Par Damien Renoulet et Laurent Burlet
Ce 16 avril, l’organisme en charge de la qualité de l’air, Air Rhône-Alpes, tirait le bilan de l’année 2013. Alain Chabrolle, président d’Air Rhône-Alpes, en a remis une couche :
« Un sur deux rhonalpins envisage carrément une action individuelle en faveur de l’amélioration de la qualité de l’air ».
Record de pollution pour Lyon
En l’état, difficile pour Air Rhône Alpes de dresser un bilan positif sur l’année 2013. La seule éclaircie vient de la pollution qui baisse continuellement depuis une dizaine d’années. En revanche, le taux d’ozone (O3), lui, reste stable. Constat identique pour les niveaux de dioxyde d’azote (NO2) et de particules fines (PM10 et PM2,5) équivalents à ceux de 2012.
En grattant un peu, les chiffres sont beaucoup plus préoccupants qu’ils n’y paraissent. Ils dépassent allègrement les valeurs réglementaires dans l’agglomération lyonnaise. La zone est particulièrement touchée par un taux trop élevé de dioxyde d’azote dans l’air. En 2013, 36 000 habitants ont subi des dépassements de la valeur limite annuelle, une situation comparable à 2012.
Un quart de la population de la région Rhône-Alpes est concerné par des taux d’ozone trop élevés.
Quant aux fameuses particules fines, le constat s’avère tout aussi manifeste : la pollution de 2013 est supérieure à celle de 2012 en termes d’exposition des populations aux particules PM10. La principale raison ? Une exposition bien plus forte des agglomérations lyonnaises, savoyardes et de la Vallée de l’Arve. 150 000 personnes ont ainsi subi des dépassements de la valeur limite annuelle.
Conséquence : toutes zones confondues, la région Rhône-Alpes a connu 83 journées pour lesquelles un dispositif d’information ou d’alerte a été activé. Dans 90% des cas, ce sont les particules fines qui sont à l’origine de ces activations. Le record revient à la région lyonnaise, comme on le voit dans le graphique ci-dessous.
Amende salée à l’horizon pollué
L’Union européenne ne tolère que 35 jours pollués par an. Ce sont les directives. En dépassant les seuils définis par l’UE, la France est sous la menace de sanctions financières.
Comme elle, 16 autres pays européens se trouvent également en contentieux. La Belgique et les Pays-Bas viennent d’être condamnés à 10 millions d’euros d’amendes cumulées à des astreintes journalières. La France, elle, a déjà reçu plusieurs avertissements. Elle s’expose à des amendes conséquentes (peut-être dès cette année) – au moins 100 millions d’euros la première année et 85 millions d’euros les années suivantes – si les plans d’actions instaurés ne permettent pas de respecter rapidement les valeurs réglementaires.
Le service de l’Etat en charge du dossier, la DREAL, en collaboration avec Air Rhône-Alpes, compte mettre en application d’ici 2016 des mesures afin de lutter contre la pollution de l’air à l’échelle de la région.
Un manque de moyens financiers et de contraintes réglementaires
Quatre plans de protection de l’atmosphère (PPA) destinés à lutter contre la pollution atmosphérique viennent en effet d’être signés en Rhône-Alpes. Ceux-ci concernent les bassins lyonnais, grenoblois et stéphanois, auxquels il faut ajouter la vallée de l’Arve (Haute-Savoie).
Marie-Blanche Personnaz, directrice générale d’Air Rhône Alpes, regrette le manque de contraintes des PPA pour agir sur les principales sources de pollution aux particules fines, le transport routier et le chauffage individuel au bois non performant.
La directrice d’Air Rhône-Alpes rejoint les critiques formulées par l’association grenobloise ADES. Pour elle, les moyens financiers et les actions ne sont pas en adéquation avec des résultats escomptés pour 2016. Elle rappelle aussi que l’organisme qu’elle dirige avait préconisé des mesures réglementaires et non de simples incitations, notamment en matière de chauffage au bois :
« On peut douter de l’efficacité de certaines actions si elles ne sont pas contraignantes. On peut recommander de changer de cheminées si elle ne sont pas performantes. Mais cela aurait été plus efficaces si on avait mis en place un arrêté préfectoral les interdisant ».
Marie-Blanche Personnaz déplore également l’absence de moyens financiers en face des actions. Pour l’instant, seul le PPA de la Vallée de l’Arve dispose, à titre expérimental, d’un fonds de 800 000 euros pour aider les ménages à s’équiper de cheminées ou de poêles performants. Elle dénonce enfin le report sine die des zones d’actions prioritaires pour l’air (ZAPA) qui prévoyaient de restreindre l’accès des véhicules diesels les plus polluants.
Les Rhônalpins pourront-ils enfin respirer à pleins poumons ? Peu de chance, mais réponse en 2016.
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