiée ».

Pour elle, la faute vient de la maîtrise d’ouvrage déléguée, c’est à dire de la Société d’équipement et d’aménagement du Rhône et de Lyon (SERL), dont plusieurs élus du conseil général sont par ailleurs administrateurs :

« Nous avons mis à jour de nombreuses erreurs, insuffisances et incohérences dans le dossier de conception des ouvrages. »

Michel Mercier, de son côté, assure que la SERL a fait le boulot et a même constitué tout le dossier nécessaire pour l’éventuel contentieux contre Vinci, courriers et mises en demeure de réaliser les travaux dans les temps à l’appui.

Pour l’heure, la négociation serait au point mort. Michel Mercier prétend que les conditions posées par Vinci sont inacceptables et, bombant un peu le torse, qu’il est prêt à donner les prochains rendez-vous au tribunal.

« On leur a envoyé autant de lettres de mise en demeure qu’il y a de boulons dans le Musée », a lancé l’élu.

Le chantier doit être rendu le 28 novembre prochain. D’ici là, de nombreux dysfonctionnements ne seraient pas encore réglés comme, par exemple, la mise hors d’eau du bâtiment (c’est à dire son étanchéité).

Michel Mercier veut y croire :

« On fera de ce musée un élément d’attractivité de la Métropole. J’en ai assez de ceux qui me bassinent avec ce qu’il aurait fallu faire à l’entrée de la Métropole, un boulodrome rouillé, un campement, ou je ne sais quoi. »

Le Musée doit être inauguré le 19 décembre prochain et ouvert au public dans la foulée. Soit dans un mois et demi, le temps de négocier avec Vinci et d’envoyer des courriers d’avocats.

 

Le teaser du Musée des Confluences

Carnet d’exposition #1 from Musée des Confluences on Vimeo.

 


#Métropole de Lyon

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