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Michel Neyret idole des médias au procès du braquage « Global Cash »

Venus en troupeau pour entendre et voir Michel Neyret, les journalistes l’ont attendu ce vendredi après-midi au palais de Justice de Lyon comme une rock star en plein come back. L’ex- « super flic » et ex-numéro 2 de la police judiciaire lyonnaise, venait témoigner dans le procès du braquage du bureau de change Global Cash, commis en 2010, en plein après-midi au coeur de Lyon. Il était cité à comparaître par David Metaxas, jeune avocat lyonnais, qui s’offrait là un gros coup de pub.

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Michel Neyret.

 

Michel Neyret.

Son intervention au procès dit de « Global Cash » était-elle vraiment nécessaire pour le déroulé des débats ? Michel Neyret s’est en tout cas prêté au jeu, arborant une mèche toujours aussi souple et une chemise toujours aussi immaculée.

Depuis le début des audiences, démarrées lundi 15 septembre, les avocats des cinq accusés, qui sont déjà passés aux aveux, ont tenté de faire le jour sur la méthode de la police.

A-t-elle laissé commettre un braquage à main armée, violent, dont elle aurait été informée, en plein dans la rue de la République -la plus passante de la ville ? Quitte à laisser un passant se faire blesser par balle à une jambe. L’enseigne Global Cash ne s’est d’ailleurs pas constituée partie civile, estimant avoir servi d’appât et refusant de participer à ce qu’elle estime être un faux procès.

 

Le témoignage que tout le monde attendait au procès de Global Cash

Avant Michel Neyret, plusieurs représentants des forces de l’ordre sont déjà passés devant les jurés cette semaine. Et celui qui s’est présenté comme « retraité de la police nationale » n’a pas modifié le récit d’un iota, restant impassible et clair devant les tentatives d’intimidation, un peu maladroites, des avocats.

Lyon avait connu au cours de cette année une dizaine de braquages violents, commis en plein jour, en ville. A ce nouveau mode opératoire des braqueurs, prenant « en otage » de nombreux passants et empêchant une intervention risquée, la police déclare avoir donc dû répondre avec une nouvelle stratégie.

Rompu à l’exercice de la justification de son travail, qui plus est devant une cour d’assises, Michel Neyret n’a pas cillé :

« Vous savez comme moi que la peine est plus lourde pour une association de malfaiteurs que pour un attaque à main armée, et elle ne prend toute sa dimension que sur un fait criminel avéré. (…)

J’ai dirigé pendant 21 ans la BRI [brigade de recherche et d’intervention], on aurait pu les arrêter avant, mais on présenterait seulement une tentative de vol à main armée (…), on a donc pris en compte le braquage consommé. La philosophie qui a sous-tendu toute cette affaire, c’est d’apporter à la Justice des éléments de preuve irréfutables. (…)

C’est notre rôle de protéger les citoyens, et de faire éliminer socialement pour une longue période, des gens qui ont fait pour métier le braquage à main armée. »

 

David Metaxas s’offre une autopromo gratuite

David Metaxas, avocat lyonnais, devant le palais de justice à Lyon. Crédit : DD/Rue89Lyon.

Le soupçon pesant sur Michel Neyret d’avoir entretenu des relations trop proches et illégales avec des malfrats de la région, a bien sûr sous-tendu chacune des questions posées à cet ancien cadre de la police lyonnaise mis en examen et démis de ses fonctions pour, notamment, corruption, trafic d’influence, association de malfaiteurs ou encore trafic de stupéfiants. L’ex-super flic a été la première personne vue sur les lieux du braquage, une fois commis. Connaissait-il l’heure et le jour de ce braquage ? A cela, Michel Neyret a répondu simplement :

« Des gens ont commencé à appeler le 17 très vite, pour prévenir qu’un braquage avait lieu en plein centre-ville ; je suis donc parti dans cette direction. »

A la vitesse de l’éclair.

C’est à l’initiative de David Metaxas que Michel Neyret a été cité comparaître. Une situation ubuesque, l’avocat lyonnais étant lui-même mis en examen pour « recel de violation de secret professionnel », dans le cadre de ce qu’on appelle désormais « l’affaire Neyret ». Le face à face pouvait d’autant plus suprendre que les deux hommes ne sont pas censés être autorisés à se voir ni à se parler.

Mais l’avocat lyonnais n’allait pas se passer d’un aussi joli coup de pub et a donc égrené les questions au « flic déchu », quasi hilare les premières secondes, se mordant les lèvres pour ne pas rire lui-même de la mise en scène.

Une opération de com’ réussie pour David Metaxas : la venue de Michel Neyret en tant que témoin au procès avait été annoncée dans la presse. Les journalistes se sont massés vendredi après-midi dans la salle d’audience, pour voir et entendre le policier le plus célèbre de France, quittant tous le palais aussitôt son témoignage recueilli.

 

Michel Neyret, en balade paisible dans le Vieux-Lyon

David Metaxas s’est ensuite empressé de répondre aux interviews télés et radios, pendant la suspension d’audience, ratant même la reprise des débats.

Conservant une forme d’aplomb, Michel Neyret a quant à lui d’abord éviter les caméras, pénétrant dans le palais de Justice par une petite entrée, faisant rager les photographes et journalistes reporter d’images, en dehors de la télé locale TLM qui avait posté des journalistes devant les deux entrées.

A l’issue de son témoignage devant les jurés, Michel Neyret s’est baladé tranquillement dans le quartier du Vieux-Lyon avec un ami, se laissant cette fois volontiers photographier. Il a répondu aux questions de manière lapidaire mais sans quitter un large sourire. Comme une vraie star retirée du circuit qui, lorsqu’elle doit finir par sortir, ne se montre ni amère ni avare.

 


#David Metaxas

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