Tandis que la nomination de la Lyonnaise Najat Vallaud-Belkacem au ministère de l’Éducation nationale réactive les fantasmes d’une partie de la droite et de l’extrême-droite sur un prétendu enseignement de la « théorie du genre » à l’école, le premier congrès sur les études de genre en France se tient à l’École normale supérieure (ENS) de Lyon .
Deux des intervenants, Arnaud Alessandrin et Brigitte Esteve-Bellebeau, ont codirigé l’ouvrage collectif Genre !, publié en mai dernier aux éditions Des ailes sur un tracteur, spécialisées dans les publications LGBT.
L’occasion pour les deux chercheurs de mettre au clair un certain nombre de points qui continuent à faire débat, par exemple ce dilemme qui se pose aux défenseurs de l’égalité des sexes : faut-il refuser en bloc l’expression « théorie du genre » pour mieux contrer la propagande des croisés de la Manif pour tous, ou bien, comme le suggère le philosophe Didier Eribon, se «donner pour projet et pour tâche d’élaborer cette « théorie », à partir de nombreuses approches déjà existantes» ?
«Il n’y a pas une « théorie du genre », il y a des théories sur le genre, réaffirme Arnaud Alessandrin. Et une théorie, ce n’est pas une idéologie, contrairement à ce qu’essayent de faire croire les « anti-gender », qui se placent du côté du bon sens et du réel. Mais le genre, c’est bien réel !».
Les questions trans n’ont pas droit de cité à l’Université
S’ils ont incontestablement marqué des points dans l’opinion publique, les « anti-gender » n’ont, en revanche, pas réussi à intimider les mandarins de l’Université française : preuve en est le très vif intérêt suscité par ce congrès, qui, en quelques jours, a réussi à programmer plus de trois cent intervenants.
« L’intérêt pour ces questions s’élargit, mais à la marge », nuance toutefois Brigitte Esteve-Bellebeau :
« Il n’y a toujours pas un seul poste universitaire fléché « genre » en France».
«L’Agence nationale de la recherche finance très peu de travaux sur ces questions, qui continuent à susciter des résistances très fortes et restent perçues comme un sujet de recherche « à la mode »», renchérit Arnaud Alessandrin, qui déplore, entre autres, que les questions trans n’ont pas droit de cité à l’Université.
La critique se tourne même jusque sur la programmation de l’événement monté à l’ENS :
«Les thématiques queer et trans sont ainsi très peu abordées dans ce colloque», acquiesce sa collègue.
Congrès sur les études de genre en France, du 3 au 5 septembre à l’École normale supérieure de Lyon (7è arrondissement).
A lire sur heteroclite.org.
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