Les soldats du participatif sont fatigués. Ça m’a frappé la semaine dernière, lors d’une conversation avec des journalistes web travaillant dans divers sites d’actualité. Pas des perdreaux de l’année, plutôt de ceux qui, depuis une décennie, expérimentent de nouvelles formes de relation avec leurs lecteurs grâce aux outils du numérique.
Des journalistes qui participent au débat dans les commentaires postés sous leurs articles. Qui en discutent sur Twitter après la parution. Qui en font la promotion sur Facebook auprès de leur cercle d’habitués.
Des journalistes qui continuent, tard le soir, à répondre aux e-mails des internautes, à corriger les erreurs que ceux-ci ont relevées ou à défendre le travail de leur rédaction quand il est injustement critiqué.
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Pèlerins
Surtout, des journalistes qui ont usé leur bâton de pèlerin, dans moult formations, pléthore de conférences ou de conversations à la machine à café. Pour tenter de convaincre leurs confrères plus traditionnels que non, les internautes ne sont pas tous des imbéciles et que oui, on peut les associer à la fabrication de l’information. Et que dans beaucoup de cas, on a même tout intérêt à le faire.
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Selon le fondateur du Post (repris par le Huffington Post) puis du Plus(l’antenne participative du Nouvel Obs), en gros, on a les internautes qu’on mérite.
D’accord, « il y a sur Internet un phénomène que l’on connaît depuis les débuts […] : la conversation est parfois rapidement accaparée par des hordes de dépressifs, assez peu nombreux, souvent insomniaques, pas forcément très malins, et qui franchissent plus vite que les autres le fameux point Godwin ».
« Si vous faites un effort, les gens aussi »
Mais « si vous faites un effort, les gens aussi. Les meilleurs osent s’exprimer, et les imbéciles reculent » :
« Le sujet est plus problématique sur les médias d’info générales à forte audience. Mais ce n’est pas ingérable. Cela demande de la pugnacité, de la stratégie, et de l’organisation. […]
En étant très présent dans les commentaires, en ne laissant rien passer, en modérant à priori sur certains sujets si besoin, en bloquant s’il le faut certains commentateurs, tirer vers le haut les plus prometteurs, les faire progresser pour faire basculer la qualité du débat.
Il suffit d’un petit groupe pour tout gâcher. Il suffit d’un bon noyau et d’une bonne modération pour faire des merveilles. »
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