Figures emblématiques d’une profession qui tombe en désuétude, ceux-là résistent. À Lyon, ils sont encore une vingtaine à refourguer livres, comics et BDs d’occasion. Comment ces vendeurs d’une autre époque s’adaptent-ils au marché ? Nous avons plongé dans un quotidien fait d’arrangements, de désillusions et d’idées pour survivre.
« J’ai des passionnés de médecine qui recherchent des vieilles étiquettes de médicaments interdits, genre sirop à l’héroïne. J’ai des collectionneurs de vieilles photos pornos et un fondu de vélo qui passe tous les jours. »
HERODOTE. La librairie Hérodote est idéalement placée, au beau milieu de la rue Saint Jean dans le très touristique 5e arrondissement de Lyon. La boutique exigüe est coincée entre un kebab et un vendeur de souvenirs qui propose les éternels tee-shirt I love Lyon. Jo, le bouquiniste, est un petit homme vif à l’oeil malicieux, un vieux de la vieille qui connait bien son job. Lire la suite.
« Cette semaine, la boutique a vendu pour 10 euros de livres. On a clairement basculé sur Internet. On a encore quelques habitués qui passent régulièrement, mais rarement de nouvelles têtes. »
PHILIPPE LUCAS. Sur le quai Pêcherie, la boutique de Philippe Lucas fait face aux boîtes scellées qui attendent les bouquinistes du weekend. Entre les deux, un no man’s land sépare ces deux « fronts » du livre. Une guerre ouverte ? Pas du tout, une cohabitation amicale et une saine concurrence régissent les rapports de ces voisins. Lire la suite.
« Je n’ai ni le brevet ni le bac ni le permis de conduire, j’ai même raté ma première communion. J’étais dans un trip soixante-huitard, j’avais les cheveux longs jusqu’aux fesses et le job ne collait pas vraiment avec mes idéaux de l’époque. »
BOUL’DINGUE. Serge Boissat, 58 ans, a ouvert la librairie Boul’Dingue en 1974. Ce qui fait de lui le deuxième plus ancien bouquiniste lyonnais encore en activité, derrière la librairie Diogène, situé à quelques dizaines de mètres de là. C’est un parfait autodidacte. Il est parti de chez lui à 17 ans, il a pas mal bourlingué et commencé à travailler dans une boutique de luxe. Rapidement, son patron lui propose de prendre la direction de trois magasins du groupe, en multipliant son salaire par cinq. Mais Serge refuse. Lire la suite.
« Il y a des jours où j’ai l’impression de passer mon temps à acheter. Aujourd’hui, les gens ne cherchent plus de livres, ils s’en débarrassent ».
MARKUS LEICHT. À proximité de la place des Terreaux, Rue d’Algérie, une petite librairie mal éclairée et silencieuse, l’une des dernières du 1er arrondissement. Markus Leicht, 63 ans, a ouvert la librairie Temps Livres il y a 27 ans avec un ami. Il s’est spécialisé dans la science-fiction et les comics en import. Depuis un an, il est seul à gérer la boutique et travaille 7 jours sur 7, 80 heures par semaine. Dans la réserve, des centaines de comics attendent d’être triés, par ordre alphabétique. Un travail colossal qui ne pourrait se faire sans l’aide de certains clients réguliers. Lire la suite.
« Le métier de bouquiniste est difficilement conciliable avec une vie de famille, et ce n’est pas non plus un métier où on fait fortune. »
VALÉRIE DUGUÉ. Pour trouver une jeune bouquiniste à Lyon il faut se lever de bonne heure. C’est finalement Jo, de la librairie Hérodote (ni le plus jeune ni le plus féminin) qui, en cherchant bien, nous a signalé la présence de cet rareté dans le monde des bouquinistes. L’occasion à ne pas rater pour conclure une série de portraits qui commençait à sentir un peu trop fort la testostérone. Lire la suite.
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