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Biennale de la danse à Lyon : faire le point, reprendre le pas

En se donnant comme fil rouge la notion de performance, la 16e Biennale de la danse revisite le passé et interroge l’avenir. Un questionnement qui ne réduit pas la danse à son histoire, mais lui redonne son caractère toujours renaissant et intempestif.

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Relâche par le Ballet de Lorraine. Crédit : Laurent Philippe.

Qu’est-ce qui, davantage qu’au théâtre bavard et au cirque virtuose, émeut donc toujours avec la danse ? Sa fragilité, sa fulgurance sans doute. Et, surtout, sa façon d’évoluer, d’éclore dans le pré-symbolique, le pré-verbal, sa façon de renaître toujours à nouveau, de recommencer comme si rien n’avait été réellement fait ni gagné… Chaque danse est, potentiellement, une naissance.

« La danse n’entre pas dans le passé. Elle appartient toute entière au jadis. Elle sort. Elle est sortie de jadis n’arrivant nulle part. Elle ne veut ni passé ni visage ni mère ni langue ni société. Elle reste dans l’effroi, elle persiste dans le pur changement d’état. Elle n’avance pas : elle sort» écrit Pascal Quignard dans L’Origine de la danse.

Son spectateur idéal ne doit donc s’attendre ni à ce qu’elle lui raconte une « histoire », ni à ce qu’elle ressemble à une autre danse. Ni même, parfois, à de la danse ! Pour renaître de ses propres cendres empesées, la danse, à plusieurs reprises, s’est rapprochée des arts plastiques et de son esprit performatif (c’est-à-dire contestataire, proche de l’improvisation, libéré des contraintes techniques et des dispositifs spectaculaires) : avec les Dadaïstes, avec la postmodern dance américaine, avec la « non danse » française des années 1990…

 

Revenir, repartir

La seizième Biennale de la danse revient sur quelques grandes pièces pivots entremêlant danse et performance. On pourra ainsi redécouvrir Relâche de Francis Picabia et Erik Satie créée en 1924 ; l’énergie brute de la courte et surprenante pièce de Merce Cunningham Sounddance, datant de 1975 ; ou encore les huit heures de performances de C’est du théâtre comme c’était à espérer et à prévoir du Belge Jan Fabre, présentées pour la première fois en 1982.

Plus avant, la Biennale interroge l’actualité de la danse performative aujourd’hui à travers des créations : celles des turbulents François Chaignaud et Cécilia Bengolea avec le Ballet de l’Opéra, de Noé Soulierpour le Ballet de Lorraine, d’Alessandro Sciarroni…

Entre les deux, Anne Juren et Annie Dorsen proposeront avec Magical de rejouer, dans le registre de la magie, cinq performances célèbres d’artistes féminines (Carolee Schneemann, Yoko Ono, Marina Abramovic, Martha Rosler, Valie Export).

Traversant l’histoire et les modes, empruntant aux arts plastiques et à d’autres disciplines quand ils en ressentent la nécessité, créant des pièces dansantes ou non dansantes à l’occasion, il est aussi de grands auteurs que l’on ne saurait situer nulle part et qui ne cessent de surprendre et de casser les codes. William Forsythe, Lloyd Newson et Maguy Marin présenteront à Lyon leurs nouvelles pièces et l’on en trépigne déjà d’impatience !

Biennale de la danse
Du mercredi 10 au mardi 30 septembre

 

Autour de la Biennale

La Biennale draine avec elle un nombre toujours plus impressionnants de rendez-vous connexes. Et, d’abord, le plus populaire et festif d’entre eux : le Défilé, pensé sur le modèle du carnaval de Rio, qui fêtera cette année son dixième anniversaire et débutera place des Terreaux le dimanche 14 septembre à 14h.

Pour prolonger les réflexions sur la performance, la Biennale propose également une rencontre avec le chorégraphe et plasticien belge Jan Fabre au théâtre Les Ateliers (samedi 20 à 14h), une projection d’un film documentaire sur la célèbre performeuse Marina AbramovicThe Artist is Present (au Comoedia, dimanche 21 à 11h15) ou encore un ensemble d’événements sur et avec le groupe Frigo qui chamboula et électrisa la scène artistique lyonnaise dans les années 1980…

De leur côté, le Lavoir public et l’Institut Goethe organisent un « week-end de performances » (du vendredi 26 au dimanche 28) en invitant certains protagonistes du Month of Performance Art-Berlin, plateforme artistique se donnant rendez-vous tous les mois de mai dans la capitale allemande.

 

Et après 22 heures, par exemple ?

Toujours plus étoffée, la Biennale Off prendra quant à elle possession pour la cinquième fois de la scène découverte du Croiseur avec de nouvelles collaborations avec l’Ecole Normale Supérieure Lettres, le Toï Toï le Zinc, le Périscope et la friche artistique Lamartine.

Pendant toute la durée de la Biennale, le Off y serra rythmé de la sorte : les vendredis soirs sont réservés à la danse urbaine (avec les compagnies Voltaïk, Subterfuge, Tensei, Idem…) et les samedis et les dimanches après-midis à la danse contemporaine (compagnies Ap’Art, Inkörper, Malika Djardi…), tandis que les « après 22 heures » mélangeront danse, arts numériques et projections vidéos.

La programmation détaillée est à découvrir sur le site www.scene-7.fr.

Par Jean-Emmanuel Denave sur petit-bulletin.fr.


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