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Centrifugeuse de visionnage, summer of 2014 edition

Traumatisé par un été cinématographique 2013 en forme de Vietnam artistique, le 7e art mondial redresse gentiment la barre, sans trop forcer non plus. Nonobstant, quelques bons films se cachent dans ce flot de critiques classées par ordre chronologique.

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Centrifugeuse de visionnage, summer of 2014 edition

Dragons 2 de Dean DeBlois

La qualité d’un film jeune public se mesure notamment à l’attention qu’il suscite chez une horde de gamins furibards lâchés dans un multiplexe un début de soirée pluvieux, alors que les vacances viennent juste de commencer et que leurs parents ne souhaitent rien tant que deux heures de répit. Si la projection se conclut dans un silence de mort, le film est réussi.

Albert à l’Ouest de Seth MacFarlane

Encore sous l’ivresse du succès de Ted, le créateur des Griffin et d’American Dad revient dans sa zone de confort créatif : l’enfilade de sketchs gratuits, absurdes et occasionnellement gore. Il dilue ainsi sa meilleure idée – l’illustration du titre original, A Million Ways to die in the West – dans des digressions infinies, de désagréables relents scatos et sa vanité palpable.

Big Bad Wolves d’Aharon Keshales et Navot Papushado

Quelle raison a bien pu pousser Quentin Tarantino à couronner du titre de meilleur film de l’année 2013 ce torture porn au comique de répétition lourdaud ? En même temps, quel crédit apporter à un homme qui place Kick-Ass 2 dans son top 10 ?

Blue Ruin de Jeremy Saulnier

A ranger délicatement aux côtés d’Under the Skin dans la catégorie des films indépendants qui s’acoquinent dans les terres du cinéma de genre pour mieux se défiler vers un éther intangible, où la conscience du spectateur se noie dans le sens de la longueur.

Transformers : l’âge de l’extinction de Michael Bay

Le meilleur de la série, ce qui ne veut pas dire grand chose. Michel Baie tient bien sa première heure, avant de succomber aux charmes lascifs des agressions visuelles aléatoires. Le sidekick comique meurt carbonisé et son cadavre nous est montré sous toutes les coutures ; l’action se déplace en Chine comme ça, pour le fun ; le film s’interrompt subitement pour des placements produits insérés à la truelle ; oh, tiens, des dinosaures. Le tout étiré sur 2h30 exténuantes.

Ping Pong Summer de Michael Tully

Wes Anderson a encore fait un petit, et il n’est pas très beau.

American Nightmare 2 : Anarchy de James DeMonaco

Le premier film était un cas d’école dans le domaine du foutage de gueule : le high concept expliqué dans les premières minutes avec emphase, pour finalement ne jamais être exploité au profit d’un huis clos petit bras et mal branlé. La suite promettait de sortir d’entre quatre murs et de nous balancer au cœur d’un récit apocalyptique : faute de budget et d’intelligence dans le traitement, James DeMonaco nous offre Les Guerriers du Bronx made in 2014.

Boyhood de Richard Linklater

Un tour de force impressionnant, à la fluidité narrative remarquable, dont le message le plus cruel (mais juste) est d’établir Arcade Fire comme le Coldplay de notre temps.

The Raid 2 de Gareth Evans

J’ai 14 ans à nouveau, je regarde le Syndicat du Crime 2 de John Woo en mangeant des Curly de contrefaçon dans le salon familial.

Locke de Steven Knight

Une imposante bande démo pour le jeu intense de Tom Hardy, qui n’en avait pas vraiment besoin à ce stade de sa carrière.

La Planète des Singes : l’Affrontement de Matt Reeves

Singes ensemble, singes forts. Sauf en 3D, devant la caméra d’un faiseur déguisé en auteur.

Sharknado 2 de Anthony C. Ferrante

La standardisation mercantile du nanar n’est pas une bonne nouvelle. Elle signe le triomphe du cynisme sur l’ironie, des hipsters sur les geeks, de l’industrie sur la cinéphilie. Sharknado 2 est un cahier des charges mis à nu, qui pousse à trouver des qualités au premier film.

Colt 45 de Fabrice du Welz

Il y a un vrai bon film caché derrière ce produit remonté comme tel, derrière ces ellipses aveuglantes, ces fulgurances tronquées et ce Joey Starr au moins bourré. Le rêve de voir le director’s cut s’estompe à la seule évocation du nom du producteur a priori responsable – ne reste qu’à attendre les explications promises par le (talentueux) réalisateur.

Detective Dee 2 de Tsui Hark

Ne cherchez plus, voici le meilleur blockbuster de l’été – et la meilleure utilisation estivale de la 3D en bonus. Le gigantesque Tsui Hark s’extraie enfin d’années en sous régime pour expérimenter à nouveau sur l’action, les perspectives, les genres en eux-mêmes. Ce fou furieux, capable de transformer un divertissement balisé en foire aux incongruités esthétiques pertinentes, rappelle discrètement à quel point il nous avait manqué.

God’s not dead d’Harold Cronk

« Meet the star of the movie at your local church » : la tagline annonce déjà un gros niveau de prosélytisme, mais ce rouleau compresseur chrétien réserve néanmoins son lot de surprises. Déjà, celle de voir Kevin Sorbo et Dean Cain, Hercule et Superman télévisuels, camper les bad guys athées avec une conviction qu’on ne voit plus guère que chez les personnages tertiaires de Game of Thrones. La foi inextinguible des vrais héros, y compris celle de cet homme priant pour faire démarrer sa voiture, aura raison de la cruauté des infidèles lors du concert de rock chrétien final. Vous aussi, textez « God’s not dead » à vos amis à la fin du film pour passer la bonne parole.

Lucy de Luc Besson

Moins drôle et efficace que Limitless, dont il pompe allègrement le pitch, le dernier film de Luc Besson parvient presque à se donner l’air adorable lorsqu’il tente de faire croire que son auteur est capable d’écrire des dialogues intelligents.

Nos pires voisins de Nicholas Stoller

Parce que Nicholas Stoller a scénarisé les majestueux Get him to the Greek et Les Muppets, le retour, il lui sera beaucoup pardonné. Même cette comédie poussivement vulgos et son épilogue étrangement moralisateur.

The One I love de Charlie McDowell

Il ne faut surtout rien dire de cette jubilatoire itération d’un thème très à la mode en ce moment dans le cinéma fantastique lo-fi, si ce n’est, peut-être, que les deux acteurs principaux livrent des performances mémorables, que le script est malin sans se la péter, et que la réalisation s’approche dangereusement de la perfection.

A Haunted House 2 de Michael Tiddes

A gros défaut de réinjecter un peu de morphine dans les restes calcinés du genre parodique, cette comédie interminable s’impose surtout comme le combat permanent de son acteur principal, l’inexcusable Marlon Wayans, contre les excès de jeu imputables à la prise assidue de cocaïne et de marijuana.

Les Gardiens de la Galaxie de James Gunn

En fin de séance, des spectateurs de mon avant-première, venus en aréopage d’une enseigne de restauration, ont pu se prendre en photo avec la mascotte de ladite enseigne, devant l’écran projetant alors les images de baby Groot en train de danser sur les Jackson Five. À la suite de quoi, cet homme déguisé en hippopotame géant est venu me serrer la main. Cette poignée flottante – costume oblige – contenait à elle seule plus d’émotions que les deux heures écoulées.

Expendables 3 de Patrick Hugues

Théorie du complot n°6572 : et si le studio avait lui-même fuité le film sur les sites de piratage, trois semaines avant sa sortie mondiale, pour se dédouaner du possible échec de cette suite pour cause de nullité crasse ?

The Double de Richard Ayoade

La star de la sitcom The IT Crowd (et de l’injustement méconnue Garth Marenghi’s Darkplace) réalise comme il joue : de manière figée, inconfortable, avant de s’agiter vainement en espérant que ça fera sens.

Nos étoiles contraires de Josh Boone

Un tire-larmes relativement bien gaulé, contenant néanmoins la scène romantique la plus awkward de l’année : un baiser en plein musée Anne Frank, applaudi par tous les autres touristes présents.

22 Jump Street de Phil Lord et Chris Miller

Trop de méta tue le méta. À ce stade de clins d’oeil au spectateur, ce n’est plus de la référence, c’est du déni.

Enemy de Denis Villeneuve

Le genre de films qu’il faut voir deux fois pour tout assimiler, une fois la conclusion posée. À la deuxième vision, le doute n’est plus permis : Villeneuve est un cinéaste doué et versatile, qui a vraiment un gros, très gros problème avec les femmes.

Bad Johnson de Hugh Botko

Un dragueur invétéré émet le souhait de ne plus être guidé par sa bite. Le lendemain, il est exaucé : son membre a disparu, pour prendre la forme d’un être humain animé des pires traits de sa personnalité. Pour poursuivre son élégante métaphore filée, le film manque furieusement de burnes et s’épanche dans un récit moralisateur, tout en essayant de faire oublier son indécrottable idiotie.


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