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Il n’y a pas que le Front National à l’extrême droite, comme l’a rappelé le récent suicide de Dominique Venner. Mais aussi de nombreuses tendances aux croyances et valeurs pour le moins douteuses. Influencée par les « différencialistes » de la Nouvelle droite, une branche de l’extrême droite est fédérée autour du mythe nordique, un aryen préhistorique venu du froid.
Stéphane François, chercheur spécialisé dans les cultures radicales vient de publier un livre sur ce vieux fond idéologique : « Au-delà des vents du nord : l’extrême droite française, le pôle Nord et les Indo-Européens». Il explique que, si les études sur les Indo-européenes cherchaient d’abord démontrer l’existence d’une langue unique, elles ont ensuite servi à structurer l’idéologie d’une extrême droite morcelée et disparate :
» Dès 1819, les peuplades de la préhistoire eurasiatique parlant cette langue seront appelés « Aryens » par le philosophe allemand Friedrich von Schlegel. Si l’existence des Indo-Européens a été démontrée par les découvertes archéologiques, celle des Aryens relève en fait d’une invention de l’imaginaire anthropologique du XIXe siècle, le terme « anthropologie » devant être compris ici dans le sens d’une anthropologie physique, c’est-à-dire raciale… L’extrême droite identitaire a utilisé ces travaux scientifiques pour tenter de montrer qu’il existe une continuité ethnique et culturelle entre ces peuples de l’Antiquité et les Européens actuels, qui seraient leurs descendants en ligne directe. »
Au coeur de ce mythe, on trouve l’idée que les Indo-Européennes auraient une origine nordique et seraient descendus de l’Hyperborée, au pôle Nord:
« L’Hyperborée, dont le nom signifie le « pays au-delà du vent du Nord », est un continent mythique qui aurait existé au niveau du cercle circumpolaire arctique. Dans la mythologie grecque et dans les écrits du voyageur Pythéas de Marseille, le terme « hyperboréen » renvoyait à un peuple, mythique lui aussi, vivant aux confins septentrionaux du monde connu, peut-être l’Islande.
Ce mythe était très présent dans la littérature antique. Il le fut aussi par la suite chez des auteurs comme Goethe. A l’aube du XXe siècle, certains ésotéristes racistes firent de ce continent mythique le lieu de naissance de la race blanche et de la « tradition primordiale », une supposée connaissance transcendantale. «
Mais pour le chercheur, ces théories ne tiennent pas :
« Clairement, ces théories ne tiennent pas d’un point de vue archéologique et historique. Les identitaires cherchent à faire entrer de force les découvertes archéologiques, linguistiques et génétiques dans leurs théories. Parfois cela fonctionne, mais souvent cela donne une construction ouvertement artificielle. «
Cette idéologie reste minoritaire dans les milieux d’extrême droite, mais ne disparaît pas pour autant.
« Cette mouvance ne se développe pas, mais elle reste stable pour le moment. Son discours est quand même très radical. Par contre, elle n’est pas en déclin, et sa presse est plutôt dynamique et bien distribuée. »
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